Les cocus de la petite reine
Ils y ont cru ou, ou feint d’aimer y croire parce que ça les arrangeait, au mythe du coureur cycliste qui a gagné sept tours de France en montant parfois des cols à la vitesse d’un vélomoteur.
Ils l’ont aimé, adulé, encouragé ce surhomme guéri d’un cancer et qui caracolait en tête du peloton et empêchait toute velléité d’échappée de concurrents dangereux.
Ils l’ont aimé sans doute plus à ses débuts qu’au bout du 5 ou 6ème tour gagné et l’ont voyait poindre çà et là sur la route des commentaires peu amènes sur les soupçons de dopage ou bien on commençait à entendre des insultes lancées au passage de ce « sportif » qui écrasait tout de son « talent » en ne laissant que quelques miettes aux autres.
Et puis voilà, ce « sportif » soupçonné de dopage, cerné par les procédures depuis plusieurs années a jeté l’éponge pleine d’EPO en annonçant qu’il renonçait désormais à se battre contre l’USADA, l’agence américaine qui lutte contre le dopage. Une sortie de route peu glorieuse, puisque qu’elle serait motivée selon les commentateurs, par le risque encouru par le « champion » de sanctions pénales par la justice américaine qui n’aime pas trop le parjure.
Voilà pour les faits.
Quel sera l’impact de cette affaire sur le sport cycliste ? On reste dubitatif à l’écoute des premiers commentaires, ceux tout d’abord des compagnons de peloton du tricheur qui sont d’une prudence extrême, à tel point que ce sont plutôt ceux qui confirment les malversations qui seraient considérés comme des renégats.
Les commentateurs sportifs ne sont pas en reste et certains n’hésitent pas à affirmer que cette affaire pourrait ne pas être défavorable au cyclisme qui « poursuit sa révolution, sa mutation,…. On aimerait y croire, mais on a du mal lorsqu’on regarde les intérêts économiques et financiers qui écrasent toute volonté de faire le ménage. Nous ne sommes même pas certains que l’Union Cycliste Internationale s’alignera sur les conclusions de l’USADA. Quant à la société organisatrice du tour de France par exemple, elle se contentera de renvoyer la patate chaude vers la fédération et les pouvoirs publics pour continuer à faire son petit commerce très rentable tout en continuant à se pincer le nez.
Qu’est donc devenue cette épreuve sportive populaire ? Un documentaire télévisé chiant devant lequel on s’endort tellement il ne se passe rien, où l’on voit entre deux ou trois coureurs échappés pour faire plaisir au sponsor mais qui seront invariablement repris à trois kilomètres de l’arrivée, et quelques châteaux ou manoirs décrits de manière monotone par Jean Paul Ollivier. Il faut bien intéresser les téléspectateurs par autre chose puisqu’il ne se passe quasiment rien sur la route.
Le summum des retransmissions, ce sont les étapes de montagne, dans lesquels les évènements de course ne sont que rarement les échappés mais les lâchés dont on filme complaisamment la détresse et la horde de supporters beuglants déguisés ou parfois en slip et qui agitent frénétiquement des étendards ou des pancartes aux libellés indigents confectionnées à la hâte après l’apéro au cul du camping car.
Je m’emmerde devant le tour de France retransmis à la télé, mais je dors bien et c’est déjà cela.
Ce défilé commercial, cette fête à neuneu et cette course aux tricheurs que l’on absout trop rapidement et qu’on ne dépiste que mollement, qu’est devenu le Tour de France, ne doit pas faire oublier qu’il y a chaque année des amateurs qui exercent le sport cycliste de manière saine et participent aux courses locales aux enjeux exclusivement sportifs et qui participent au lien social local. C’est là que se trouve l’âme sportive, pas dans les shows médiatiques formatés, pipés et destinés à endormir le spectateur.
C’est la même chose pour beaucoup d’autres sports. La tricherie, les comportements décalés de gamins trop rapidement enrichis, l’esquive fiscale existent aussi dans le foot, le tennis ou les sports mécaniques pour ne prendre que ces exemples.
L’image du sport s’en trouve dégradée et c’est bien dommage : les cocus sont nombreux et ils ne sont pas toujours conscients de leur infortune.
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