La vie sexuelle de l’homme s’arrête avec une petite retraite
Faute de grives, on mange des merles dit le proverbe, mais ce sont de vieilles pies dont doivent se contenter les hommes vieillissant qui n’ont pas les moyens financiers de draguer de jeunes beautés. Sinistre mais réaliste constat. Jean-Marc Reiser le faisait déjà remarquer il y a plus de trente ans quand il faisait dire à son personnage de Gros Dégueulasse : « C’est déjà triste d’être vieux et moche, ça l’est encore plus de l’être avec une femme qui l’est aussi » ! Quand on est fauché, la vie sexuelle s’arrête à 60 ans, pour les femmes cela commence bien plus tôt. Mais la libido est loin d’être raisonnable, vieux, bien que moche, bedonnant et fripé, l’homme a encore envie de se taper des taupes-modèles. Et c’est là que ses ennuis commencent. Un vieux, ça tire, c’est bien connu !
Bien évidemment, cet article ne s’adresse pas à des hommes mariés ou vivant en couple stable et installé qui tirent un coup de temps à autre avec bobonne qui a à peu près le même âge et ne ressemble plus à grand-chose depuis des lustres, mais à des célibataires, veufs, divorcés qui passé l’âge fatidique ont du mal à se trouver quelqu’un de présentable sans trop claquer de fric. Qui fréquenterait Alain Delon ou Johnny s’ils n’étaient que de simples retraités de la Poste incapables de compter en Kiloeuros) ? Certaines jeunes femmes disent cependant apprécier les hommes murs pour leurs qualités (il faudrait bien qu’elles définissent plus précisément lesquelles), mais resteraient-elles longtemps sous le charme d’un senior grisonnant qui les emmènerait en vacances dans un hôtel Formule 1 et irait manger dans un Campanile le menu à 14 euros ? Ce que l’on tolère d’un godelureau sans un rond devient très vite inacceptable venant d’un homme d’un certain âge. L’homme seul de plus de soixante ans et pour beaucoup cela commence même dès la cinquantaine s’ils ressemblent à peu ou pire à rien, doit assumer financièrement ou bien passer sur manuel avant de s’allumer comme aurait dit Alain Baschung. La sexualité des vieux couples n’est concevable que lorsque l’imagination fait défaut, que la routine s’est installée ou qu’il s’agit de piètres baiseurs de longue date qui se contentent d’un « missionnaire » au mieux bimensuel, avec une compagne avachie et flasque.
Alors, on peut aller aux putes, ou se payer l’assistance des call-girls. Malgré tout, le recours à la prostitution coûte cher à la longue, à moins de se satisfaire du très bas de gamme dans de minables hôtels de passes ou d’avoir la chance d’être fourni gratis par des hommes d’affaires influents du Nord-Pas-de-Calais. Et à plus de 60 ans, il vaut mieux éviter les Roumaines mineures et ainsi un procès qui peut vous ratisser vos dernières économies. Seuls ceux qui sont atteints d’un cancer métastasé peuvent se permettre de tripoter des nymphettes sans crainte de la prison, étant assurés d’une grâce médicale quand ils seront tombés. Mais le bracelet électronique, ce n’est pas l’idéal quand on est sous perfusion de méthotrexate en service d’oncologie. On peut certes se rabattre sur ce qui est tout à fait légal comme les thés dansants, les maisons de retraites et les clubs du troisième âge où se retrouve une surreprésentation féminine et où les petites vieilles s’arrachent les quelques mâles défraichis qui fréquentent les lieux. Mais là aussi, inutile de chercher des grives. Jadis la verge tombait rapidement en berne avec l’arrivée des premières rides, de nos jours avec la Révolution Viagra, l’érection reste possible à 80 ans. Le virage à 80 d’Henry Miller se fait de nos jours flamberge au vent. Encore faut-il trouver quelqu’un pour conclure et tremper son biscuit rassis dans une coupe de qualité. Quand on ne se satisfait pas de poires tapées au vagin sec faute d’imprégnation hormonale, la quête s’avère ardue sans cracher au bassinet.
Une présentatrice du JT, une chanteuse ou actrice ménopausée ne trouveraient pas preneur si elles n’avaient à la fois un compte en banque bien garni et la notoriété dans les médias qui attire les gigolos comme les mouches. La galanterie empêche de citer des noms, mais à moins d’avoir des tendances (pré)gérontophiles, les femmes de cinquante ans et plus n’intéressent que leurs maris, et encore. Heureusement pour elles, l’homme marié avec une femme de son âge reste souvent poli et routinier, mais certains divorcent tout de même pour trouver plus frais et surtout plus présentable que leur ancienne moitié. Chacun a encore en mémoire le cas Besson-Brunel qui fut l’occasion de la publication d’un pamphlet sur l’ingratitude du mâle face à « sa » ménagère de plus de cinquante ans. On parlait jadis du démon de midi, désormais les plus sages reluquent les beautés dans Lui ou Penthouse, quand ils ne matent pas du porno au bureau. Il faut que l’homme révise ses ambitions ; sans un budget conséquent, on ne ramène pas une couverture de Playboy dans son lit passé la soixantaine. Certains cependant commencent plus tôt leur recherche s’ils ont le malheur d’être en ménage avec des militantes écologistes castratrices en pull de laine écrue ou des féministes revendicatrices, qui ressemblent à des sacs informes bien avant la ménopause. Pour paraitre, homme et femme peuvent se rabattre sur des artifices, mais la chirurgie esthétique, le Botox, les liftings ne rajeunissent pas un homme, tout juste ces techniques permettent-elles momentanément d’être un peu moins laid.
Reste le tourisme sexuel, tant vanté par Houellebecq, dont le principal écueil pour les plus pauvres est le prix du billet d’avion et le séjour à l’hôtel. Mais là non plus, il ne faut pas s’illusionner. Que ce soit en Afrique, en Asie ou aux Caraïbes et en Amérique Latine, la liasse dans le portefeuille remplace le plus souvent bien plus avantageusement l’intensité des étreintes tarifées ou faisant semblant de ne pas l’être. Certains préfèrent importer, mais pourquoi une Malgache ou Mauricienne accepterait d’épouser un vieux paysan de la Creuse rencontré par Internet ou sur catalogue, si ce n’est pour sortir de la misère et éventuellement divorcer une fois obtenue la nationalité française. Vous allez me dire que ce raisonnement s’applique encore plus aux Schengen faces, ces thons qui se ramènent en Europe un beau Tunisien, Kenyan ou Sénégalais après des vacances passées sous la couette. L’image est peut-être un peu excessive et inadaptée, car la couette est inutile pour ne pas superfétatoire lors de vacances tropicales.
Le pire, c’est de se remarier avec une nouvelle compagne bien plus jeune qui désire un enfant. Car c’est l’enfant qui va souffrir avant tout, pas l’égoïste qui l’aura engendré. A la crèche ou à la maternelle, cela n’a pas encore trop d’importance, mais cela va se gâter dès l’école primaire. L’homme âgé, supposé retraité ira chercher l’enfant car l’épouse travaille encore. Et les gosses étant cruels et observateurs demanderont « Pourquoi c’est ton grand-père qui vient te chercher ? ». Quand ils sauront qu’il s’agit en réalité du père, les sarcasmes et quolibets vont pleuvoir, l’enfant étant en général un petit salaud conformiste qui ne supporte pas ce qui sort de la norme. « Le fils de vieux, le fils du vieux » chanté l’air des lampions par de petits morpions, voilà ce qui attend votre progéniture tardive.
Bref, baiser après 60 ans n’est pas une sinécure. Il faut à la fois être stoïcien, réaliste et avoir un minimum le sens de l’autodérision, mais surtout mettre de côté son amour-propre quand on veut continuer à tirer un coup. Reste alors les activités de substitution. Le soutien scolaire est un mauvais plan qui risque de vous faire traiter de pédophile et vous attirer les pires ennuis. Il vaut mieux s’adonner à des activités moins stressantes et plus dans les cordes du vieux Monsieur que vous êtes devenu. Ecrire des articles sur un forum sur l’aviation civile ou les fromages de Franche-Comté ou se mettre à l’herbier, au maquettisme ou à la philatélie à condition de ne pas y initier des jeunes filles, (ou de jeunes garçons, selon son orientation sexuelle). Cala dit, il faut vraiment avoir de l’imagination pour arriver à bander devant une photo de Cessna 172 Skyhawk ou d’une tranche de morbier. Et avec l’âge, cela va s’aggraver, il ne faut pas s’illusionner. Restent les gentilles filles fauchées, avec qui il faut se monter gentil et compréhensif, sans pour autant se comporter comme un exploiteur de la misère du monde. Les pères Thénardier de la braguette s’attirent rapidement de sérieux déboires.
Toute la relation sentimentale se transforme en conséquence en un échange de bons procédés, affection pas forcement feinte, reconnaissance contre sexualité, étreintes et câlins. Sexualité et esthétisme demandent donc un investissement lourd passé un certain âge et cela ne peut qu’aller en s’aggravant, de cette situation n’est uniquement abordable pour les « riches » à plus de 4000 Euros net mensuel de François Hollande. Etre considéré à la fois comme un riche et un vieux vicieux n’a donc rien de réjouissant. Même quand la compensation de l’acte fait passer l’amertume de la pilule et le débit sur le compte en banque. Les sentiments, partagés, c’est très bien, le romantisme, main dans la main au bord du lac, c’est encore mieux. Le réveil cependant intervient quand la jeune beauté à qui l’on a fait des confidences dès le premier rendez-vous, à qui l’on a parlé d’art et de littérature vous envoie en sms : « Je fais face actuellement à des difficultés financières. Je peux passer chez toi faire ce qui te plaira sauf te sucer la queue. ». Ce genre de texte ramène les pieds sur terre et c’est tant mieux. Le romantisme, ça ne nourrit pas sa femme, le pragmatisme replace dans la réalité.
Enfin, on peut toujours avoir recours à la poupée gonflable, elle ne sera jamais humiliante et blessante, mais les modèles haut de gamme coutent la peau de leurs fesses satinées, pas à la portée du minimum-vieillesse. Un vieux slogan pourri nous apprend que « Boire ou conduire, il faut choisir », il en est de même pour baiser et vieillir la plupart du temps le choix se décline sur le mode Canada Dry, avec un pitoyable ersatz, pour ne pas dire un trumeau. Cela dit, quand on en a les moyens, il vaut encore mieux être considéré comme un tiroir-caisse que de s’astiquer en solitaire en regardant des pornos. Pour les pauvres, la vieillesse est aussi un naufrage d’ordre sexuel.
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