La fin de l’héritage est une bonne décision pour le plus grand profit de nos enfants !
« Le premier qui, ayant enclos du terrain, s'avisa de dire : « Ceci est à moi » et trouva des gens assez simples pour le croire fut le vrai fondateur de la société civile. Gardez-vous d'écouter cet imposteur, vous êtes perdus si vous oubliez que les fruits sont à tous et que la terre n'est à personne. Quand les héritages se furent accrus en nombre et en étendue au point de couvrir le sol entier et de se toucher tous, les uns ne purent plus s'agrandir qu'aux dépens des autres. De là commencèrent à naître la domination et la servitude. »
Ces quelques phrases du discours sur « l'origine de l'inégalité » de Jean-Jacques ROUSSEAU, à la veille de la Révolution Française, étaient un sage rappel et apparaissent aujourd'hui comme un mauvais présage (qui s'est) réalisé. Les uns ne s'agrandissent qu'aux dépens des autres et de la domination naît la servitude.
L'égalité entre les hommes apparaît aujourd'hui comme un combat perdu, utopique, où les inégalités sont devenues en France et bien au-delà, un état naturel incontestable, aussi réel que l'eau le gaz ou l'électricité. De la République de PLATON, à « L'Utopie » de Thomas MORE, de BABEUF, d'Auguste BLANQUI, de Pierre-Paul PROUDHON, de Karl MARX, à ce qu'on m'a dit et des communistes jusqu'au socialiste Michel ROCARD qui, militant du PSU, revendiquait la suppression de l'héritage, la propriété et sa transmission furent toujours sujets de philosophie qu'il fallait approfondir pour combattre l'inégalité entre les hommes. Tous, hommes, penseurs, philosophes et hommes politiques, ceux-la même qui recherchent les moyens de réduire les inégalités, concluent à la nécessité de réformer la transmission de la propriété, pouvant même aller, comme PROUDHON, jusqu'à remettre en cause la légitimité même de la propriété privée.
La Révolution Française refonde le droit de propriété privée pour tous, afin de le substituer au droit seigneurial et féodal. La propriété est pour les révolutionnaires le tremplin de la liberté. C'est au prix d'un long travail que les révolutionnaires conçoivent la notion d'un droit de propriété privée suffisant pour fonder une économie libérale de marché.
Dans le « système ancien », la terre est le signe de la servitude, elle sera désormais le signe de la liberté.
Selon les constitutions révolutionnaires successives, « l'homme libre est celui qui ne dépend d'aucun autre, qui n'appartient à personne ». D'où le caractère « sacré » de la propriété privée révolutionnaire. L'évolution de ce monde voulu libre, conduit en fait à transformer le « tiers état » en une classe sociale, où comme par le passé, cohabitent dans la même inégalité, ceux qui possèdent (et) qui transmettent et ceux qui servent, (et) qui louent. La noblesse et le clergé, les plus gros propriétaires fonciers, surtout le clergé, vont perdre progressivement, et leur autorité et leurs terres au profit de ceux qui les remplacent aux affaires. Les nouveaux riches s'enrichissent et les pauvres poursuivent et accomplissent leur perdition.
La propriété privée de liberté
La terre, le sol, l'espace, mais également le fruit qui pousse sur la branche sont devenus domaine privé. L'homme est privé de liberté, privé d'aller et de venir, privé de sentir et de cueillir. La propriété privée est devenue un droit que nul ne peut violer sans prendre le risque de se retrouver dans une vétuste cabane. La Côte d’azur n’est-elle pas privatisée ? Il y a donc ceux qui possèdent le sol, ceux qui l'achètent, et ceux qui ne possèdent rien. A force d'échanges, de ventes et de reventes, certains paysages sont devenus de grands lotissements de plusieurs centaines de kilomètres où la nature est rongée par des cubes, des rectangles, des barres, des immeubles, des villas. On construit les pieds dans l'eau, sur l'eau, sur cette mer qui sera peut-être la prochaine conquête de l'espace, cette mer au bord de laquelle les accès se privatisent. Les campagnes deviennent le trop plein de la ville et les paysages exposent leurs pustules résidentielles. Comme disait Coluche ; « mais jusqu'où s'arrêteront-ils ? »
La propriété privée n'est plus vécue comme un accès à la liberté, mais se transforme en capitaux, symbole certes du libéralisme, mais un libéralisme bien éloigné de l'ambition révolutionnaire de liberté qui l'a fit naître. Figaro de Beaumarchais, pourrait à nouveau lancer : " Noblesse, fortune, un rang, des places, tout cela vous rend fier ! Qu'avez-vous fait pour tant de biens ? Vous vous êtes donné la peine de naître !"
Cette totale liberté de vendre et d'acheter, exercée par les riches propriétaires du sol, devient le moyen de dominer ceux qui n'ont rien, de les réduire à l'état de servitude par des loyers exorbitants ou par des prix de terrains insultant le bon sens. Cette évolution contre nature, contre la nature, permet au fil des décennies d'amplifier les inégalités au point d’observer bouche bée, les « sans abris » dormant dans leur duvet sur le trottoir des plus beaux immeubles libres de tout occupant. Le nouveau droit opposable au logement, est à peu près aussi efficace qu'une planche de coffrage pour contenir un tsunami, aussi efficace que l’ingénierie de la communication.
En 2007, selon le Ministère du logement, la France consomme chaque année pour se loger entre 55.000 hectares et 60.000 Ha de terres agricoles, soit l'espace agricole d'un département moyen tous les 5 ans, soit la surface totale d'un département tous les 10 ans. Le mètre carré parisien ne saurait se comparer à celui du département de la Creuse, de l'Ardèche ou bien encore à celui de la Gironde qui m'entoure. Ces hectares principalement arrachés à l'agriculture, sont le fruit de négociations privées dans lesquelles l'Etat n'exerce aucun droit, aucun pouvoir et « les uns s'agrandissent aux dépens des autres ».
Et maintenant ?
Il n'est pas nécessaire de remettre en cause la jouissance de la propriété privée, comme ont pu le faire les communistes en leur temps avec les succès que l'on connaît, où de partager l'assertion de PROUDHON « la propriété c'est le vol ».
Mais l'héritage sans plafond, sans contrainte, sans règle, nourrit la rente au détriment du travail, accentue les inégalités et fait naître de la propriété la domination et la servitude qu'appréhendait Jean-Jacques ROUSSEAU.
Figaro n'aurait pu dire : « L'enfant, s'est donné la peine de naître pour encaisser les loyers ! Que celui occupant les lieux travaille pour les lui payer ! »
Mais que faire ? Que pouvons-nous y faire ? Que doit-on faire ?
Point de Révolution où l'homme risque de perdre sa tête. Juste quelques évolutions pour hisser progressivement tous les hommes au rang de citoyens dignes, bien logés et bien instruits pouvant ainsi pleinement exercer leur liberté, leur citoyenneté.
Quelques propositions.
Les terrains sont récupérés par un grand service du logement de l'Etat aussi important que peut l'être celui de la sécurité sociale (mais sans déficit.)
· La transmission des biens est plafonnée (entre cinquante et cent mille euros par enfant ?)
· Les terres agricoles deviennent propriété d'Etat et sont mises gratuitement à la disposition des agriculteurs qui en tireront revenus.
· Le logement locatif est progressivement reversé dans le domaine public qui en fixe le prix et les évolutions.
· Le citoyen peut ériger une maison sur un terrain qui ne lui appartient pas et qu'il laissera à son décès. Elle est louée ou vendue par l'Etat qui indemnise les descendants.
· Seules les transmissions d’entreprises, des monuments historiques, le patrimoine protégé, et quelques ajustements nécessaires pour garantir le bien collectif, pourraient bénéficier d'un droit protégé visant à en faciliter la transmission.
· Et toutes autres mesures visant le même objectif.
En moins de cinquante ans, cette évolution de la propriété privée devenue précaire, n'offrant de liberté que pour la génération présente, gommera à terme la principale source d'inégalité entre les hommes et dégagera d'importants moyens pour donner à chacun de meilleures chances pour s'émanciper.
Les premiers profits permettront de loger un plus grand nombre de foyers dans des loyers abordables (30% du salaire) et d’utiliser une grande partie du reste à l’apurement de la dette de la nation qui coûte plus de 50 milliards d’euros d’intérêts par an !
La liberté révolutionnaire ne sera pas celle de la propriété mais celle de l'émancipation de l'individu par l’abandon de l’héritage.
L'Egalité, réhabilitée sur les frontons de la République, entraînera celle de la Liberté et de la Fraternité.
Et les enfants ? C’est vrai ça ! Vous y pensez aux enfants ?
Il est à souhaiter qu’ils aient pu réaliser leurs rêves avant d’attendre anxieusement l’héritage de papa et maman et les disputes qui vont avec !
Cet affichage justificateur de fonder ses décisions pour le bien être des enfants est d’une hypocrisie affligeante. Lorsqu’un couple choisit de bâtir une maison, ou d’acheter un logement pour y habiter, c’est pour être mieux logé, pour ne plus dépendre d’un propriétaire, pour donner une chambre à chacun des enfants, etc. Ce n’est certainement pas pour leur permettre de mieux démarrer leur vie !
Ensuite, il faut regarder le monde tel qu’il est !
Que laissons nous à nos enfants ?
Aujourd’hui nous leur laissons une planète polluée, asséchée, pillée de ses matières premières, qui va rapidement devenir inculte à l’agriculture. Nous augmentons les inégalités dans des proportions qui n’ont jamais été atteintes, sauf peut-être avant la Révolution Française. Nous laissons faire les banquiers maffieux avec la complicité des droites occidentales, à la tête des affaires qui pillent les Etats, et reportent la facture sur nos chers petits ! (1.500 milliards de dettes en France en 2010 sur 1.900 milliards de richesses produites - 50 milliards d’intérêts à payer par an sans rembourser le capital !)
Alors le « tout pour les enfants » est une foutaise qui ne masquera pas longtemps le peuple coupable d’inertie !
Vous êtes indigné !
Je suis acteur pour laisser à nos enfants un monde meilleur que celui qui m’a accueillit.
Gardarist
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