Les nouveaux célibataires : mythes et réalités
Autrefois perçus comme une tare, le célibat est devenu un phénomène de mode. Associé à des valeurs de liberté, d’aventure et de non-conformisme, les “nouveaux” célibataires attirent toutes les convoitises. On les dits riches, jeunes et beaux, ils sont d’ailleurs la cible privilégiée du marketing. Vous noterez d’ailleurs qu’on ne dit plus célibataires mais solistes.
Mais est-ce réellement un choix de vie ou le nombre croissant de célibataires ne fait-il que refléter notre solitude grandissante ?
Le célibat en constante augmentation
Le nombre de célibataires ne cesse d’augmenter en France. Les derniers chiffres de l’Insee, publiés en 1999, faisaient état de 7,4 millions de célibataires ! Mais pour obtenir le chiffre réel de nombre de personnes ne vivant pas avec un conjoint, il convient de rajouter les quelque 2,5 millions de veufs, les 1,1 millions de divorcés et les 1,8 millions de familles monoparentales.
Au total il y avait donc en France 12,8 millions de célibataires en 1999. Ce chiffre est aujourd’hui aux alentours des 14 millions. Une personne sur trois vivant dans les grandes villes de France est célibataire !
Pour couronner le tout, on pourrait ajouter qu’un mariage sur trois se solde par un divorce, ce chiffre monte à un sur deux dans les grandes villes.
Célibataires : une cible marketing
Face à ces chiffres impressionnants, les grandes marques ont accordé une importance particulière aux célibataires. Allant du plat cuisiné pour une personne dans les supermarchés aux voyages et vacances spécialisées, la société de consommation s’est adapté à cette nouvelle “cible”.
Plus que s’adapter, le marketing à façonné l’image des nouveaux célibataires, en commençant par les renommer : les solistes. On peut observer ici un parallèle avec les personnes âgées désormais nommés les “seniors”. Le marketing a réussi pour ces deux types de population à rayer l’impression négative pour en donner une image enviable grâce à tout un ensemble d’artefacts.
Et ça marche ! Les célibataires, euh oui pardon les solistes, qui étaient autrefois marginalisés sont aujourd’hui portés en triomphe en raison dit-on de leur “esprit libre”. Le 13 février est désormais rebaptisé “Fête des Célibataires” pour rivaliser avec la Saint-Valentin. De nombreuses séries TV (visant surtout un public féminin) leur sont consacrés comme Sex in the City.
Et il est vrai que les célibataires sont de grands consommateurs : ils sortent plus, fréquentent plus souvent les salles de gym et les salons de beauté, achètent plus de vêtements. Bref, une véritable aubaine pour les marketeurs !
Dans l’idéologie populaire le marketing a donc réussi à faire du célibataire une personne branchée, très au fait des nouvelles tendances, amateur de culture et d’art qui prend soin de son corps et dont la philosophie se résume en deux mots : liberté et aventure.
Une réalité un peu moins vendeuse...
Mais à y regarder de plus près, il semble que le célibat ne soit pas seulement synonyme de fête, de bonne humeur et d’aventure... En réalité seules 2 % des personnes choisissent délibérément d’être célibataires. Près d’un célibataire sur deux souffre à l’idée de n’avoir personne. Selon certaines études, on observe d’ailleurs que le célibat entraîne fréquemment une perte de confiance en soi qui a pour effet de prolonger la durée du célibat. La moitié des célibataires le sont depuis plus de trois ans.
Pire encore, le célibat semble avoir des conséquences négatives sur la santé. Les célibataires ont en effet des risques plus élevés de développer des maladies physiques ou psychiques. Les principaux signes observables sont le trouble du sommeil, le comportement apathique et la tendance à boire et à fumer plus que de raison. Le célibat pourrait même réduire l’espérance de vie des hommes de huit ans !
On est bien loin des créations marketing d’un célibataire bien dans sa peau, croquant la vie à pleine dents et vivant d’aventure en aventure...
En résumé, on peut dire que le célibat est désormais accepté dans les règles de notre société, et pour cause, près d’un adulte sur trois vit seul ! Le célibat revêt en effet un certain nombre d’avantages en raison de l’absence de contraintes manifestes. Le célibataire a tout loisir de rentrer à l’heure qu’il veut, de se comporter comme bon lui semble, de faire le type de rencontre qu’il souhaite, etc.
Néanmoins, il s’agit de rester vigilant face aux concepts marketing simplistes et racoleurs. Le célibat est plus souvent la conséquence d’une soumission à la solitude qu’un réel choix de vie et caractérise à certains égards le mal de vivre de notre société.
Sources : Arte, Le Nouvel Observateur
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