Le diplôme : un passeport pour l’emploi ?
Le diplôme reste-t-il toujours déterminant dans le recrutement des jeunes ? La France, largement influencée par le mythe de ses grandes écoles,que l’on peut nommer sans détour élitisme, accorde toujours une importance particulière, voire démesurée, au diplôme. Si le diplôme demeure un atout sur le marché du travail, les compétences liées aux métiers, celles qui permettent une adaptation rapide au poste et un ajustement facile à des situations professionnelles, commencent à pévaloir.
Dans nos sociétés post-industrielles, mondialisation et explosion des TIC modifient considérablement l’organisation des entreprises et leurs structures productives. De fait, il existe un décalage important entre les modes de pensée et d’action hérités de la société industrielle qui remontent au lendemain de la seconde guerre mondiale et ceux qui s’imposent à nous aujourd’hui. Ce décalage nous conduit naturellement à évoquer l’offre pléthorique de formations diplômantes qui nous est proposée aujourd’hui et à nous poser la question suivante : ces formations débouchent-elles vraiment toutes sur les métiers qui connaissent les plus forts taux de croissance ? En effet, plus que jamais l’émergence de nouveaux métiers requière des aptitudes au même titre que des compétences. Si le diplôme est garant d’un certain savoir et parfois savoir-faire, il garantit rarement un comportement fondé sur des aptitudes personnelles. Tel diplômé possédant le diplôme requis peut très bien ne pas être efficace et compétent sur tel ou tel poste.
Il n’est pas douteux que que plus on détient un diplôme de niveau élevé plus faibles sont en général les taux de chômage. Toutefois, si l’on s’en réfère à l’idée que le diplôme ne serait que le seul ascenceur social dans notre pays, la course au diplôme pour le jeune étudiant est plus déterminée par le désir d’accession à un statut social que le choix de leurs titres par les entreprises. Ceci peut avoir pour conséquence une surabondance de diplômés et une pénurie de professionnels. En d’autres termes, ne pas avoir de diplôme est un signe négatif mais en avoir un n’est pas forcément un signe positif.
Malgré ces constats, nombreux sont ceux qui pensent que le diplôme constitue sûrement un passeport pour l’emploi. Le diplôme deviendrait donc aujourd’hui la carte d’identité obligatoire sans laquelle un homme ou une femme serait sans qualité ! Dans un contexte de mutation tel que celui que nous vivons actuellement, peut-on vraiment apprécier le diplôme sous le même angle que celui dans lequel ce dernier a été conçu ? Peut-on comparer par exemple un référentiel de diplôme rédigé voici plusieurs années, dans un contexte linéaire, séquentiel et analytique plaqué sur la règle des trois unités : action, temps et lieu, avec des exigences contemporaines fondées sur la rupture de cette règle ? Ces nouvelles exigences privilégient plus que jamais des postures professionnelles, des aptitudes et des comportements personnels et collectifs s’aditionnant bien entendu aux compétences indispensables à l’exercice d’un métier ou d’une fonction. Force est de constater que bien peu d’universités, de lycées professionnels et d’organismes de formation placent l’apprentissage du comportement au cœur de leurs préoccupations.
Un espoir de voir enfin le comportemental placé au même niveau que les compétences pourrait se faire jour avec l’internationalisation des échanges. Par exemple, les échanges de points de vue entre Anglo-Saxons et Latins seront certainement l’occasion d’aborder des critères plus contemporains de formation et de recrutement. Placer l’individu au centre de sa formation relevait déjà d’une formidable révolution copernicienne, il ne resterait donc maintenant qu’à placer ses aptitudes et ses comportements au centre du recrutement.
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