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Accueil du site > Actualités > Société > Le Coaching : sa définition, son origine funeste, sa pseudo-doctrine issue (...)

Le Coaching : sa définition, son origine funeste, sa pseudo-doctrine issue du New Age, ses buts inavouables et son utilisation par les mouvements sectaires

Anthony Robbins, pape du coaching américain, exhortant son public à conserver sa "positive attitude" de "winners" au milieu de l'Enfer (tableau de Gustave Doré inspiré de l'Enfer de Dante)
 
 
 Il n’est désormais plus possible de ne pas avoir entendu parler du coaching tant cette discipline s’est développée en France au cours des trente dernières années. Et Pourtant, beaucoup semblent ignorer les tenants et les aboutissants d’une pratique qui a vocation à toucher de plus en plus de personnes, et ce dans le monde entier.
 
Il nous est donc apparu absolument nécessaire de traiter - de manière certes trop succincte pour un sujet qui mériterait un ouvrage entier -, dans un même article, de la définition, de l’origine et de la « philosophie » ou « doctrine » de cette nouvelle forme de « thérapie de l’âme ». De surcroît, nous ne pouvions ne pas évoquer son utilisation par les mouvements sectaires, et qui servira d’illustration à notre propos. En effet, le coaching (ou développement personnel) doit être envisagé sous tous ses aspects afin de pouvoir être appréhendé par le profane qui pourrait être tenté d’y voir seulement un moyen de « se sentir mieux », sans être en mesure de percevoir, derrière l’apparence inoffensive et positive du phénomène, sa profonde dangerosité.
 
 
Définition du coaching
 
 
Le coaching, vocable emprunté au domaine sportif mais avec lequel il ne se confond nullement, consiste en un accompagnement personnalisé visant à améliorer les performances et le « bien-être ». Les termes de développement personnel ou DevPersrecouvrent la même réalité et devront être tenus, dans le reste de notre démonstration, comme parfaitement synonymes.
Circonscrit dans un premier temps au domaine du management et de l’entreprise, lecoaching a désormais tendance à investir l’ensemble des activités humaines (ce que certains auteurs ont appelé « l’extension du domaine du coaching »).
 
Il est en effet possible de louer les services d’un coach afin de faire face à de multiples problématiques des plus courantes : arrêter de fumer, surmonter un deuil ou un divorce, séduire, vaincre sa timidité, préparer un entretien, appréhender une reconversion professionnelle… La liste n’est évidemment pas exhaustive. Le praticien ne se contentera pas alors de résoudre la situation de manière ponctuelle, mais délivrera un enseignement visant à la réalisation de soi et au bonheur dans tous les aspects de l’existence.
 
Enfin, il convient de bien avoir à l’esprit qu’il n’existe qu’une forme de Devpers même si celui-ci peut revêtir différentes apparences de surface. La « philosophie » coaching a un succès phénoménal auprès des professions paramédicales par exemple, c’est pourquoi il n’est pas rare qu’une multitude de disciplines, telles que la psychothérapie, l’hypnose, la médecine chinoise, le yoga, la chiropractie, le bouddhisme, le sport ou tout autre chose encore puissent servir d’accroche à son enseignement. Le corps de la pseudo-doctrine du coaching, que nous envisagerons dans un instant, se cache sous des apparences diverses et variées et il n’est pas possible de comprendre cette unité dans la multitude lorsque l’on ignore que le développement personnel procède en réalité d’une origine unique.
 
 
Figure emblématique de la discipline coaching : le cadre dynamique et épanoui
 
 
 
Ici, la figure du de l'homme successfull, récompensé de son attitude par l'argent
 
 
 
Archétype de l'imagerie coaching dans sa variante "totale harmonie avec son corps"
 
 
Utilisation par le DevPers de la représentation d’une méditation de type « bouddhique »
 
 
Origine du coaching
 
 
Le coaching est une pure émanation de la mouvance New Age. Cette « nébuleuse » mystico-sociale, née dans les années 60 à Esalen en Californie, peut se comprendre comme une fusion de mouvements « spirituels » épars, parmi lesquels le Théosophisme d’Helena Blavatski ou bien encore Le jardin écossais. Préside également à l’édification de cette pensée la récupération des travaux de Carl Gustav Jung, dont les théories vont servir de fondement au développement personnel actuel[1] (se connaître, valoriser ses talents et potentiels, travailler à une meilleure qualité de vie et à la réalisation de ses aspirations et de ses rêves).
 
Dans la grande ferme de Big Sur, siège de la mouvance, se croisaient pèle-mêle psychothérapeutes, artistes et scientifiques, principalement spécialisés dans l’étude des comportements et du cerveau. Tous se passionnaient pour les écrits d’Alice Bayley et la consommation effrénée de LSD (entre autres). Parmi eux, Richard Bandler et John Grinder, inventeurs de la programmation neurolinguistique (ou PNL)[2] que chaque coach se doit de maîtriser. Etaient également présents à ces réunions Abraham Maslow (la pyramide de Maslow est un must dans l’univers du management) et Carl Rogers, références incontestables pour la profession coaching.[3]
 
Il ne nous est malheureusement pas possible d’étudier plus en détails les origines de la mouvance New Age, ce qui ne manquerait certainement pas d’intérêt pour en démontrer la malhonnêteté, néanmoins, le lecteur désireux d’aller plus loin trouvera en annexe tous les éléments nécessaires.
 
 
Helena Blavatsky, fondatrice de la théosophie
 
 
Carl Gustav Jung, notamment inspirateur de la mouvance New Age
 
 
 
Pseudo-doctrine du coaching
 
 
Les initiateurs de la « philosophie  » New Age se proposaient de changer le monde, en transformant la psyché des individus (la création d’un « homme nouveau » est une constante de toutes les pensées totalitaires), afin de préparer la transition entre l’ère du poisson et l’ère du verseau[4]. Ce faisant, nous pouvons déjà constater qu’ils maniaient d’une manière profondément maladroite des données traditionnelles inspirées de l’astrologie dont ils ne connaissaient absolument rien, sur lesquelles nous ne pouvons nous permettre de revenir, préférant renvoyer le lecteur aux excellents ouvrages de René Guénon, Le théosophisme etL’erreur spirite[5], dans lesquels sont détaillées et démenties par le menu les élucubrations de ces occultistes de pacotille.
 
Il faut comprendre qu’il s’agit d’une « religion », centrée sur l’individualisme, parfaitement compatible avec la modernité et plus particulièrement avec le modèle ultralibéral.
 
Trois principes fondamentaux irriguent l’ensemble de la pensée New Age en général et celle du développement personnel en particulier : la transformation de soile syncrétisme et le relativisme.
 
La transformation de soi consiste à se mettre au diapason de la transformation globale. Les techniques permettant d’opérer cette mutation sont dites de « subjectivation ».
 
Le syncrétisme, constante absolue de toutes les spiritualités dites « postmodernes », est une conséquence du passage de la croyance de la sphère publique à l’intimité de la vie privée. Il s’agit pour l’individu de composer sa propre spiritualité en piochant çà et là les éléments qui semblent lui convenir. Ainsi le New Age consiste en une habile articulation entre données scientifiques (principalement physique quantique, cybernétique et psychologie mais on pourrait en trouver bien d’autres) et concepts spirituels (méditation, yoga, bouddhisme, christianisme… là encore tout est possible). C’est pourquoi le New Age se prête à toutes les techniques en accord avec cet holisme syncrétique telles que la PNL, la relaxation, la méditation, le rebirth et l’hypnose pour ne citer que celles-là. C’est aussi en raison de ce syncrétisme que le coaching peut prendre des formes si variées : sport, management, psychologie, techniques de communications interpersonnelles… Cette utilisation de données traditionnelles par ceux-là mêmes qui étaient les moins aptes à en saisir le sens (soit l’américain jouisseur des années 60) est à l’origine d’interprétations purement fantaisistes qui pourraient éventuellement être comiques si elles n’avaient pas une telle influence.
 
Le relativisme enfin, qui est à notre avis le nœud du problème (et qui a semble-t-il conquis la planète entière), est l’idée selon laquelle chacun de nous aurait sa propre réalité, mais encore que chacun de nous serait en mesure de créer sa propre réalité et d’en poser arbitrairement les critères et les lois. De ce relativisme personnel découle un relativisme moral, qui consiste en une acceptation inconditionnée des systèmes de réalité que chaque individu se sera créés (une absence d’esprit critique sur laquelle nous allons revenir). D’où l’impossibilité, pour un adepte du New Age, de se poser en juge d’autrui (le fameux : « comment oses-tu juger les autres ? » que l’on entend tout le temps) à une exception notable et systématique : il est obligatoire de juger négativement celui qui se refuse à adopter une telle posture ; cela explique pourquoi les gens censément tolérants sont en réalité les plus intolérants qu’il soit possible de concevoir.
 
De l’articulation de ces 3 principes fondamentaux du New Age - et donc par extension duDevPers - découlent deux corollaires dont l’étude ne peut-être ignorée : la tendance à undéterminisme absolu et l’exhortation à quelque chose que nous nommerions volontiers positivisme si l’expression n’était pas déjà prise et que nous appellerons par défaut « la positive attitude ».
 
Le déterminisme absolu pour commencer : L’Etre étant invité à se transformer pour s’adapter au monde et chacun étant en mesure de créer sa propre réalité, dès lors, il n’existe plus de problème en soi et ne subsistent que des problèmes personnels que le coaché devra résoudre en éloignant de lui les pensées « déviantes » qui le bloquent dans son développement et donc l’éloignent de la réussite, envisagée uniquement comme le succès dans le domaine professionnel. Afin de parvenir à cet objectif démentiel et égoïste de réussite au rabais, le « patient » devra répéter un certain nombre de formules, dont le fond est toujours ultra déterministe (« réussir, c’est croire en sa réussite » ; « échouer, c’est la peur d’échouer » ; « fais de ton rêve un objectif et il se réalisera » ; « il est possible de réaliser ses rêves par la seule force de sa volonté », etc.), empruntées aux papes du coaching américain et que ces derniers déclament devant des foules toutes acquises à leur cause à l’occasion de représentations démesurées (les coachs français ne sont jamais que des représentants de ces vedettes du DevPers). La justification de cette pensée magique s’appuie sur le modèle Switch ou la méthode Coué et s’inspire très largement des mantras, méthode dérivée de l’hindouisme permettant d’accéder à la béatitude, là où le coaching permet seulement d’atteindre, à notre avis, la « bêtitude » la plus profonde.
 
La « positive attitude » enfin est là encore une conséquence du relativisme et de la transformation de soi en ce sens que le sujet doit faire abstraction des conditions de sa réalisation et appréhender la réalité de manière à être « heureux ».
 
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Anthony Robbins, super star du DevPers (il prétend avoir guéri d’une tumeur au cerveau par la seule force de sa volonté), nous gratifiant d'un discours lénifiant et sans aucun sens. Image qui se partage beaucoup sur Facebook entre adeptes du coaching
 
 
Autre monstre sacré du coaching et exemple de discours ultra déterministe. L'homme est connu pour ses liens d’amitié avec Donald Trump
 
 
Non content de répéter comme des mantras les phrases creuses des gourous du DevPers, les coachs aiment également reprendre des citations d'hommes célèbres afin de s’approprier leur aura. Il s’agit en général de phrases creuses et sorties de leur contexte. Ici Mohamed Ali, musulman, ultra engagé politiquement, objecteur de conscience durant la guerre du Viêt-Nam. Apprécie-t-il de servir de porte drapeau au syncrétisme et au relativisme du New-Age, la réponse est évidemment non.
 
 
 
Même chose avec Albert Einstein. Lui qui en son temps remit en cause l'ordre de l'univers, est-il un bon exemple de développement personnel ? L'acceptation d'idées toutes faites n'étant pas à notre avis sa passion, il convient de répondre encore une fois par la négative.


 
Interrogeons-nous désormais sur le mystérieux succès de cette sous-spiritualité confuse, dans une époque où la transcendance est rejetée de toute part ; et les raisons de son incroyable popularité, par l’étude de ses objectifs.
 
Les objectifs du coaching
 
 
Il apparaît d’ors et déjà que le New Age, et son bras armé le coaching, sont en totale adéquation avec le système ultralibéral comme nous l’avons vu précédemment. Son objectif est donc de créer un être qui parvient à s’accommoder au capitalisme de marché, trouvant en celui-ci les moyens de sa réalisation personnelle et de son bien-être, et tenant cette pseudo-réussite pour un accomplissement d’ordre spirituel.[6]
 
Afin de bien comprendre ce que nous entendons par là, nous évoquerons deux aspects négatifs du monde moderne et les moyens par lesquels le coaching se propose de les appréhender, à savoir, la perte de sens des « métiers » et la misère des relations humaines.
 
Sur les conditions de travail pour commencer.
 
Le travailleur ancien était appelé au Moyen-Âge l’artifex. Il est une constante des civilisations anciennes que le métier permettait de participer à la Tradition à tel point que l’on a pu dire que « chaque occupation est un sacerdoce ». Le métier est conçu alors comme la manifestation et l’expansion de la nature de celui qui l’exerce, qui est tout à la fois l’artisan et l’artiste[7]. A l’inverse, le travailleur moderne doit faire face à un « désenchantement du monde », pour reprendre l’expression du sociologue allemand Max Weber. Les phénomènes de technicité accrue, de spécialisation et de taylorisme dépossèdent le travailleur du sens de son activité. Ce constat est encore plus vrai dans le cadre d’une économie postindustrielle ou le domaine du tertiaire explose. Les individus sont devenus des unités numériques parfaitement interchangeables.
 
Cette situation, à l’origine d’un profond mal-être, et dont les suicides anomiques ne sont que l’illustration la plus éclatante[8], doit être absolument niée par le sujet coaché. De tels questionnements sont pour le New Age des comportements totalement négatifs. Le coaché devra se transformer lui-même afin de s’adapter au monde extérieur, lever ses appréhensions en modifiant la manière dont il perçoit la réalité. Il faudra donc faire abstraction de cette perte de sens réelle afin de la remplacer par une nouvelle quête de sens qui est, sempiternellement, dans le cadre du DevPers, la réussite et la fortune. Peu importe les circonstances externes, il faut se réaliser (dans un sens purement matériel évidemment) à tout prix.
 
Concernant les relations humaines.
 
Le monde moderne est profondément individualiste. La disparition d’une certaine forme de solidarité et le culte du Soi sont à l’origine d’une grande misère affective et amoureuse. Pour le coaching, là encore, nos déceptions dans ce domaine proviennent non pas des autres mais de nous-mêmes. Il s’agira dès lors d’envisager l’autre comme un moyen de parvenir à nos fins. C’est d’ailleurs toute la philosophie du PNL : en observant le comportement de notre interlocuteur, il est possible d’influencer ses réponses et d’obtenir ce que nous voulons de lui, c’est-à-dire toujours notre réussite professionnel et le « bonheur ». Si la manipulation psychologique ne fonctionne pas, il suffira d’écarter cet autre de ses projets, de la même manière qu’il faut éliminer toutes les pensées et tous les discours « déviants » qui entravent la « réussite », graal absolu du coaching. De là des relations humaines totalement calquées sur le modèle du marketing et de la vente, et entièrement dénuées de spontanéité et de vérité.[9]
 
Nous constatons que cet état d’esprit parfaitement novateur, comme il n’en a absolument jamais existé, fondé sur des formules toutes faites et une macédoine de techniques disparates pseudo-scientifiques, est en définitive un processus de déshumanisation permettant à l’individu d’être en conformité aux besoins de l’entreprise moderne. Il constitue une médicalisation et une professionnalisation de l’existence. C’est pourquoi certains commentateurs n’hésitent pas à parler, à juste titre, de « bien-être totalitaire »[10]. L’humain doit augmenter sa rentabilité comportementale.
 
Profitant de l’absence de repères spirituels et moraux, le coaching s’insinue dans la société, et lui substitue une vision amoindrie du bonheur et de l’accomplissement. Sur le modèle du sportif, animal humain ayant développé au maximum sa force musculaire et qui est le héros éternel des mondes décadents, chacun de nous doit désormais rayonner du soir au matin, comme si la vie était une compétition. Il n’est d’ailleurs pas anodin de constater que l’archétype de l’Homme accompli, s’il est encore possible de parler d’Homme (sous-homme serait plus adapté), est celui du « winner » : costume impeccable, muscles bodybuildés et sourire carnassier.
 
Pour résumer, le coaching tend à l’avènement d’un être dénué d’esprit critique, devenant parfaitement adapté à une superstructure déshumanisée, niant toute espèce de Réalité autre que la sienne et qui n’envisage l’interaction humaine que comme un moyen de parvenir à ses fins, que sont le bonheur et l’argent. On comprend dès lors mieux le succès d’une telle religion dans un monde néolibéral. On comprend aussi pourquoi, dans une société dont l’objectif est de crucifier toute forme de spiritualité, le New Age est porté au pinacle et fait tant d’adeptes parmi les chefs d’entreprise, les hommes politiques et en règle générale toutes les professions particulièrement destructrices pour le vivre-ensemble, comme la spéculation boursière, la télévision… Mais au-delà de cette clientèle fortunée, le New Age séduit beaucoup de petits étudiants tendance baba cool, de jeunes cadres et de chômeurs. 
 
Le DevPers est une aliénation de l’humain, une religion ultra-simpliste, qui ne dit pas son nom et qui fait logiquement le bonheur des mouvements sectaires de toutes sortes.
 
 
Chaîne de montage de l'Iphone 5. Illustration de la "machinisation" de l'être humain. L'idéologie New Age et le recours aux méthodes de coaching de l'entreprise Apple ne sont plus à démontrer (que l’on songe seulement aux présentations de produits de Steve Jobs, surdoué du marketing et du management élevé au rang de prophète).
 
Image symbolisant le mal-être de l'employé du tertiaire face au "désenchantement du monde".
 

 
L’utilisation du coaching par les mouvements sectaires.
 
 
Nous tenons, avant d’aller plus avant dans notre démonstration, à opérer une distinction entre sectes religieuses au sens premier du terme et sectes New Age.
 
Les sectes religieuses, quelle que soit la forme traditionnelle qu’elles singent, ont toujours deux objectifs : le schisme[11] ou l’enrichissement personnel, ou un subtil mélange des deux. Dans tous les cas, ces sectes ne peuvent faire l’économie d’une hérésie, c'est-à-dire d’une déviance des doctrines dont elles s’inspirent, et qui sont souvent des vérités ésotériques incomprises.
 
Pour les sectes New Age, nul besoin de créer une hérésie, leur pseudo-doctrine et déjà un prêt-à-penser pour toutes les structures d’aliénation et le coaching est un moyen extrêmement efficace de s’assurer des adeptes serviles.
 
Parmi ces mouvements sectaires les plus célèbres nous pouvons citer la Scientologie, lesRaëliens, le Mandarom (et son messie cosmoplanétaire), la Grande Fraternité Blanche et toute une constellation de mouvances sur le mode psy. Nous renvoyons le lecteur désireux d’en savoir plus au rapport des commissions d’enquête parlementaires sur les sectes en France datant de 1995[12] qui, bien que d’une médiocre qualité au regard des moyens mis à la disposition des parlementaires, a le mérite d’exister et ouvre en tout état de cause de nombreuses pistes de réflexions.
 
 
Claude Vorilhon, alias Raël, grand adepte du New Age. Sa secte (parfait exemple de syncrétisme) est un mélange d'ufologie, de religion et de sciences (on connaît sa passion pour le clonage) et a fait sa fortune. La plupart de ses adeptes sont américains, population entièrement acquise à la religion du coaching.
 
 
 
Tom Cruise, célèbre scientologue, parfait exemple de l'homme accompli selon la définition du DevPers.
 
 
 
Gilbert Bourdin, messie cosmoplanétaire du Mandarom. Là encore un mouvement dans la plus pure doctrine New Age.
 
 
 
Si le caractère sectaire de ces mouvances ne fait aucun doute et est d’ailleurs considéré comme tel par les pouvoirs publics et la justice, il en est d’autres qui, de par leur nature, sont beaucoup plus pernicieuses et sournoises, preuve encore que le DevPers peut se cacher partout et nourrir tous les desseins.
 
Pour exemple le MLM (multi-level marketing), ou marketing par palier, plus connu sous le nom de vente pyramidale et dont Wikipédia donne la définition suivante : « forme d'escroquerie dans laquelle le profit ne provient pas vraiment d'une activité de vente comme annoncé, mais surtout du recrutement de nouveaux membres. Le terme pyramidal identifie le fait que seuls les initiateurs du système (au sommet) profitent en spoliant les membres de base. »
 
Outre le fait de faire miroiter des profits que 99,9% des participants n’atteindront jamais, les systèmes de MLM motivent leur force de vente par les méthodes du DevPers. En effet toute personne saine d’esprit comprend aisément que le fait de recruter à l’infini de nouveaux membres en faisant remonter les gains au sommet de la pyramide est non seulement une escroquerie, mais n’a également aucun sens, sinon l’enrichissement (puisque le produit que ces entreprises sont censées vendre n’est qu’un prétexte à l’édification de la pyramide), si bien que 3 situations doivent être envisagées  :
 
-  1ère situation : la personne se laisse convaincre par les démonstrations fumeuses des représentants de la vente pyramidale, débourse la somme nécessaire pour devenir à son tour vendeur, ne convainc personne, réalise qu’il s’est fait arnaquer et s’arrête. C’est grâce au nombre considérable de ces personnes abusées que le système prospère. Ils constituent le socle de la pyramide.
 
- 2ème situation : le vendeur se rend parfaitement compte que le système est une escroquerie, il est donc par définition lui-même un escroc et est complice des initiateurs de la pyramide. Il est certes malhonnête mais n’est pas dupe de ses agissements et demeure conscient de transgresser une norme fondamentale, à savoir l’interdiction du vol.[13]
 
- 3ème situation : et c’est là que l’analogie avec les mouvements sectaires prend tout son sens, le vendeur ne cherche même pas à savoir si le système est une escroquerie ou pas, mais voit seulement son intérêt et croit à l’argumentaire de la société, systématiquement basé sur les présupposés totalement délirants du coaching.
 
Pour mieux s’en convaincre, il suffit de se rendre sur les sites des revendeurs d’Organogold, entreprise supposément de vente de café aux vertus thérapeutiques exceptionnels (prévention du VIH , d’Alzheimer… ) et de lire leur argumentaire dont nous avons sélectionné quelques extraits probants (ces extraits proviennent de revendeurs indépendants mais ne varient pas d’un vendeur indépendant à l’autre, il est en effet impossible d’accéder au site sans faire partie du « réseau ») :
 
« Tout d’abord, il faut savoir qu’au début je ne connaissais rien au « Développement Personnel » jusqu’à ce qu’on me dise que c’est indispensable pour progresser au niveau du MLM »
 
« J’ai rapidement compris que le Marketing de Réseau est, de tout ce que l’on connait, le business dans lequel s’appliquent le mieux ces principes, parce que tous les revenus sont basés sur soi-même, sur le mérite et la création de valeur. Avec le Marketing relationnel, nous sommes payés en fonction de ce que nous valons mais pas obligatoirement en fonction de ce que nous faisons. » 
 
«  Dans le marketing de réseau, si nous avons un rêve, un objectif et si nous sommes prêts à travailler pour le réaliser, rien ne peut nous arrêter, sauf nous-mêmes. Pour ceux qui se sont construits avec une attitude pour se faire gouverner et qui ont choisi des solutions de facilité sans ambition : vous faites partie de ce groupe de personnes pour lesquelles il est préférable de passer votre route le marketing de réseau n’est pas pour vous » (note de l’auteur : c’est-à-dire tous ceux qui n’ont pas la même religion, les « loosers »)
 
- « Le markéting de réseau est une véritable profession (…) qui n’est pas ouverte à tous les esprits mais qui fait partie du monde que nous construisons, du monde de demain. Contrairement à « l’ordre mondial », à ses réductions d’effectifs, à cette compétition ou tout le monde se marche dessus, le Marketing de Réseau offre l’occasion d’entretenir et de renforcer des talents naturels et innés. Dans ce type d’affaire, qu’est le succès ? C’est la chance de se développer spirituellement, intellectuellement, émotionnellement et financièrement tandis que nous contribuons d’une façon positive au développement des autres. »
 
Les sites de MLM sont truffés de ces discours absolument délirants destinés à contredire les accusations d’escroquerie. Mais ce qui est inquiétant, c’est que le vendeur d’une chaîne pyramidale n’a plus conscience de faire quelque chose de profondément malhonnête et inutile, il est bien au contraire convaincu de « changer le monde », de s’accomplir et de former des leaders en appliquant à la lettre les injonctions du coaching. Voilà en quoi les entreprises pratiquant le MLM sont des sectes. Il faut bien comprendre qu’il n’y a là dedans rien d’anodin, le MLM détruit des familles et isole les individus. Le vendeur MLM convaincu, adepte du DevPers, éloignera de lui ceux qui essaieront de lui expliquer qu’il est engagé dans une arnaque et très vite, il ne sera plus qu’entouré des membres du réseau qui seuls le « comprennent », et qu’il considérera très vite comme une « nouvelle famille ».
 
 
Illustration du montage financier frauduleux de la vente pyramidale. Le MLM emploie massivement les méthodes de DevPers pour trouver de nouveaux vendeurs et escroquer de nouvelles victimes.
 
 
Enfin, en guise de conclusion, nous nous posons la question de savoir pourquoi de telles pratiques, destructrices pour la société et les individus, ne sont la plupart du temps réprimées que sur le fondement d’une très timide disposition du code de la consommation (L 122-6 et svt) qui prévoit une peine de seulement un an de prison. Pourquoi le juge français doit-il se contenter de la qualification de publicité mensongère pour punir les responsables d’ACN[14], plus grand groupe de MLM au monde ? Pourquoi la France, si prompte à engager des réformes pénales à chaque nouveau fait divers ne donne-t-elle pas les moyens aux juges de réprimer efficacement ces pratiques en adoptant une législation ad hoc ? Pourquoi permet-on à ces criminels de monter des structures toujours à la limite de la légalité lorsque l’objectif frauduleux ne fait absolument aucun doute ? D’où vient cette immunité si scandaleuse ? Serait-ce parce que le grand magna de la vente pyramidale n’est autre que Donald Trump, multimilliardaire américain et très proche de la mouvance DevPers, pressenti un moment pour l’investiture à la présidence des Etats-Unis ? La réponse à ces questions donnerait encore lieu à de multiples questionnements qui sortiraient largement de notre propos, qui touche maintenant à sa fin, et qui aura, nous l’espérons, ouvert les yeux du lecteur sur ces réalités omniprésentes mais malheureusement trop peu souvent comprises.
 
 
Couverture d'un des ouvrages coécrits par Robert Kiosaki, grand gourou du DevPers américain, et Donald Trump, magna incontesté du MLM.
 
 
 
 
Raphaël M.

 


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46 réactions à cet article    


  • ricoxy ricoxy 14 septembre 2013 10:47

    Le mot coach vient du français coche, emprunt à l’italien cocchio : chariot, carrosse, voiture. Mais le coaching, au lieu de nous mener en voiture, nous mène en bateau.


    • ricoxy ricoxy 14 septembre 2013 11:27

      De plus l’alliance entre l’ésotérisme (Héléna Pétrovna Blavatski, à l’œuvre touffue, Alice Bailey, pas facile à lire...) et la psychanalyse de Carl Gustav Jung (travail sur les rêves et les archétypes) ne me semble pas particulièrement heureuse. Mais il est vrai que Jung lui-même montait les thèmes astrologiques de ses patients.


    • Raphaël M. Raphaël M. 14 septembre 2013 12:35

      votre référence sur l’origine du mot coach est parfaitement exact. Cela fait partie des informations que j’ai préféré ne pas évoquer pour ne pas alourdir un article déjà fort long. Merci en tous les cas pour la précision. Bien à vous


    • ricoxy ricoxy 14 septembre 2013 15:48

      En tout cas, bravo pour votre article, bien documenté, et si utile en cette ère de « Kali-yuga


    • Bubble Bubble 14 septembre 2013 11:07

      Merci, c’est intéressant !

      Je ne suis pas certain qu’il faille lire le coaching comme sectaire, même s’il y a des cas d’escroqueries organisées.
      Pour moi, le coaching (+ les psys) est l’expression actuelle d’une société laïque pure, avec séparation de l’église (religion du peuple) et de l’état (religion du groupe).
      Dans l’empire romain, on avait ainsi le panthéon des dieux qui constituaient la religion d’état, avec des festivals et autres manifestations qui n’ont aucun sens à l’échelle individuelle, et les dieux de la maison, qu’on utilisaient pour gérer les problèmes personnels et qui n’avaient de valeur qu’individuelle.
      Idem dans l’empire chrétien avant les lumières avec un clergé chargé des rituels sans aucun sens concret (personne ne pouvait comprendre une messe en latin), et en parallèle l’adoration à une batterie de saints référents à tel ou tel aspect de la vie quotidienne.

      Aujourd’hui, nous avons une religion d’état irréfutable, les droits de l’homme et du citoyen et autres déclarations universelles du genre, qui permettent des festivités (exemple des « journées de ... », une liste ici, y’en a plein) et de donne aucun sens au niveau individuel (qui les applique concrètement ?). Au niveau individuel, pour pallier donc tous les petits problèmes et questionnements, nous avons donc le coach, le psy, le médecin spécialisé, l’assurance, les assistants, etc... autant de dieux de la maison contemporains.

      • Gollum Gollum 14 septembre 2013 11:18

        Bravo. 


        Vous montrez bien l’essence du New Âge qui n’est rien d’autre que la récupération des idées ésotériques traditionnelles, ceci au bénéfice de l’esprit mercantile, jouisseur, américain..

        L’idée est bien évidemment se surimposer, après l’idée de confort matériel qui commence à s’user, l’idée de confort psychique, psychologique, en essayant de tourner le dos à cette nécessité de la souffrance..

        Hors la Tradition ce n’est pas cela. C’est rejeter l’idée de bonheur comme celle de malheur, ou plutôt l’attachement à ces deux contraires..

        On voit donc la récupération du bouddhisme, notamment au Japon le Zen est ré-encouragé non pas en soi mais pour devenir plus performant en entreprise..

        Si l’on voit des récupérations diverses cela ne veut pas dire non plus que ce qui est récupéré soit forcément toxique. La psychologie de Jung notamment encourage nettement celui qui s’y adonne à se confronter avec son Ombre et tous les aspects désagréables de sa personne..

        Celui qui recherche donc le confort psychologique ne tiendra donc pas longtemps face à une telle épreuve je peux vous le garantir..

        Se pose plutôt dans ce cadre là la qualification des analysants, tout le monde n’ayant pas l’envergure d’un Jung.. On ne peut que constater que bien souvent on est loin de ce que l’on est en droit d’attendre..

        On pourrait parler aussi de la mode du bouddhisme, souvent adopté par les vedettes de cinéma, bref les people.. Et qui n’est rien d’autre qu’un bouddhisme de surface, soft, sans grande conséquence autre que se donner l’illusion d’une spiritualité de haute volée, sans en avoir les contraintes..

        On ne peut aussi s’empêcher de penser que ce new-âge a un autre but secondaire dont vous n’avez pas vraiment parlé et qui me semble d’importance : diluer, affadir les véritables doctrines traditionnelles..

        Cela me semble particulièrement pernicieux. En ouvrant en effet ces doctrines au plus grand nombre, elles en subissent de ce fait une loi de masse, une loi entropique..

        C’est particulièrement le cas pour l’astrologie, discipline que je connais bien, et qui se trouve pervertie depuis quelques années par le narcissisme de beaucoup qui se croient obligés d’inventer de nouvelles recettes, de remettre en cause parfois les anciens, dans un délire de nouveautés.. D’où la naissance d’une astrologie « karmique » qui n’a absolument aucun fondement, et qui n’existe d’ailleurs pas en Inde, pays pourtant de la Transmigration...

        Un cas particulièrement flagrant est le Tantrisme dévoyé dans la plupart des cas en recherche de partouze et de partenaires faciles sous prétexte d’extase sexuelle.. Là je peux vous dire que les coaches sont nombreux.. smiley

        D’où la nécessité d’une vigilance extrême. Mais dans les deux sens. Ne pas forcément rejeter.

        Comme le disait l’apôtre Paul : tout éprouver et ne retenir que ce qui est bon.. 

        Bon y a plus de boulot qu’à l’époque de Paul mais avec une bonne formation philosophique et métaphysique traditionnelle cela est possible.

        • Raphaël M. Raphaël M. 14 septembre 2013 12:32

          Je savais cher Gollum que vous reviendriez sur le cas Jung. J’ai d’ailleurs bien expliqué que ses travaux avaient été « récupéré », ce qui implique qu’il ne se résumait probablement pas qu’à cela, mais je ne peux me prononcer, connaissant trop mal le sujet.

          Pour le reste, vos commentaires sont tjrs très riche d’enseignement.

        • Claudius Claudius 14 septembre 2013 11:49

          Excellent papier



          Vous pourriez être un pape du decoaching, on pourrait faire un très grand movement DESPERS et gagner beaucoup d’argent et faire du bien autour de nous

          DESPERS. - Desintoxication Personnelle

          On fera réciter des « Notre père qui êtes au pieu ». et des. « Anus Dei »

          (_0_) 

          • Raphaël M. Raphaël M. 14 septembre 2013 12:30

            C’est une excellente idée Claudius. Nouveau business.


          • Rincevent Rincevent 14 septembre 2013 12:15

            Dans cet article, le vocable « coaching » recouvre des situations et des intentions bien différentes, voire totalement opposées. Il y a un fossé entre le Mandarom, par exemple, et Carl Rodgers http://fr.wikipedia.org/wiki/Carl_Rogers. Autant l’un asservit ceux qui y adhèrent, autant l’autre les libère.


            • Raphaël M. Raphaël M. 14 septembre 2013 12:29

              Et pourtant, tout l’objet de mon développement est de montrer le lien entre toutes ces choses. On retrouve chez Carl Rodgers toute la pensée DevPers. Il doit être une référence pour les coachs.


            • Rincevent Rincevent 14 septembre 2013 13:58

              @ l’auteur.

              Pas d’accord. Il faut vraiment ne pas connaitre le fond de la démarche de Rodgers pour l’amalgamer à des gens fondamentalement opposés à lui. Maintenant, que certains aient utilisé (perverti) les techniques rodgériennes pour en faire tout autre chose c’est bien possible. Tout comme pour Eric Berne (l’Analyse Transactionnelle) qui, détourné lui aussi, a fini par faire le grand bonheur des DRH (on entre dans son bureau avec ses idées propres et on en ressort avec les siennes en se demandant ce qui s’est passé…).

              Une technique ne vaut que par l’intention de qui l’utilise.


            • Gollum Gollum 14 septembre 2013 14:54

              Je ne connais pas spécialement Rogers. Mais les idées d’Abraham Maslow sont relativement intéressantes, notamment sa découverte des Peak expériences, ou « expériences paroxystiques »..


              Je mets ici une phrase tirée de Wikipédia qui montre que Bien et Mal sont étroitement enlacés :

              La pyramide qui a été attribuée à Maslow représente mal la richesse de son analyse, et surtout trahit la vision dynamique qu’il avait des besoins dans la construction de la personnalité.

              De plus, si Maslow est très connu dans le domaine du management, ses recherches concernaient la psychologie générale, et ce sont ses successeurs qui ont appliqué ses conclusions à la sphère de l’entreprise.


              Là encore, récupération d’idées pas forcément mauvaises au profit du monde du travail...


              D’ailleurs le Zen dont j’ai parlé plus haut, pratique tout à fait honorable et traditionnelle, est actuellement récupéré pour être performant en entreprise... Doit-on de ce fait jeter l’opprobre sur le Zen ? Bien évidemment non. Par contre on doit jeter l’opprobre sur cette tentative de récupération, car la pratique du Zen est avant tout une pratique sans but et sans esprit de profit.


            • Chaosphere 14 septembre 2013 13:10

              « comment oses-tu juger les autres ? » 

              J’ai entendu le pape François dire la même chose à propos des homosexuels il y a quelques semaines...


              • gaijin gaijin 14 septembre 2013 13:48

                c’est compliqué de répondre a votre article .......
                ce que vous dénoncez est très vrai mais les liens que vous faites ne sont pas forcément les bons et vous jetez pas mal de bébés avec l’eau du bain.
                le new age est un vaste fatras c’est ok
                le devant de la « scéne » est trusté par des gens en plein délire ou d’authentiques escrocs c’est ok aussi .....

                tous ces gens ( dont les coachs ) se développent sur un marché
                lequel ?
                celui de la misère humaine, misère morale et spirituelle des sociétés économiquement développées .......
                alors quoi ?
                que devrait’ il se passer selon vous ? c’est ce que je me demande ........
                transformer la misère en marché n’a hélas rien de nouveau et n’a pas non plus été inventé par le mouvement new age.
                certain trouvent leur voie dans les religions traditionnelles mais quel chemin pour les autres ?
                chacun bricole ? et pourquoi pas ?
                quel problème au juste pose le syncrétisme ?
                on admet que les lois physiques sont les mêmes partout ( sur terre ) pourquoi n’en serait ’il pas de même pour les lois spirituelles ? certains croient en une vérité révélée une fois pour toute et enfermée dans un livre ( que ce soit il y a 6000 ans ou 600 c’est pareil ) je trouve bien moins absurde de croire que le chemin spirituel soit avant tout individuel.

                au regard de ce qu’ont été les religions je trouve bien plus raisonnable de se passer de prêtre. ok je vais être la plupart du temps dans l’erreur mais c’est mieux que de l’être tout le temps non ????


                • Gollum Gollum 14 septembre 2013 14:44

                  je trouve bien moins absurde de croire que le chemin spirituel soit avant tout individuel.


                  Je ne crois pas que l’auteur remette en cause que la Voie soit avant tout un choix individuel..

                  Sinon le problème du syncrétisme réside avant tout dans une attitude de « papillonnage », de zapping, typiquement moderne, sans approfondissement... 

                  La voie spirituelle implique quand même la recherche d’une certaine stabilité et d’une pratique profonde et régulière. Hors bien souvent les adeptes du New-Âge se cantonnent à une superficialité certaine. 

                • gaijin gaijin 14 septembre 2013 17:21

                  moi je lit quand même ça en filigrane ( mais on verra sa réponse )

                  oui la voie spirituelle demande de la constance et certains sont ce qu’on appelle « des safaristes » mais dans cette recherche il faut trouver la voie qui convient et ce n’est pas simple
                  en plus il faut trouver les bonnes personnes avec qui travailler ce qui l’est encore moins surtout quand n’importe qui se prend pour un gourou ( au sens guide spirituel )

                  « ......un aveugle conduit d’autres aveugles et je mérite d’être punit par mes maîtres défunts, personne ne recevra de moi un certificat de maitre du zen ...... »
                  IKKYU ( 1394 1481 )
                  ses textes sont d’une étonnante actualité

                  la question c’est dans notre monde technocartésianiste qui ose parler de spiritualité ? c’est devenu quasi tabou et les vrais pratiquants se cachent.
                  reste les marchands du temple et les dingues .....


                • Maître Yoda Castel 15 septembre 2013 16:46

                  Cela me semble plus le phénomène de gouroutisation à partir de l’individualisme qui est mis en exergue ici. 

                  Il me semble que l’auteur n’est pas contre la voie spirituelle individuelle en elle-même, mais quand on suit un gourou pour améliorer nos caractèristiques individuelles, c’est comme rentrer dans une secte.

                  Par contre, c’est justement un des aspects qui manque dans l’article, c’est la description et la définition du mot secte. La république n’est-elle pas une secte par exemple ? On peut considérer que le nazisme l’est, alors ?


                • Gollum Gollum 14 septembre 2013 14:36

                  Pour rebondir un peu sur les quelques critiques que je viens de lire je voudrai parler de ceci :


                  D’où l’impossibilité, pour un adepte du New Age, de se poser en juge d’autrui (le fameux : « comment oses-tu juger les autres ? » que l’on entend tout le temps) à une exception notable et systématique : il est obligatoire de juger négativement celui qui se refuse à adopter une telle posture ; cela explique pourquoi les gens censément tolérants sont en réalité les plus intolérants qu’il soit possible de concevoir.

                  Phrase qui oublie quand même une chose c’est que l’absence de jugement d’autrui fait aussi partie de la Tradition. En effet le Christ dit bien : ne jugez pas afin de ne pas être jugé en retour. Le problème, et là je rejoins l’auteur, c’est que de telles attitudes peuvent aussi bien être d’en haut que être d’en bas. Tout dépend en fait de celui qui pratique cette absence de jugement. Et dans quel état d’esprit. 

                  Même le fait de porter un jugement peut lui aussi être fait dans un état mental neutre, objectif, et donc spirituellement valable ou au contraire être souillé par des à-priori qui déforment le jugement et donc l’image de la personne sur laquelle est fait ce jugement. Il s’agit ici de la fameuse poutre que l’on ne voit pas dans son propre œil et que l’on retrouve sous la forme de paille dans l’œil du voisin, phénomène de projection de nos propres défauts psychologiques non reconnus et de ce fait projetés sur autrui, et bien connu de l’école de Jung.

                  Sinon d’accord aussi sur cette tolérance artificielle qui ne supporte pas ceux qui ont des jugements de valeurs, et qui veulent tout ramener au même niveau. Cette tolérance de façade engendre une intolérance de fait. Elle est bien souvent le fait des égalitaristes qui ne supportent pas la Verticalité. Et en particulier l’idéologie républicaine s’inscrit dans cette tendance là et cette intolérance là.

                  • gaijin gaijin 14 septembre 2013 17:25

                    oui ++++++
                    je l’aurais pas dit si bien .....


                  • Raphaël M. Raphaël M. 15 septembre 2013 23:27

                    L’absence de jugement dont parle Jésus Christ n’a absolument rien à voir avec le relativisme contemporain. 



                  • Gollum Gollum 16 septembre 2013 08:56

                    Je suis bien d’accord avec vous.. J’ai un peu de mal avec ce post qui me donne la sensation d’avoir été mal lu (?) car c’est exactement ce que je dis..


                    Mon seul reproche est que vous n’ayez pas suffisamment mis en relief que, dans quasiment tous les cas en notre époque moderne, les attitudes, les « valeurs » modernes sont en fait des attitudes ou valeurs transcendantes inversées et que de ce fait elles leur ressemblent étrangement.

                    Autrement dit le diable est bien le singe de Dieu comme le dit la Tradition. Et en effet le relativisme moderne est le singe du « Tu ne jugera pas » du Christ.. mais cela n’est pas fait dans le même esprit nous sommes d’accord..

                  • Maître Yoda Castel 16 septembre 2013 11:31

                    @ l’auteur
                    "Le relativisme enfin, qui est à notre avis le nœud du problème (...) est l’idée selon laquelle chacun de nous aurait sa propre réalité, mais encore que chacun de nous serait en mesure de créer sa propre réalité et d’en poser arbitrairement les critères et les lois.(...) D’où l’impossibilité, pour un adepte du New Age, de se poser en juge d’autrui (..) il est obligatoire de juger négativement celui qui se refuse à adopter une telle posture ; cela explique pourquoi les gens censément tolérants sont en réalité les plus intolérants qu’il soit possible de concevoir.
                    « 

                    Il y a une contradiction : si on se considère dépositaire de notre propre réalité alors, juger les autres ou ne pas les juger n’a aucune incidence puisque cela reste circonscrit à notre propre réalité.
                    En ce qui me concerne, je trouve que les français, globalement, voient tout sous forme de jugement. Il en devient difficile de discuter dès qu’il y a une petite mésentente.
                    C’est comme quand une personne a une maladie, mais qu’il ne le sait pas, il est normal alors de lui dire »soigne toi". La plupart du temps, la personne va mal le prendre, alors qu’il suffit simplement qu’il se prenne en main. C’est juste une question de sérieux.
                    Le relativisme culturel, c’est surtout être contre le sérieux. C’est vrai qu’il y a un rapport avec le new age.


                  • Claire29 Claire29 14 septembre 2013 14:57
                    Le monde se porterait-il mieux sans coaching ?
                    Si des personnes réussissent dans cette activité et aident d’autres à réussir,je ne vois pas où est le problème !
                    Ces jeunes paumés de banlieue qui se tournent vers le djihad pour donner un sens à leur vie ont un jour rencontré des « coachs » que vous ne citez pas et qui les ont pourtant bien endoctrinés !


                    • Raphaël M. Raphaël M. 14 septembre 2013 15:40

                      Ca n’a absolument rien à voir...

                      Y a aussi de la pollution, et des enfants qui meurent de maladie. Mais là le sujet c’est le coaching.

                      • Claire29 Claire29 14 septembre 2013 19:16

                        @Raphaël M,

                        Alors trouvez d’autres boucs émissaires pour dénoncer ce qui ne va pas dans la société,
                        c’est un peu trop facile et pas très risqué ces amalgames et ces généralités qui ne sont que des prétextes pour désigner toujours les mêmes !
                        Si vous voulez être crédible,évitez de citer un « rapport des commissions d’enquête parlementaires sur les sectes en France datant de 1995 » qui n’a aucune valeur juridique et un rapport du gourou de Bugarach,Fenech,surtout quand on découvre que les appels à la délation sur le site de la Miviludes dont il a été le Président avant Blisko,ont des conséquences dramatiques.


                      • Qaspard Delanuit Gaspard Delanuit 14 septembre 2013 19:53

                        En effet, Raphaël, si on trouve une relation entre le coaching et la lointaine théosophie ou l’amusant Mandarom, je ne vois pas pourquoi on n’en trouverait pas encore davantage entre le recrutement islamiste et la publicité pour le coaching (dans les deux cas, il s’agit de promettre une vie meilleure et plus intense en changeant de point de vue). 


                        C’est pourquoi, il ne faut effectivement pas tout mélanger.  smiley

                      • Raphaël M. Raphaël M. 15 septembre 2013 23:20

                        A quel moment le coaching est-il pour moi un bouc-émissaire ? Et un bouc émissaire de quoi ? Comprenez-vous seulement ce mot ? 

                        Ce n’est pas un bouc émissaire, mais une conséquence d’une vaste maladie, qui est celle de la modernité.
                        D’ailleurs, puisque le fondamentalisme islamique semble devoir être pour vous le « bouc-émissaire », sachez qu’il en est également un pur produit.
                        Je prépare d’ailleurs une étude sur le sujet que je soumettrais à la modération d’ici qques jours.

                      • Raphaël M. Raphaël M. 15 septembre 2013 23:22

                        Pourquoi designe-t-on tjrs les mêmes. Vraiment je ne comprends rien à votre commentaire. Tout cela est d’une grande confusion.

                        En quoi citer un rapport parlementaire, fusse-t-il de 1995 me décrédibiliserais ? Avez vous seulement idée de la manière dont sont rédigés ces documents.
                        Ce que je pense, c’est qu’une séance de coaching est mal passé chez vous

                      • Claire29 Claire29 16 septembre 2013 13:12
                        @Raphaël M
                        « Pourquoi designe-t-on tjrs les mêmes ? »
                        Parce que vous utilisez un sujet,le Coaching,pour faire des amalgames en mettant dans un grand fourre tout des entreprises et des mouvements qui n’ont pas du tout les même buts.
                        L’étiquette infamante « secte »qui n’a aucune définition juridique, est bien pratique quand on veut dénoncer et critiquer des initiatives et des mouvements qu’on ne comprend pas et qu’on ne se donne pas la peine de connaître ou qui menacent les intérêts de ceux qui l’utilisent !
                        Je vous rappelle que c’est ce que font les inquisiteurs de la Miviludes qui défendent les intérêts de l’industrie pharmaceutique et les chasseurs de sectes comme ceux de l’UNADFI qui en ont fait leur fonds de commerce depuis plus de 30 ans sur le dos des contribuables !
                        Vous citez des rapports,un article du docteur Rappin ou d’autres « spécialistes » du sujet,comme s’ils détenaient la vérité ,comme si ce qu’ils ont écrit et dit un jour était parole d’évangile,des gourous en quelque sorte ou des « coachs » !
                        La « secte » c’est toujours l’autre !

                      • Claire29 Claire29 16 septembre 2013 13:14

                        En quoi citer un rapport parlementaire, fusse-t-il de 1995 me décrédibiliserais ? Avez vous seulement idée de la manière dont sont rédigés ces documents.


                        En grand partie grâce aux RG !

                      • Claire29 Claire29 16 septembre 2013 14:00
                        « En quoi citer un rapport parlementaire, fusse-t-il de 1995 me décrédibiliserais ? » 

                        Parce que ce rapport de 1995 avec sa liste noire établie par 7 parlementaires militants d’après un recensement approximatif des RG qui y avaient introduit tout et n’importe quoi a été contesté et critiqué par le patron des RG à l’époque,Yves Bertrand,qui a écrit dans son livre que « La nomenclature des sectes que les RG avaient établie en 1995 sent définitivement la poussière.... »


                      • Maître Yoda Castel 14 septembre 2013 16:57

                        Votre article est intéressant et pertinent, plutôt cohérent bien qu’il manque une forme d’objectivité, d’impartialité qu’il aurait été opportun de possèder devant un sujet aussi complexe.
                        Une des sources du new age marketting me semble la manipulation/ la psychologie des foules, venue de la psychanalyse, de psychologues comme Gustave le Bon et donc aussi de la politique et des économistes eux-mêmes.
                        Un exemple d’idéologie new age avant l’heure est le syncrétisme du nazisme mellant considérations sectaires et balbutiments socialo-scientifiques.
                        Il ne faut pas oublier que le communisme a souvent parlé, dès le XIXème, de « l’homme nouveau ».
                        Il apparait très difficile de localiser les sources du new age, il me semble que c’est l’humanité elle-même qui est allé vers elle. C’est un peu comme franchir des limites qui nous paraissent désuettes. Chaque idéologie trouve comme origine une nécéssité dans l’air du temps.
                        Même si terme new age parait honteux, il a permis de véhiculer des travaux absolument nécessaire à l’évolution de la pensée humaine et le courant en lui-même trouve sa source et sa nécéssité dans ce qu’est un être humain.


                        • Qaspard Delanuit Gaspard Delanuit 14 septembre 2013 17:14

                          Dans le fond et quelles que soient les sources où il va puiser pour se donner belle allure, le « coaching » est un pur produit étasunien. Ce mouvement est une manifestation du culte de l’efficacité matérialiste sans conscience, qui est la véritable religion du peuple américain. Son credo est que l’argent fait le bonheur, que la pauvreté est une maladie, que le but de l’existence d’un homme est de s’accomplir économiquement. 


                          Si vous associez ce mouvement à d’autres mouvances (comme la théosophie), vous risquez de perdre sa spécificité, et d’aboutir à simplement voir le monde séparé entre les gens « normaux » qui ne font aucun travail sur eux-mêmes (qui sont en fait simplement des gens limités intellectuellement) et tous ceux qui font un travail sur eux-mêmes (et qui seraient alors tous à ranger dans le grand sac des gens bizarres, sectaires, farfelus, paumés, escrocs, etc.)

                          La grande secte des gens normaux est aussi totalement terrifiante, et de loin la plus dangereuse pour humanité et la planète. 

                          • Qaspard Delanuit Gaspard Delanuit 14 septembre 2013 17:26

                            Exemple d’amalgame fâcheux dans votre article : Le Mandarom. Car ce folklorique mouvement « niouèdge » n’a rien à voir avec le coaching. A la limite, le coaching est plus proche du Medef ou de l’idéologie incarnée par Nicolas Sarkozy ou Bernard Tapie que du Mandarom. D’ailleurs, vos premières illustrations pourraient être des promotions pour des partis politiques, des banques, des assurances... et on ne pourrait pas en dire autant de l’image du pape du Mandarom.  smiley


                          • Raphaël M. Raphaël M. 14 septembre 2013 17:29

                            Merci pour vos commentaires. Je ne dis pas que coaching et mandarom sont identiques, seulement qu’ils s’abreuvent à la même source.



                          • Qaspard Delanuit Gaspard Delanuit 14 septembre 2013 17:44

                            Je ne crois pas, justement ! Les ressorts sont très différents. 


                            On peut toujours dire qu’une chaise et du même bois qu’un escalier, mais on n’apprendra rien en disant ça sur la fonction de la chaise et sur celle de l’escalier. 

                          • Raphaël M. Raphaël M. 15 septembre 2013 23:11

                            Le cas du Mandarom est évidemment une forme extrême de New Age. Néanmoins cela n’est pas du tout hors sujet, toutes les corrélations que je fais sont dûment sourcées. Pour ma part, je crains bien plus la mentalité de Bernard Tapie que celle de Raël


                          • Raphaël M. Raphaël M. 15 septembre 2013 23:15

                            Procurez-vous donc l’article du Docteur Rappin, spécialiste du sujet, que je cite dans mes notes de bas de page. Lisez-le. Allez voir le reste de ses travaux, qui sont fort intéressant. Vous verrez que je ne fais pas du tout des liens fantaisistes entre les choses. C’est vrai que ça peut sembler totalement délirant, malheureusement ce sont des faits ABSOLUMENT ET TOTALEMENT avérés.


                          • Qaspard Delanuit Gaspard Delanuit 14 septembre 2013 17:51

                            « Nous constatons que cet état d’esprit parfaitement novateur, comme il n’en a absolument jamais existé, fondé sur des formules toutes faites et une macédoine de techniques disparates pseudo-scientifiques, est en définitive un processus de déshumanisation permettant à l’individu d’être en conformité aux besoins de l’entreprise moderne. Il constitue une médicalisation et une professionnalisation de l’existence. C’est pourquoi certains commentateurs n’hésitent pas à parler, à juste titre, de « bien-être totalitaire » »


                            Très bien dit. 

                            • Luc-Laurent Salvador Luc-Laurent Salvador 15 septembre 2013 21:14

                              J’ai trouvé l’article bien fait et fondamentalement bien orienté.

                              Oui, le coaching est bien dans cette logique de l’empowerment individuel qui vise à augmenter la productivité, l’efficacité, la fonctionnalité de l’individu et tout cela est au service d’un machinerie capitaliste et libérale qu’on pourrait dire infernale.

                              Maintenant, le risque est grand de verser dans l’excès qui consisterait à rejeter un outil sous prétexte que le grand méchant loup l’aurait fait sien.

                              Il me semble que ce risque n’a pas été complètement évité.

                              Le coaching, en l’essence, c’est quoi si ce n’est une pratique éducative, de formation dans un rapport duel comme il y en a eu tant par le passé (tuteur, précepteur, gourou, etc.) ?

                              La question est seulement de savoir à quoi on est formé ou dé-formé et comment on l’est.

                              C’est clair qu’avec l’apparence d’une grande liberté de choix (on peut coacher sur tout et n’importe quoi) on risque quand même de se retrouver gentiment « formaté ».


                              • Raphaël M. Raphaël M. 15 septembre 2013 23:07

                                Merci infiniment pour votre commentaire. Avant de vous répondre j’aimerais vous dire que j’ai lu avec grande attention votre article brillant sur René Girard, qui semble avoir été votre maître. Le mien s’appelait également René, mais Guénon. Voyez que je n’ai rien contre le fait de se plier à un enseignement, ni même à la notion de guru.

                                Effectivement, à la relecture, je remarque que je n’insiste pas suffisamment sur la particularité du coaching. Celui-ci ne doit nullement être confondu avec le mentorat, le tutorat ou le professorat. Loin de moi l’idée de remettre en question les « rapports de formation duels ». Les articles sur agoravox ne pouvant être modifié, j’ajouterais une section sur le blog afin de lever toute ambiguïté.
                                Le coaching est une forme de tutorat unique et profondément nouvelle dans sa forme, et surtout dans la teneur de son enseignement. Cet article m’a demandé tellement de travail de recherche, que je l’ai posté avec trop d’empressement. Mais je crois que l’on comprend bien le propos.
                                Biens à vous.

                              • Luc-Laurent Salvador Luc-Laurent Salvador 17 septembre 2013 08:52

                                Merci pour votre réponse !

                                Oui, Girard est bien un de mes maîtres à penser.

                                Je suis ravi que mon commentaire vous ai semblé pertinent.

                                Mais quoi qui’il en soit, pour ma part, je préfère de loin un peu d’excès, d’empressement ou d’emportement à un pointillisme ennuyeux. Donc encore une fois j’ai trouvé que votre article offrait un travail d’une grande qualité et d’abord par sa richesse.

                                Disons simplement pour finir que vous avez peut-être un peu forcé le trait sur le coaching mais cela a, je pense, l’avantage de le rendre mieux perceptible dans ses travers.


                              • Darkhaiker Darkhaiker 16 septembre 2013 15:46

                                LE HAUT ET LE BAS


                                Très bon article, très clair, très précis et riche. Merci pour certains détails très importants.


                                Remarque : la naturelle et nécessaire convergence des principes supérieurs ne peut provoquer pour qui réfléchit (trop) qu’un relativisme (oui, mal d’une époque) qui ne peut avoir pour conséquence qu’un désir de syncrétisme (toujours réducteur, souvent intellectuellement déviant et potentiellement contre-nature de la détermination incarnée. Mais ce syncrétisme n’est pas un mal en soi : il peut évoluer vers les principes (ce pour quoi originellement et donc finalement il est naturellement fait), soit vers un approfondissement de chaque forme incarnée de ce principe (donc une dé-syncrétisation avec retour aux sources après le constat du Tout. Le mal est dans son utilisation sans « conscience ».


                                Ainsi le relativisme peut fonctionner aussi comme un stimulant vers l’absolu et non comme une démotivation nihilisante ou sceptique (bien que le scepticisme soit à sa place dans le relatif matériel). Le relatif semble mieux fonctionner encore comme nostalgie d’absolu que comme arme de destruction massive. Sans compter que cette arme de destruction massive a été d’abord construite par les dogmes monothéistes de l’exclusivisme de chaque forme instituée, créant par la une concurrence absolument relativisationnelle et non plus civilisationnelle (vers le haut), à prétention, en l’absence de principes (ré) affirmés, de principe supérieur (singulier ou pluriel : question piège). Là est l’inversion centrale tendant à nous faire prendre des vessies pour des lanternes.


                                Pas d’accord avec la position (qui est aussi celle officielle de l’Eglise par exemple) pour laisser croire que le syncrétisme par le bas est le seul possible. Par le haut la relativisation amène au principe de Respect qui lui-même implique le retour à l’Absolu. Sans nier aucunement que celle par le bas amène la démocratie du commerce et de la finance, dieu opposé directement aux Principes.


                                Mais le mouvement, à partir du relativisme « actuel » vers le bas, vers le haut est singulièrement absent de nos cerveaux, et ce ne peut être la conséquence d’un conditionnement de l’inconditionnable. Ce qui est absurde en soi, ou dans le principe.

                                Il semble qu’une entreprise de subversion globale, une « révolution culturelle », parfois présentée sous le label alléchant de contre-culture à des générations très jeunes, « généreuses » mais en recherche de repères après notamment le cataclysme « ontologique » programmé de la seconde guerre mondiale en occident, ait été mise sur pied à partir du New Age californien, recrutant parmi « les meilleurs esprits » de ces années 60/70 en vue de les manipuler pour former les nouveaux cadres « cools » d’une révolution mondiale conservatrice ultra-libérale. Il paraît que les révolutions suivent toujours les guerres...


                                Mais si la manipulation a fonctionné au delà peut-être même des espérances des instigateurs de cette imposture intellectuelle planétaire, c’est qu’elle avait d’abord préparé le terrain et pris le soin « méthodique » de « nettoyer » par une sorte de vide spleenétique le contenu et les cadres eux-mêmes des « vraies valeurs » de ce monde, habilement inversées ad absurdum ou brutalement anihilées (les deux mon capitaine).


                                Le terrain est le terreau, et même s’il s’oppose au transcendantal dans une autonomie très et trop à la mode, il n’en reste pas moins vrai que, tout en bas des valeurs relativisées, s’il a fini par prendre tout son poids « d’absolu subversif » (contradiction dans les termes), c’est qu’écrasés sous le poids des impostures du pouvoir intellectuel et culturel, les jardiniers subtils du jugement autorisé ont mille fois failli.


                                N’est-il pas trop facile de seulement pointer une kaliyugesque fatalité plutôt que la trahison des « élites », leur corruption achevée et leur perversion/subversion « totale » non encore parachevée ?

                                Sans elle évidemment rien n’eut été ni n’est jamais possible.


                                Quelle est la situation « ontologique » de cette pitoyable caricature spirituelle ? Comment a-t-elle pu être amenée à « finir » par considérer que son royaume était de ce monde ? Les malheurs modernes ne sont qu’une conséquence de cette chute, dans laquelle tous suivent très « démocratiquement », au sens le plus marchand du terme.


                                Il faut donc aussi regarder le « massacre par balles » dans la tête des élites, comment il fonctionne en s’appuyant sur un système « traditionnel » ultra-corrompu jusqu’aux ultimes ramifications de ses réseaux de conditionnement et de terreur intellectuelle les plus discrets, maillant « le » monde jusqu’au dernier « cadre » . Ceci est un fait de départ et d’arrivée, le pourquoi et le comment.


                                Cependant, les choses ne sont jamais simples mais toujours doubles : il demeure difficile de viser les personnes derrière qui agissent ceux qui tirent les impondérables et imperceptibles ficelles transformant imperceptiblement, par un moyen subtil ou un autre, tel « esprit » digne de ce nom en outil de saccage naïvement abusé cherchant sincèrement à faire bien.


                                Non qu’on puisse évidemment leur donner une sorte de statut victimaire, mais enfin il ne faut pas non plus se tromper de cible en ne visant que l’ombre, même derrière de riches leaders ou managers très officiels tout aussi manipulés que le new-âgiste moyen ou la ménagère de base personnellement dévelopée. Ils ne sont,eux aussi, que jouets de paille jetés aux chiens de la « révolution culturelle », activée aussi par ailleurs en sens inverse.


                                Il n’est ni « permis » ni même matériellement possible de parler de tout ça sans référence aux principes supérieurs qui ont orienté le monde jusqu’à la mondialisation de leur inversion. Ces références ne sont pas des gardiens de marbre cachés dans l’ombre des ruines fumantes de notre quotidien économique, psychologique ou émotionnel.


                                Mille fois d’accord sur le kaliyugesque constat mais concernant d’abord les conséquences d’une déviation des principes comme mal absolu, alors que les ravages de terrain restent relativement relatifs quant au plan qu’ils occupent, même si leur globlalisation, ajoutée au lien avec les principes de départ, finira par la destruction de ces principes sur un plan matériel essentiel et lié.


                                Puisque l’essentiel est bien le combat spirituel, plus violent parfois que le matériel si l’on en croit l’expérience de Rimbaud, on ne voit dans ce sens que peu de « sorties » hors de la Citadelle pour tenter de stopper la progression ontologique de la grave pathologie matérialiste qui nous submerge, nous envahit et nous trahit comme une sorte de virus. Ainsi « ici et maintenant », l’analyse n’est plus qu’une question d’approfondissement quantitatif.


                                Pour ce qui est de la qualité des gestes, nous pensons à l’admirable et méconnu « Affrontement chrétien » d’un Mounier, dont le courage, incroyable et encore inédit, le porta à récolter et ressemer les meilleurs fruits de la lucidité nietzschéenne concernant une humanité de qualité et une qualité humaine propre à affronter ce nouveau dragon intérieur, et pas seulement son reflet dans une époque, même moderne.


                                Il invite à une « autocritique » et à une critique sérieuse de l’embourgeoisement des spiritualités, de matérialismes spirituels, qui ne peut passer, à l’intérieur de chaque « tradition », que par un relèvement des valeurs vers leurs principes supérieurs, sans tenir compte du terrain. Ce que fit Mounier en entrant dans la Résistance. La guerre matérielle est finie, la spirituelle ne fait que commencer, derrière la psychologique, au delà des basiques et diversifs civilisationnel et culturel de masse.


                                En citant d’autres héros « modernes » de la relation absolue aux principes, on peut citer Bernanos, Camus ou Weil parmi d’autres, à un autre niveau que celui d’un Guénon, et puis certainement beaucoup de responsables de la première heure de la Restauration culturelle ou plutôt spirituelle avortée sans laquelle aucune révolution ou libération que ce soit n’aurait pu prendre racine, à un niveau encore plus modeste, mais combien du terrain, « terrestre ». Et tants d’anonymes et de « justes », « effacés » des mémoires.


                                (…) Dans leur combat déterminant au coeur d’un déterminisme qui ne compte, pour paraphraser Camus, que « dans la mesure où l’on y consent pas. » Si l’acceptation supérieure vaut, elle ne vaut que par un refus absolument terrestre de tout ce qui ne relève de ce monde que pour l’anéantir.


                                Une syncrétisation vers le haut n’a plus rien à voir avec les « valeurs » (relatives) : elle est intégratrice, non désintégratrice, principielle.


                                Il sera toujours difficile à croire pour un esprit aussi peu déterminé que possible, que d’authentiques « mystiques » comme Huxley ou Watts n’aient oeuvré que dans, pour et vers un syncrétisme de bas étage.


                                Au plaisir de lire une réponse qui, sans en douter un seul instant, ne manquera pas de perspicacité,

                                cordialement et fraternellement.









                                • sols 17 septembre 2013 10:19

                                  très intéressant article

                                  il y a des problèmes à résoudre, problèmes qui se posent dans un certain contexte, comment les résoudre ? (pour les problèmes sur lesquels il n’y a aucun débat sur le fait qu’il faut les résoudre, qu’il existe une solution, or les religions offrent une soi disant solution à la mort, alors que inéluctable, définitive, sans horizon après)

                                  le coaching est à l’image d’une époque, ce sont des « solutions » individualistes dans un monde consumériste où les consommateurs sont isolés par rapport au business (aucun syndicat de consommateurs influant sur la conception ou le prix) ... qui ne saurait s’identifier aux USA ... les USA ont été une caricature de consumérisme car abondance conjoncturelle à la conquête d’un nouveau continent tempéré utilisant les avancées techniques-technologiques d’un autre continent (incluant brain drain) ... sans guerre sur place

                                  l’Education nationale devrait inclure des modules de psychologie : comment un enfant peut résister à la violence des autres enfants, apprendre à dire non à la pression de groupe ...

                                  ce serait du coaching utile !

                                  mais la réalité du coaching c’est fréquemment, comme montré dans l’article, une idéologie qui justifie que les forts soient forts ... qu’il y ait cynisme ou hypocrisie, comme un descendant de Friedman qui se croit crédible en invoquant l’anarcho-capitalisme, alors que le capitalisme a toujours requis une violence d’Etat d’une classe politique corrompue au service des capitalistes

                                  cette idéologie rend responsables les faibles, faisant semblant d’ignorer les fragilités génétiques ou la non conformité à la majorité (qui provoque une situation de faiblesse) qu’agrave un environnement non naturel non remis en cause

                                  en ce sens, cette idéologie anesthésie les solutions collectives, est favorable au capitalisme prédateur

                                  cette idéologie prétend résoudre, faux dans le cas des thérapies cognitivo-comportementalistes s’attaquant aux manifestations et non aux causes (causes au niveau du cerveau scientifiquement non atteintes, mais surtout causes au niveau de l’environnement, facteurs déclenchants, ignoré)

                                  coaching, psychanalyse, etc ... : à chacun de définir son évolution individuelle sans pression idéologique et/ou marchande intéressée


                                  • Florent 23 mars 2020 10:43

                                    Bonjour, article un peut ancien mais toujours d’actualité finalement. Depuis le passage en vigueur des nouvelles dispositions liées à la formation pensez-vous qu’un lissage des formations et une harmonisation des compétences sera à anticiper ? Que faire des expériences acquises au long de sa carrière ? Je m’inquiète de voir mon métier totalement bridé par une loi inadapté à notre métier.

                                    Merci pour vos lumières et à très vite 

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