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Accueil du site > Actualités > Société > L’hôpital disloqué !

L’hôpital disloqué !

Titre violent pour une situation violente ! Il résume bien la situation que vivent de l’intérieur les personnels exerçant dans cette institution que l’on penserait sacralisée.
Vous connaissez l’hôpital, œuvre des siècles passés, ce lieu d’accueil, cette maison hospitalière où l'on recevait des voyageurs, des pèlerins, des indigents, dont le but initial fut de porter secours aux plus démunis. Un hôpital public Français qui fait l’honneur d’un pays, qui sert d’exemple aux autres. Un hôpital qui sait accueillir, qui offre le sourire apaisant d’un personnel dévoué, motivé, passionné par le service qu’il peut rendre à une population en souffrance. Mais pour combien de temps ? Est-ce toujours le cas ? De réforme en réforme le sourire s’estompe, le dévouement se délite, la motivation s’égare, la passion s’externalise !
 

L’hôpital s’immerge lentement dans l’économie libérale, libre échangiste, mondialiste.

L'hôpital est disloqué entre l'éthique et la dictature financière :
Le Comité Consultatif National d’Ethique (CCNE) pour les sciences de la vie et de la santé a eu à se prononcer sur « les enjeux éthiques de la contrainte budgétaire sur les dépenses de santé en milieu hospitalier »[1].
« Sur quels critères peut-on fonder une décision équitable lorsqu’il s’agit de choisir entre deux impératifs souvent contradictoires : préserver la santé d’un individu et gérer au mieux celle d’une communauté de personnes ? »
 
Sur la tarification à l’activité, le CCNE est très clair : « le concept de rentabilité ne peut s’appliquer à l’hôpital de la même manière qu’à une activité commerciale ordinaire ».
Le CCNE recommande « de se réinterroger sur la mission primaire essentielle de l'hôpital. Celle-ci a en effet dérivé de sa mission originelle d'accueil de la précarité et de la maladie, puis de sa mission de recherche et d'enseignement, vers la situation actuelle qui fait de plus en plus de l'hôpital un service public, industriel et commercial qui a pour conséquence de déboucher sur un primat absolu donné à la rentabilité économique, au lieu de continuer à lui conférer une dimension sociale. »
Enfin, le Comité d’Ethique recommande de s'assurer du maintien du lien social pour éviter que la personne ne sombre dans l'exclusion une fois le diagnostic fait et le traitement entrepris. Il conclut ainsi : « Quelle logique est à l'œuvre, si le succès médical est suivi d'une mort sociale ? »
 
Mais rien n’y fait ! C’est cette mort sociale que j’aborde dans un livre de 228 pages[2]. On ne se rend pas compte de l’envers de ce décor où le sourire d’une infirmière peut prendre l’aspect d’une seringue.
Pour atteindre cet état, pour contraindre les acteurs hospitaliers à livrer l’hôpital aux lois du marché libre et concurrentiel, deux outils sont d’ores et déjà opérationnels ; le contrat d’objectif et l’évaluation. Ce binôme ravageur, complété par un arsenal de primes et d’intéressements, contraint le directeur à se soumettre ou à se démettre ! La nouvelle gouvernance est en marche. Les nains jaunes sont en place ![3]
 
Le travail est disloqué. Sa rémunération est disloquée. Ses contrats sont disloqués. L’hôpital est disloqué. En fait : tout est disloqué et j’ose quelques réponses pour réparer la qualité des soins, mais aussi et surtout pour préserver la santé de celles et de ceux qui sont chargés de celle des autres.
 
Bonne lecture.


[1] Avis n°101 du CCNE du 28 juin 2007.
[2] Denis Garnier « L’hôpital disloqué » éditions Le Manuscrit -2011- sur amazon.fr, chapitre.com, etc. ou commande directe dans votre librairie ou en version numérique directement chez l’éditeur.

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18 réactions à cet article    


  • Jean Eymard-Descons 4 octobre 2011 10:22

    Vous êtes excessif sur la forme, mais malheureusement conforme à la réalité sur le fond...

    Le pouvoir en place organise le transfert des fonctions régaliennes de l’Etat (éducation, santé, sécurité et justice) vers le secteur privé.

    2012 : peut-être pas la fin du monde, mais l’occasion d’en changer !


    • Kalki Kalki 4 octobre 2011 15:45

      Vous savez combien coute la fabrication d’une petit pillule rien du tout

      combien vous la payez, beaucoup trop

      combien vous payez les firms, et les intermédiaires

      beaucoup TROP !

      vives les médicaments libre, la médecine libre, et on vire les docteurs, et les pharmaciens, et les autres :)

      c’est bon pour la croissance


      Il faut absolument virer les docteurs, et tout le personnel de la santé !


      Ils sont beaucoup moins bon que des machines

      entre une chirurgien ou une machine, il faut préférer une machine

      entre un généraliste ou une machine, il faut préférer une machine


    • Bulgroz 4 octobre 2011 10:30

      Les pays de l’OCDE consacre en moyenne 5,8% de leur PIB aux dépenses publiques de Santé.

      La France 7,5%, l’Allemagne 7,8%, les USA 7,2%.

      En France, ce sont les 35 heures qui ont disloqué l’Hôpital Public.

      +197 423 fonctionnaires de plus (+27,5%) au titre de la fonction publique hospitalière

      Le effectifs de la fonction publique hospitalière sont passés de 717 739 en 1982 à 915 162 en 2003.

      Alors qu’au même moment, la population Française augmentait de 11,3%


      • Taverne Taverne 4 octobre 2011 10:38

        Votre présentation des données est un peu tendancieuse. Vous écrivez : « En France, ce sont les 35 heures qui ont disloqué l’Hôpital Public. » Puis "Les effectifs de la fonction publique hospitalière sont passés de 717 739 en 1982 à 915 162 en 2003." Vous semblez ainsi attribuer le résultat aux 35 heures, or vous prenez pour référence une période datant de 1982, donc bien avant les 35 heures. Non pas que je défende la façon dont les 35 heures ont été appliquées dans la fonction publique hospitalière mais il conviendrait que vous argumentiez de manière plus pertinente. Quelle augmentation est liée directement aux 35 heures ? Quelle augmentation aurait eu lieu de toute façon sans les 35 heures ?


      • Bulgroz 4 octobre 2011 10:48

        sur les 197 423 fonctionnaires de plus dans la fonction publique hospitalière, 147 000 sont dus au passage aux 35 heures.


      • Garnier Denis Garnier Denis 4 octobre 2011 16:14

        En fait ce sont 45.000 emplois qui ont été créés dans les hôpitaux du fait des 35 heures sur 3 ans, 2002, 2003 et 2004.
        Chiffres de la DRESS rapport n°35 octobre 2003
        http://www.sante.gouv.fr/IMG/pdf/serieetud35.pdf


      • Bulgroz 4 octobre 2011 18:30

        Cette étude de la DREES a été réalisée entre novembre 2002 et février 2003, à partir de dix-sept établissements de soin.

        Ainsi que le montione ce rapport : « Un bilan complet pourra vraiment être dressé lorsque la phase d’adaptation transitoire sera passée, cette première synthèse ayant été réalisée de façon très précoce . »

        La question reste posée de savoir pourquoi l’augmentation des effectifs (+27,5%) est elle supérieure à l’augmentation de la population (11,3%) ?

        Ce n’est donc pas sérieux.


      • GLANDU 4 octobre 2011 10:35

        oui, il faudrait remettre au coeur de la réflexion, la nation.
        La nation n’est pas une marchandise.
        Que les Français s’engagent autour de la France.
        2012 peut être une grande première marche.


        • penajouir penajouir 4 octobre 2011 10:38

          Heureux le riche car, après une visite chez son protologue, il pourra faire les magasins avant d’aller se faire retirer les hémorroïdes dans une clinique spécialisée dans le trous du cul et être en partie remboursé par la mutuelle privée du frère de notre président bien aimé …


          • Robert GIL ROBERT GIL 4 octobre 2011 11:10

            La mort de l’hôpital public, au sens où nous l’entendons, est programmée. Elle
            est portée par ce mot d’ordre de la convergence entre le public et le privé, qui
            amène à introduire du privé dans le public et quelques règles « publiques » dans le
            privé pour parvenir à un système unique. Dans le même temps, le ministre annonce
            la diminution du remboursement des actes hospitaliers par la sécurité sociale, alors
            que les hôpitaux n’ont pas les moyens de fonctionner et que leurs missions de
            service public ne sont pas reconnues. Lire :
            http://2ccr.unblog.fr/2011/07/12/comment-detruire-lhopital-public/


            • Lisa SION 2 Lisa SION 2 4 octobre 2011 11:20

              Bonjour GD,

              « On ne se rend pas compte de l’envers de ce décor où le sourire d’une infirmière peut prendre l’aspect d’une seringue. »C’est une très belle image fort bien résumée. c’est fou comme le rire d’une fille même au bout du couloir peut résonner dans un frisson vital.

              Par contre, le vampire qui vient prendre sons petit déjeuner dans vos veines le matin de bonne heure... !


              • Dieu 4 octobre 2011 11:44

                Verdict de Dieu :
                L’homme a sérieusement péché :
                -toute-puissance,
                -attrait pour les déviances, les désirs et autres consommations « consumantes » de la modernité,
                -lâchetés,
                -égoïsmes en tous genres,
                -soumissions sous l’apparence de libertés,
                -croyances infantiles dans la croissance et le progrès,
                -passivité,
                -culte du moi,
                -encouragement de la concurrence systématiques des ego,du culte de la perfection, de la performance,
                -et caetera, et caetera mes frères...
                Et maintenant, il va payer, en chier vilain... de cette mouise qui a un N.O.M. !
                Amen.


                • ffi ffi 5 octobre 2011 07:42

                  Merci, Dieu

                  Tout est déjà parfaitement synthétisé dans l’étude des péchés capitaux.

                  La compréhension des vices auxquels sont sujets les humains sont une merveille de réflexion injustement négligée.


                • jef88 jef88 4 octobre 2011 13:04

                  Augmentation des effectifs = OUI
                  OU , = dans les services administratifs

                  1968 6ou 7 bureaux dans un couloir + une secrétaire par service
                  2011 Un beau batiment administratif + 5 ou 6 secrétaire pas service

                  la dérive paperassière TUE !


                  • Kalki Kalki 4 octobre 2011 15:46

                    mangez des pruneaux, tout ira bien


                  • jymb 4 octobre 2011 22:39

                    Les personnels hospitaliers passent leurs temps à aller de comission en réunion, de cercle de qualité en suivi de protocoles de bonnes pratiques, remplir des saisies d’actes, de registres, des justificatifs d’avant, pendant, aprés soins, tracabilité ...bref des choses très sérieuses.

                    On ne va quand même pas en plus leur demander de prendre la main d’une grand mère agonisante !


                    • Muriel74 Muriel74 5 octobre 2011 08:00

                      La certification des établissements de santé, publics ou privés, tous les 4 ans,demandée par l’HAS est un gage de qualité d’un établissement ( la qualité : dire ce que l’on fait, faire ce que l’on dit, prouver que ce que l’on a dit a été fait) , mais il est terriblement chronophage et à la charge des établissements. D’où l’affectation de personnel administratif au détriment du personnel de soins, du personnel de soins engagé dans ces protocoles/procédures. Vous ne vous demandez pas pourquoi la durée moyenne de carrière d’un soignant est d’environ 12 ans, pourquoi les soignants frontaliers préfèrent travailler hors de France, pourquoi ce déficit chronique organisé de personnel de soins dans les services alors que la charge augmente, pourquoi le personnel du privé ( et pas du privé à but non lucratif) est mieux payé, enfin pourquoi tout est fait pour décourager les meilleures volontés. Le temps est toujours trouvé pour prendre la main, sauf urgence bien sûr smiley Il ne faut pas se tromper de cible en prenant les soignant , mais le but est réalisé : diviser


                    • ffi ffi 5 octobre 2011 07:47

                      La défiance généralisée provoque l’explosion du contrôle et de la paperasserie... Il faut bien que les managers, qui n’ont rien à faire d’autre que s’assurer de la qualité d’un travail qu’il n’effectue pas, et dont il ne savent rien, justifient leurs salaires.

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