Comme beaucoup de personnes impliquées dans leur travail, je
m’identifie à ce que je fais. C’est ce qui me motive à réussir, c’est l’essence
de mes actions.
En faisant cela je m’expose car je suis ce que je fais.
Tout va bien tant que :
1°) je peux m’identifier à mon travail
2°) les critiques de ce que je fais sont constructives.
3°) le travail que je fais me laisse suffisamment d’espaces de liberté pour pouvoir y ajouter ma personnalité.
Sur ces points le monde du travail généralise une approche dramatique : La taylorisation.
Que ce soit dans l’industrie ou aujourd’hui dans les services on découpe chaque processus en tache élémentaire, on définit chaque procédure, on définit chaque relation entre les acteurs. Autant dans la logique le résultat d’une approche aussi rationnelle devrait être l’efficacité, autant dans les faits la souffrance psychologique est au rendez-vous : chaque personne devient un pion avec une liste de tâches bien précise. Cette approche détruit l’environnement propice à la personnalisation du travail indispensable à l’identification et donc à l’implication de l’individu.
Au-delà de la volonté de rationaliser le travail, un élément plus pervers s’est immiscé dans cette logique : La méthode ci-dessus à comme autre avantage pour les entreprises de pouvoir mettre en compétition les salariés entre eux parce qu’ils deviennent plus facilement interchangeables.
Volontairement ou non, les entreprises ont mis en place un système qui fragilise psychologiquement les employés. La porte est alors ouverte vers une pratique de plus en plus courante : on dénigre le travail réalisé. La seule bouée de sauvetage psychologique est mise à mal. On voudrait mettre la tête sous l’eau de quelqu’un qui se noie que l’on ne procéderait pas autrement.
Quels sont les échappatoires pour l’employé ? Il n’y en a pas.
Même la dernière porte de sortie, le travail indépendant, a été scellée : Les charges, le pouvoir des grands groupes ne font de vous qu’un autre esclave.
Le monde du travail n’est plus un lieu de réalisation de soi, il est devenu pour beaucoup l’enfer.
Et maintenant ? Des gestes désespérés.
On le lit, on le voit : sucides, violences au travail. Un système qui implose.
Pour se protéger psychologiquement il ne faut plus s’identifier à son travail, et donc ne plus s’impliquer. Hors il est bien connu qu’une coopération entre individu ne fonctionne vraiment que quand la majorité de ses membres y adhère. Sans cette motivation le système ne tient plus car il a perdu son sens pour la majorité des acteurs.
Ce système ne pourra tenir longtemps, car ces souffrances invisibles, sont de plus en plus violentes. La crise et la pression toujours accrues des entreprises ne vont pas améliorer les choses.
Pas étonnant que de plus en plus de monde veuille désormais que cela change (sans forcément savoir pourquoi). Beaucoup de gens espèrent la chute du système, une révolution, pourquoi pas la guerre !
Tout est bon pour changer ce monde de souffrance.