Le cabillaud marche sur la tête
Le nombre de cabillauds dans les eaux de la Manche et surtout de la mer du Nord n’a pas été aussi élevé depuis de nombreuses années. Les pêcheurs souffrent actuellement comme les autres du fameux "pouvoir d’achat". Pourtant, en raison des quotas imposés par l’Union européenne, ceux-ci sont obligés de rejeter des cabillauds à la mer et de se priver de certains revenus. Vous avez dit paradoxe ?
Il y a quelques années, le cabillaud était en voie de disparition. Non, j’exagère un peu. Toutefois, le nombre de ses congénères se réduisait considérablement, d’où l’intervention de l’Union européenne qui a réduit les quotas pour les pêcheurs dans la mer du Nord (ou encore dans la mer Baltique pour les pêcheurs polonais).
Des quotas qui ont porté leurs fruits puisque, aux dires du ministre français de la Pêche, Michel Barnier, "le stock de cabillauds se porte beaucoup mieux". Ouf, se disent les pêcheurs. On va pouvoir pêcher un peu plus et ainsi augmenter nos revenus, aujourd’hui fortement plombés par la hausse du carburant. Eh bien, que nenni !
L’Union européenne refuse (pour l’instant) de revoir ledit quota à la hausse. Problème : celui fixé par l’Union européenne pour 2008 — 230 tonnes de cabillauds pour 200 bateaux du nord de la France — a été atteint dans les trois premiers mois de l’année et la pêche de ce poisson a dû s’interrompre.
Ainsi, il y a, d’un côté, dans les eaux de la mer de nombreux cabillauds qui ne demandent qu’à rejoindre les étals des poissonneries et nos assiettes et, de l’autre, des pêcheurs qui ne demandent qu’à faire venir les cabillauds dans nos assiettes, mais qui n’en ont pas le droit...
Le cabillaud, ennemi du pouvoir d’achat ?
Décidément, on tourne en rond. On se souvient encore de ces pêcheurs qui ont gentiment houspillé le président Sarkozy pour que celui-ci les aide à améliorer leurs revenus. Il faut dire qu’un bateau de pêche ne tourne pas à l’huile de colza... Hausse des charges, baisse des revenus... Dure la vie de pêcheur ! Mais, si Sarkozy n’a pas forcément pris de mesure visant à aider les pêcheurs, il ne peut pas grand-chose contre les quotas.
D’ailleurs, le gouvernement français s’est récemment adressé à la Commission européenne et espère encore une "réponse positive" de Bruxelles à sa demande d’augmentation en 2008 du quota pour les pêcheurs de cabillaud dans la mer du Nord, a indiqué le ministère de la Pêche.
"Nous espérons une réponse positive de Bruxelles en juin car nous avons fait la preuve d’une augmentation significative de la population de cabillauds dans la mer du Nord", a ainsi déclaré une porte-parole du ministère de la Pêche.
Les pêcheurs multiplient les actions
Mais, aujourd’hui, la situation semble bloquée... tout comme l’a été le port de Boulogne-sur-Mer à plusieurs reprises ou encore ceux de Calais et Dunkerque cette semaine.
Au mois d’avril, les fileyeurs des ports de Boulogne-sur-Mer, Calais et Dunkerque ont également lancé une opération cabillaud gratuit (près de 600 kilos distribués en une journée) pour dénoncer la réduction des quotas et montrer l’abondance de ce poisson dans leur zone de pêche. Et rebelote la semaine dernière... Si les conséquences sont plutôt appréciables pour le consommateur, ça ne fait pas avancer le schmililili, le schmilblick, pour les pêcheurs.
Un intérêt économique et écologique
Pourtant, un autre élément est à considérer : le cabillaud est surnommé par certains observateurs "le cochon de la mer". La raison : le cabillaud se nourrit de tout ce qu’il lui passe sous le nez. Les plus imposants sont même capables de broyer une coquille saint-jacques en quelques minutes.
Finalement, on peut donc dire que le cabillaud, à très grosse échelle, pourrait être nuisible à la faune marine. Un fait qui pourrait être mis en avant pour faire réagir l’UE. Car si les cabillauds, probablement autant que les carpes, sont muets, c’est de surdité dont font actuellement preuve les instances européennes...
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