La police de proximité
INTRODUCTION
La sécurité quotidienne des citoyens, la tranquillité à laquelle ils ont droit dans leurs quartiers et dans leurs foyers, la protection de leurs enfants et de leurs biens, relèvent de la mission spécifique de la police.
Les phénomènes de l’insécurité qui changent souvent avec le temps, peuvent varier d’un lieu à un autre. Aussi, les services de police ont-ils l’obligation de concevoir leur organisation et leur action, en fonction de l’évolution et de la nature de la délinquance. Une police routinière, une police qui stagne, une police qui n’évolue pas avec le cours des événements, est une police condamnée à l’inefficacité et à l’impuissance.
Comme tout pays, le Maroc a également ses problèmes spécifiques de sécurité. L’augmentation constante d’une population galopante, l’exode rural et l’afflux vers les villes engendré par la sécheresse et un plus grand taux de natalité dans la campagne, le chômage d’une jeunesse de plus en plus désœuvrée et l’influence enfin des sectes religieuses, ont largement suscité, pour ne pas dire créé, un climat social favorable à la contestation, à l’explosion de la colère populaire et, partant, à une certaine tendance à la violence.
De nombreux citoyens déplorent aujourd’hui le climat d’insécurité qui règne dans certains quartiers des grandes villes où il est risqué parfois de sortir le soir et encore plus la nuit.
Encouragés par l’absence d’une police locale permanente dans les quartiers populaires notamment, cette jeunesse désœuvrée constitue souvent des bandes organisées d’agresseurs et devient maîtresse des lieux, déferlant la violence et instaurant un climat de psychose et d’insécurité.
La police n’est visible et plus ou moins permanente que dans les centres-villes, alors qu’elle est actuellement beaucoup plus indispensable et plus utile dans les quartiers populaires et les bidonvilles.
On a vu, il y a quelque temps, l’apparition temporaire d’une certaine police motorisée, baptisée par le public de « croissia ».
Pour tout le monde, ces unités avaient été créées pour le simple tape-à-l’œil et pour détourner l’attention, à la suite de la recrudescence de la criminalité à l’époque.
DEFINITION, DOMAINES ET OBJECTIFS
Le désintéressement de la population, la passivité des témoins potentiels, favorisent incontestablement la délinquance. La peur de dénoncer un malfaiteur, la crainte de perdre son temps dans les commissariats et éventuellement aux tribunaux pour témoigner, répugnent en effet beaucoup de gens. Plusieurs victimes de vols à la tire et autres méfaits renoncent même à signaler leurs préjudices, assurés à l’avance, qu’ils n’obtiendront aucun résultat. Il faut dire aussi que les témoins ne sont pas toujours sollicités pour apporter leur concours. Dans la plupart des cas, les policiers, pressés de conclure leur enquête, se contentent de passer en coup de vent sur les lieux des infractions, sans toujours faire un constat en bonne et due forme et sans trop chercher à obtenir sur place des informations et des indices susceptibles de les aider à se constituer des hypothèses valables, pour l’identification des malfaiteurs. Ne parlons pas du relevé des empreintes digitales, la police judiciaire ne dispose pas, surtout au niveau de l’arrondissement, d’un service et d’agents compétents d’identification.
L’absence de collaboration qui résulte d’un manque de confiance, pour ne pas dire d’un divorce entre habitants et police, profite bien entendu aux délinquants. Il va falloir, par conséquent, à l’avenir, reconvertir les esprits et opérer un véritable rapprochement entre citoyens et services de sécurité, en vue d’une collaboration utile et productive.
L’indifférence des habitants devant des situations qui nuisent à leur sécurité, à leur bien-être et à leur hygiène de vie, est un fait qui tend à devenir un phénomène généralisé dans la société marocaine. Or, une société qui refuse de se défendre est une société qui encourage la délinquance. Est-ce par manque de civisme ? Est-ce une simple question de culture de la citoyenneté ? Il appartient aux responsables, autorités, élus et associations, d’éduquer la masse populaire, de l’initier à la défense des intérêts locaux et de l’environnement.
Le quartier qui constitue une cellule sociale où un certain nombre de personnes vivent ensemble, se connaissent entre eux, ont les mêmes soucis et éprouvent les mêmes besoins, est une unité idéale pour une organisation et un travail efficace de police.
Il y a donc intérêt que police et habitants se rapprochent davantage, développent et établissent des liens étroits dans les domaines de la prévention et de la lutte contre la petite et moyenne délinquance. Les quartiers des villes doivent être investis en permanence et avoir un système de couverture bien étudié et adapté, qui met habitants et autorités à l’abri de toute surprise. La police doit savoir jour et nuit, ce qui se passe dans chaque rue et dans chaque immeuble de la ville. Cela n’est possible que dans le cadre d’une relation quotidienne et permanente avec la population. « Je suis pour une police fidélisée qui connaît tous les habitants par leur prénom et leur profession », a dit François Bayrou ex-candidat français à la présidentielle.
C’est là la définition même et la signification de la police de proximité, laquelle s’exerce auprès des citoyens, avec eux et pour eux.
Quelques nuances existent cependant en France entre
Pour Nicolas Sarkozy et la droite, les policiers ne doivent pas, par contre, faire un travail d’assistante sociale, mais se cantonner à leur mission de prévention et de répression et privilégier la culture du résultat. Mais cette conception du travail de la police n’exclut aucunement la collaboration et le partenariat. La police a besoin d’être aidée et informée. En plus de l’écoute quotidienne des citoyens, notamment les victimes, la police a intérêt à rester en contact permanent avec les autorités, les moukkadems de quartiers, les élus, les associations, les corporations, les gardiens de nuit et de voitures. Les gradés de police, responsables locaux, devront faire très souvent des tournées nocturnes pour voir ce qui se passe dans les quartiers et interpeller et orienter leurs subalternes.
S’approcher des citoyens, c’est aussi résoudre les problèmes dont ils souffrent : ces voyous qui harcèlent les femmes et les filles, ces adolescents qui jouent au ballon sur la voie publique et importunent les passants, ces ivrognes qui hurlent toute la nuit sous les fenêtres de citoyens qui dorment, ces tapages nocturnes causés par des baffles puissantes, installées à l’occasion des fêtes de mariage et orientées vers l’extérieur, qui tapent sur les nerfs des citoyens jusqu’à l’aube, sans qu’aucun service de police ne se manifeste ou n’agisse.
Combattre ces incivilités, c’est participer à l’apprentissage de la citoyenneté.
Empêcher les enfants d’endommager les voitures en stationnement, de salir les murs des maisons, de détruire et de détériorer les biens publics et privés, de piétiner le gazon des jardins publics, voilà une des missions qui rapprochera davantage habitants et policiers et fera de ces derniers des citoyens bien appréciés et estimés par le public.
Bien entendu, ce genre d’activité n’incombe pas aux seuls services de police. Tout le monde doit y prendre part : autorités locales, corps élus, corporations diverses, associations et bénévoles, le tout regroupé au sein d’un « conseil du quartier », sous l’égide de l’autorité locale.
Tout ce qui concerne la sécurité, la salubrité et la tranquillité du quartier doit être le travail et le souci de tous. Mais il appartient à l’autorité et aux corps élus d’organiser et de coordonner ce travail, avec la collaboration de la police et la participation active des habitants. Voilà le vrai sens de la citoyenneté.
ORGANISATION DE
D’une manière générale, tout le monde s’accorde à dire que les policiers doivent :
- bien connaître leurs terrains d’intervention ;
- être bien connus des habitants ;
- avoir une présence accrue sur la voie publique ;
- être généralistes, donc polyvalents ;
- être visibles et accessibles ;
- avoir toujours des objectifs clairs pour une action efficace (un programme ciblé, établi en fonction des circonstances du moment et du genre de délinquance constaté) ;
- faire une évaluation régulière de l’action entreprise ;
- être toujours tournée vers les préoccupations des habitants et rester à leur écoute.
Cela n’est possible, bien entendu, qu’avec l’existence d’une police de proximité.
Quelle que soit l’organisation de la sécurité publique d’une cité, on doit prévoir normalement un service de police de proximité dans chaque arrondissement, sans oublier ou négliger les quartiers périphériques de la banlieue source, la plupart du temps, des grands problèmes de sécurité.
En effet, l’exode rural draine des populations, de plus en plus importantes vers les grandes villes, lesquelles se sont étendues démesurément, ces derniers temps, avec l’implantation, à leurs abords de quartiers populaires et bidonvilles, très éloignés des centres-villes et par conséquent sous-administrés, voire pratiquement incontrôlés et incontrôlables.
Ces quartiers éloignés qui échappent aujourd’hui complètement à l’autorité de la police, servent de refuges à un grand nombre de malfaiteurs qui opèrent dans les centres-villes et ne reviennent dans leurs tanières que pour se reposer, cacher leurs butins ou se soustraire à l’action de la police en périodes de rafles et de contrôles.
Ces mêmes quartiers se sont également avérés comme étant des lieux privilégiés par certaines organisations subversives, notamment islamiques, qui trouvent en ces banlieues des planques tranquilles et une réserve humaine, de jeunes désœuvrés et marginalisés, bref des conditions favorables pour s’adonner librement à leurs activités d’endoctrinement et de recrutement.
La couverture policière de ces quartiers est donc, plus que jamais, nécessaire et indispensable. Et c’est là, où la connaissance de tous les habitants et de toutes leurs activités apparentes ou clandestines, doit être le premier objectif des éléments de la police de proximité, lesquels communiqueront tous les renseignements utiles aux services spécialisés.
Ce travail entre dans le cadre de la mission de prévention de la police.
Dans la plupart des grandes villes, les policiers ne sont présents, la nuit, que dans les commissariats et quelques rares postes de police et restent absents en dehors, laissant les champs libres aux « caïds », aux agresseurs nocturnes, aux ivrognes et aux drogués qui deviennent maîtres du terrain.
La police de proximité a pour mission d’investir tous les quartiers réputés sensibles et difficiles, de réaffirmer l’autorité de l’Etat, de faire baisser la délinquance, de redonner aux habitants confiance et le sentiment de sécurité pour leur permettre de circuler en toute liberté et quiétude. Tous les énergumènes, auteurs d’agressions nocturnes doivent êtres traqués et arrêtés.
Il ne doit plus exister non plus dans nos villes, des quartiers réputés comme étant des lieux de prostitution, des marchés pour la vente clandestine des drogues et des boissons alcoolisées.
Certains endroits de la ville sont plus fréquentés que d’autres. Il en est ainsi des rues commerçantes, des marchés, des terrains de sport, des gares routières. Ces lieux sont connus pour être des zones de prédilection des vols à la tire et à l’arraché, vols dans voitures, vols de cycles, etc. C’est cette petite et moyenne délinquance avec les atteintes à la personne qui inquiètent le plus les citoyens, parce que leurs auteurs restent, bien souvent, impunis. Pourtant ce sont presque toujours les mêmes qui agissent et recommencent. Avec une meilleure organisation sur le terrain et un peu plus de persévérance, de bons éléments de la police de proximité arriveront facilement à les mettre hors d’état de nuire.
Notons enfin que la grande délinquance, tels les crimes, le banditisme, la criminalité de sang, la subversion, les vols qualifiés, etc., restent de la compétence exclusive de la police judiciaire, concentrée sur les missions fondamentales de la police de recherche et d’investigation.
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