L’immigration en question
Dans ses livres, Malika Sorel-Sutter, membre du Haut Conseil à l’Intégration, analyse les problèmes liés à l’intégration et critique la politique d’immigration pratiquée depuis des décennies. Au début de son analyse elle explique la distinction entre l’insertion et l’intégration. L’insertion correspond à la réaction spontanée de la plupart des immigrés venant d’une autre culture de se conformer aux normes collectives de la société d’accueil et de respecter les codes de ‘‘bien vivre ensemble‘’. L’intégration va plus loin. Elle est le résultat d’un effort et d’une volonté de devenir français. D’être intégré implique d’avoir le sentiment d’appartenir à la communauté française, et de se sentir concerné par le destin de la nation. « C'est un long processus qui, lorsqu'il réussit, aboutit à l'assimilation, concept qui a été victime d'un procès en sorcellerie tout à fait injustifié ! ».
On a tendance aujourd’hui à toujours considérer les immigrés d’Afrique comme victimes de la colonisation, et d’attribuer leur fort taux de chômage aux discriminations, alors que la difficulté des jeunes immigrés de trouver du travail est souvent à cause de leur comportement pendant les entretiens d’embauche : ils ne savent pas adopter la bonne attitude devant l’employeur. Il est inexact de dire qu‘il s‘agit toujours de discrimination. Ce discours de victimisation les déresponsabilise et les excuse de ne pas faire l’effort nécessaire pour réussir dans la société. « Nous devons rompre avec l'idéologie victimaire qui inspire toute notre politique d'intégration, et qui a échoué« .Au lieu d’encourager les immigrés à faire un effort d’intégration, nous nous engageons dans une politique d’accommodements, reculant devant leurs revendications, souvent incompatibles avec nos valeurs. Nous nous montrons plein de compréhension pour leur « droit à la différence », laissant s'implanter en France des communautés revendiquant des privilèges et s'excluant elles-mêmes de la nation. « Et elles restent, malgré les concessions, malcontentes, convaincues qu'elles sont discriminées parce qu'on le leur répète« dit-elle.
D’origine algérienne, Malika Sorel-Sutter se permet un regard critique sur l’islam. Elle critique notamment l’idée, chère à Tariq Ramadan, d’un »islam de France », quelle considère dangereuse et floue. En proclamant que cette religion très minoritaire est »la deuxième religion de la France » on laisse entendre que l’islam est français, et donc que la France est une terre d’islam. En conséquence les musulmans ont raison à exiger « toujours plus de dérogations aux us et coutumes, toujours plus de droits, et c'en est fini de l'intégration ! ». Un « Islam de France » supposerait une modernisation, une révision du Coran, une réinterprétation des sourates anachroniques, tout en supprimant d’autres comme la sourate V,56 « O vous qui croyez ! Ne prenez pas pour amis les juifs et les chrétiens … Celui qui les prend pour amis est des leurs. » Un islam modernisé et rendu ainsi compatible avec nos valeurs est peut-être possible à titre individuel, mais celui qui le fait serait condamné comme apostolat par l‘oumma. De toute façon, Madame Sorrel considère que chercher à faire un « islam de France » reviendrait à promouvoir le communautarisme :»C'est engager une politique d'accommodements dont la France ne peut que souffrir« .
Actuellement, dans les milieux politiques, on commence à réfléchir à la possibilité de réduire l’immigration. Peut-on, à la fois, supporter la charge du chômage et recourir à une immigration de travail massive ? Madame Sorel cite l’exemple de l’accord d’immigration de 2008 entre la France et le Sénégal d’accepter les ressortissants sénégalais dans 108 métiers, dont beaucoup ne sont pas très qualifiés et qui pourraient trouver preneurs par des français. Il faut, à l’évidence, mettre un frein à ce flux migratoire continu (200.000 personnes par an, sans compter les clandestins) qui est devenu une charge financière trop lourde, mais aussi un frein à l’intégration et un accélérateur de divisions communautaires. L’importance de ce flux nuit aussi à l'insertion des immigrés déjà installés en France. « Il faut aussi responsabiliser les parents de ces familles, dans l'intérêt de leurs enfants et de la France. On émet le vœu pieux, et totalement stérile, de "déghettoïser" alors que l'on sait pertinemment que cela n'est plus possible du fait du fort taux de natalité et des flux migratoires, et que, par ailleurs, les migrants eux-mêmes cultivent l'entre-soi et refusent de plus en plus de respecter le cadre culturel français. Donc réduire l'immigration de travail, mais aussi les entrées pour raison familiale est une urgence« .
La loi sur l’acquisition de la nationalité française est étroitement liée à l’immigration. Mme Sorel pense que la France est trop généreuse avec l’attribution de la nationalité. La loi Guigou du 16 mars 1998 a supprimé l’obligation aux mineurs nés en France de parents étrangers de demander officiellement la naturalisation : ils sont automatiquement français grâce au « droit du sol« . Ainsi, la France accord la nationalité à des personnes qui n’ont exprimé aucun désir de devenir français. Etre français veut dire être de culture française. La loi Guigou a réduit la nationalité française à un statut politique qui ne dit rien sur la culture ni sur les sentiments d’appartenance personnels. Dès lors, avoir la nationalité française n’est pas synonyme d’être français. Même si on est né sur le sol français. Normalement, celui qui est né en France et y vit, devient français de culture, mais pas toujours. Si les parents ne sont pas de culture française, il arrive que les enfants, même nés en France, ne le sont pas non plus. La loi Guigou sur le « droit du sol » est une aberration. Une poule qui naît dans une étable sera-t-elle une pouliche ? Il est plus que probable qu’il faudra, tôt ou tard, légiférer et revenir sur ce droit du sol, avec effet rétroactif. Il serait aussi souhaitable de mettre dans l’étable tous les Guigous et autres guignols qui nous dirigent.
Sur le même sujet voir l’excellent article de Paul Villach sur l’Agoravox du 19 mai 2011.
Réf. : Malika Sorel-Sutter - Immigration-Intégration (Mille et une nuits 2011)
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