La galère des flics du « 9-3 »
2002 - 2012 : retour sur une décade heureuse pour la délinquance dyonisienne...
Depuis plusieurs dizaines d’années, les villes de Seine-Saint-Denis trustent régulièrement les premières places du classement national de l’insécurité. La faute aux ghettos urbanistiques créés par des architectes à la mode dans les années soixante-dix, avancent les tenants d’une vision dans laquelle la société est mère de tous les maux ; résultat d’un regroupement massif et volontaire de centaines de milliers d’immigrés dans un territoire hautement symbolique, celui où est dressée la nécropole des rois de France, à Saint-Denis, pensent d'autres.Emeutes urbaines, zones de non-droit, berceau du rap ultra-agressif à la « française » : le département n° 93 est au fil des années – et de l’incapacité généralisée de ses pépites à compter et s'exprimer correctement – le « 9-3 ». Expression ridiculissime aujourd’hui entrée dans les mœurs en même temps que dans la bouche des journalistes.
Heureusement, l’année 2002 allait voir la fin de ce cas d’école, potentiellement exemplaire pour les jeunes d’autres départements et banlieues défavorisés : Lucky Luke – Sarkozy, l’homme qui faisait des promesses plus vite que son ombre devenait ministre de l’Intérieur. Ce maroquin, utilisé comme marchepied à l’ambition présidentielle de l’impétrant, était alors censé lui permettre de faire montre de son volontarisme en matière de sécurité. Dix ans – et un mandat présidentiel – après, force est des constater que les protagonistes placés en première ligne, à savoir les policiers, conservent un goût amer de l’aventure…
Alors que leurs collègues du reste du pays opèrent à un policier pour 100 habitants, ceux de Seine-Saint-Denis font avec un représentant pour… 500 habitants ! Pourtant, les cités sensibles s’y comptent au nombre de 50, soit un quart du total national. Les interventions sont planifiées et orchestrées comme des opérations de guerre ; les assauts – complaisamment filmés depuis quelques années – ressemblent à s’y méprendre à des scènes de guerre ; les délinquants partent à la chasse au « keuf » comme autrefois les seigneurs à la chasse à courre : en meute ; les pierres et objets les plus improbables (réfrigérateurs, parpaings) tombent dru des fenêtres des barres d’immeuble sur tout ce qui porte uniforme : policiers, bien sûr, mais aussi pompiers, médecins, SAMU, etc. Quand par malheur, pour se dégager d’une situation périlleuse, les forces de l’ordre osent utiliser les méthodes mises à leur disposition par loi, un scénario immuable se joue : dénonciation d’abus de pouvoir, accusations de violences policières, marches blanches dégénérant en virée destructrice, représailles envers les policiers eux-mêmes et leur famille, ou contre des établissements publics généreusement construits – et reconstruits – avec l’argent du contribuable. Ajoutons le concert des bonnes consciences contre l’injuste procès moral fait aux délinquants par des policiers forcément tatillons, provocateurs et adeptes des contrôles au faciès, et l’on obtient le spectacle ubuesque de racailles plastronnant au pied de leur immeuble ou devant les caméras de télévision, tandis que les représentants de l’ordre public sont régulièrement jetés en pâture aux chiens de la horde journalistique et politique.
Souvenons-nous de la véritable guerre civile survenue dans toutes les banlieues françaises en 2005 : alors qu’après trois semaines de couvre-feu – du jamais vu en temps de paix ! – des dizaines de policiers avaient été gravement blessés ou de simples quidams assassinés par des racailles pour avoir osé s’interposer contre la mise à sac de leur quartier, le président de la République par intérim affichait partout sa satisfaction : pas de mort chez les « jeunes » ! Le spectre du syndrome Malik Oussekine s’éloignait… Evidemment, on ne fait pas d’omelette sécuritaire sans casser des yeux (sic), et les mirettes de quelques chérubins lanceurs de cocktails Molotov furent touchées par des balles de flash-ball – en caoutchouc donc – tirées d’un peu trop près : depuis cette date, les procès se suivent et se ressemblent, tous défavorables à ceux dont le métier est de protéger les populations honnêtes, innocentes et respectueuses de lois.
« Tant qu’il y aura des morts chez nous, tout le monde s’en fout ».
Tout à son désir de bomber le torse et l’argument sécuritaire à quelques mois de ce qu’il pensait devoir être sa réélection, le chef de l’Etat a nommé préfet du département Christian Lambert, aussitôt surnommé « super préfet », en raison de ses états de service : éphémère directeur du RAID, préfet délégué en Corse au moment de l’arrestation d’Yvan Colonna, puis directeur des CRS. Succédant à un Nacer Meddah nommé par Sarkozy en sacrifice rituel à la sacro-sainte Diversité, on pouvait attendre du nouveau préfet qu’il empoigne le Kärcher promis – et vite oublié – par son patron. En fait de super, les citoyens comme les policiers ont plutôt eu droit à du sans-plomb ! Flash-ball donc, gazeuses lacrymogènes, tonfas… Comme si la généralisation d’armes non létales allait suffire à effrayer des caïds ou délinquants lambdas désormais couramment dotés de fusils d'assaut.
Parmi les mesures les plus fantaisistes adoptées par le binôme Lambert – Sarkozy, l’implication de quelques dizaines de policiers roumains pour contrer la délinquance rom à Paris : il est vrai que l’expulsion avec prime de retour de 300€ de personnes amenées à revenir quelques semaines plus tard permettait de gonfler artificiellement les chiffres… Car qu’on se le dise, les garants de la sécurité des Français n’ont pas craint, au moment du bilan, de prétendre que la délinquance générale avait baissé ! Le « sentiment d’insécurité » théorisé par Jospin, revu et corrigé par la droite sarkozyste… C’est oublier un peu vite le développement prégnant d’une nouvelle tendance, difficile à quantifier par les chiffres, mais bien réelle pour les personnes concernées : désormais, on risque sa vie ou celle de sa famille pour une dénonciation de violences, de menaces ou de vol ; forcément, pour faire basculer les statistiques du bon côté, « ça aide » !
Quoi qu’il en soit, le super préfet aux ordres de l’omni-président s’est refusé, jusqu’au bout, à donner aux policiers de Seine-Saint-Denis les seules armes dont ils aient réellement besoin : l’autorisation de faire ce pour quoi ils sont formés, la latitude d’apprécier les situations potentiellement risquées pour leur vie et la possibilité d’y faire face avec des moyens proportionnés, jusqu’à la mise en place d’une présomption de légitime défense – inscrite au programme présidentiel du Front national et désespérément jetée à la mer de son naufrage par le futur-ex président, entre les deux tours de la présidentielle 2012.
Le FN, justement, est le seul parti politique à avoir évoqué sans fard cette exception française. Dénonçant la politisation d’une partie de la magistrature, incarnée par la politique de l’excuse sempiternellement en vigueur au Tribunal de Bobigny, Maître Wallerand de Saint-Just – membre du Bureau exécutif du Front national et avocat – fut ainsi le seul représentant politique à prendre ouvertement la défense des forces de l'ordre, dans un communiqué de presse paru le 26 avril dernier et regrettant le fait que « Les policiers et gendarmes sont (…) trop souvent injustement attaqués et dénigrés en lieu et place des auteurs des méfaits ». Cette réaction faisait suite à la mise en examen d’un policier pour homicide volontaire sur un délinquant multirécidiviste, lui-même armé d’un révolver et d’une grenade qu’il n’avait pu faire exploser, bien qu’il l’ait lancée en direction d’un véhicule de police.
On pourrait multiplier les exemples à l’infini ; alors : constante sociétale ou évolution irrémédiable ? Même s’il se trouvera toujours des adeptes de l’explication par le déracinement parental, le désœuvrement, le sentiment d’exclusion ou le rejet dont seraient victimes nos Talents de cités, la réalité paraît beaucoup plus simple à appréhender. Comme l’estime le criminologue Xavier Rauffer, de multiples exemples démontrent qu’il suffit souvent de mettre hors d’état de nuire une dizaine de petits caïds dans une cité pour que celle-ci puisse espérer redevenir paisible. Autre fait à porter à la contradiction d’un angélisme ambiant diffusé par quelques politiques et journalistes : les départements les plus pauvres de France se situent tous en espace rural, alors que la Seine-Saint-Denis est aujourd’hui quinzième au classement des plus riches. La thèse psycho-sociologisante prend donc du plomb dans l’aile… Mais les policiers du 93, eux, continuent à en recevoir dans la peau !
Remplacée par les robinets à subventions que sont devenus les ministères de la Politique de la ville ou de la Cohésion sociale et de l’Egalité des chances, la ferme volonté d’agir manque toujours aux dirigeants de ce pays, tous partis confondus. Et ce n’est pas l’arrivée de la gauche au pouvoir qui changera quoi que ce soit – sauf en pire – à la situation.
Sources complémentaires :
http://www.valeursactuelles.com/parlons-vrai/parlons-vrai/en-finir-avec-faux-diagnostics20120328.html
http://www.drmcc.org/IMG/pdf/4066d1acb41dd.pdf
http://saintdenis93.blog.fr/2012/02/16/delinquance-sans-frontiere-12805846/
http://www.nationspresse.info/?p=169012
http://delinquance.blog.lemonde.fr/2012/01/23/le-bilan-tres-politique-du-prefet-de-police/
http://www.huffingtonpost.fr/2012/04/25/seine-saint-denis-policier-homicide_n_1452679.html?ref=france
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