Le condom féminin boudé par les autorités américaines
Voilà peut-être qui va en surprendre plus d’un : la moitié des 33,2 millions de personnes infectées par le virus VIH dans le monde sont des femmes, un pourcentage qui grimpe à 61% en Afrique subsaharienne. Le nombre de personnes, par conséquent de femmes, atteintes continue d’aller en augmentant. Cela est d’autant plus tragique que, pour une personne traitée, plus de six autres infectées ne reçoivent pas de traitement. Pourtant, les pays qui financent des campagnes de prévention, les États-Unis en tête, ne s’entendent pas pour axer leurs interventions sur une méthode vraiment efficace dans le cas des femmes : le condom féminin.
Bien qu’ils permettent à la fois de prévenir le sida et d’agir comme moyens contraceptifs, les condoms féminins, contrairement aux condoms masculins, sont plus difficiles à manipuler, plus bruyants et plus coûteux. Or, ces obstacles, en particulier le dernier, pourraient être surmontés si les autorités américaines voulaient vraiment contribuer à son adoption, affirme le Center for Health and Gender Equity (CHANGE), une ONG américaine, dans un récent rapport.
Les États-Unis sont en effet un des plus importants producteurs de condoms féminins au monde, et par conséquent pourraient jouer un rôle-clé dans la distribution de condoms féminins.
L’obstacle auquel se heurtent ceux qui font la promotion du condom féminin dans les pays où est distribuée l’aide américaine est de taille : la politique du gouvernement Bush est résolument axée sur l’abstinence.
Cette politique stigmatise l’usage du condom, que celui-ci soit masculin ou féminin, sauf exception pour les personnes à haut risque. Ces dernières ne comprennent ni les femmes mariées ni les jeunes.
Pire, plus d’un dollar sur trois de l’aide américaine destinée à lutter contre la propagation du sida doit être obligatoirement dépensé dans la promotion de l’abstinence jusqu’au mariage, selon une directive du Sénat américain pourtant contrôlé par les démocrates.
L’Académie des sciences, l’Institut de la médecine des États-Unis, de même que l’équivalent américain du Vérificateur général ont tous demandé que cette directive soit abolie, la jugeant totalement inefficace dans la lutte contre la propagation du sida.
CHANGE reproche aussi au programme américain d’aide en vue de prévenir le sida d’être dépendant des biais personnels des représentants locaux dans les pays étrangers de USAID, l’agence chargée de gérer l’aide américaine à l’étranger. Certains sont plus ouverts, d’autres moins.
Un autre sérieux problème, toujours selon CHANGE, est le fait que les condoms masculins, moins coûteux, sont systématiquement préférés aux condoms féminins dans les cas où le financement de l’achat de condoms est autorisé.
En ce qui concerne la transmission d’hommes à hommes, l’étude nous apprend que la circoncision pourrait aider à la prévenir, puisque les hommes circoncis ont beaucoup plus de chances de ne pas acquérir le virus.
Mais peu importe les méthodes, l’obligation américaine de promouvoir l’abstinence est un véritable scandale.
Ah si seulement le père de l’actuel président américain avait essuyé un refus cette fois-là !
Source : ELDIS - Saving lives now : female condoms and the role of US foreign aid
Voir aussi le site PreventionNow.net.
PS : j’avais pourtant dit que j’étais en vacances, mais je ne pouvais pas laisser passer ce rapport ;-)
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