Mariage distancé
La différence d’âge entre les époux ne fait plus l’exception. Problème ou éblouissement de notre époque ?
Le 19 février 2006, Michel Drucker recevait Francis Perrin dans son émission « Vivement Dimanche ».
La carrière bien remplie de cet acteur au cœur tendre et au rire
généreux nous était montrée. Son épouse, Gersande Perrin, faisait
partie des invités. La différence d’âge des deux époux était bien
visible sans être exagérée. Son entrée en scène fut précédée par
l’interprétation d’une chanson émouvante composée par elle à l’adresse
de son mari. Nous ne vieillirons pas ensemble a fait fondre celui-ci
et l’émotion était forte sur le visage ridé par les rires habituels de
Francis. Sujet humain, intimiste que celui-là. Sujet de notre temps,
plus que par le passé ou qui passe mieux l’anonymat. Le show-biz
dénombre beaucoup d’exemples : Roger Hanin, Renaud ont
refait leur vie en passant par cette alternative. Il est parfaitement
vrai qu’une différence d’âge importante entre des époux en début de vie
n’aura pas les mêmes conséquences qu’aux moments plus avancés de l’aîné
des deux. Le sexe (car, il faut bien parler de lui quelque part) n’aura
plus le même degré de sensibilité dans la deuxième partie, c’est un fait.
La pertinence de l’amour en commun, les conciliations auront aussi en
principe plus d’efficacité (à part dans des cas repris dans le film « Le chat » qui fait réfléchir) dans cette même période.
La différence d’âge entre conjoints est souvent une cure de sourires sinon de rires pour les commérages. Ceux-ci, sous le couvert du manteau et d’innocences, partie des révélations et de on-dit n’ont pas fini de défrayer toutes les chroniques de quartiers. La rumeur est souvent imprégnée de sottises, de faux-semblants.
Des
quiproquos loufoques sont aussi du parcours lors de la présentation de
la famille ainsi constituée qui suivra immanquablement. Des
situations des plus savoureuses peuvent se produire, en effet, quand la
jeune fille doit présenter l’heureux élu aux parents qui se sentent,
eux, tout à coup, revenus... dans le coup.
Comme il faut que jeunesse (laquelle ?) se passe, il faut bien avoir des sujets grésillants à se mettre sous la dent. Cette différence est malgré tout plus acceptée avec un homme plus âgé et la femme, sa cadette. Serait-ce pour combler la différence de maturité de l’homme ? (oui, dites-le, Mesdames...) La femme qui « se paierait » un plus jeune, on parle de manière péjorative de gigolo. (Comment ?)
Très peu analysé, psychologiquement et mis au grand jour, ce problème, si problème il y a, ne se fait écho que dans les journaux à sensations. D’abord confiné, il est vrai, dans les milieux aisés du show-biz et du cinéma, il se répand progressivement dans les étages moins huppés. Tous les amours sont possibles. Il est possible sans préjugés ni mensonges, mais il faut en annoncer la couleur.
Fana de citations, je les prendrai comme charpente à ce billet qui n’est pas toujours « doux » dans toutes les approches possibles.
« Chez l’homme, je cherche le chic, le chèque et le choc », lançait Alice Sapritch qui n’était pourtant pas une reine de beauté comme d’autres collègues du cinéma et du théâtre.
Belle entrée en matière que celle-là ! C’est vraiment un programme à multiples facettes plein d’idées opportunistes.
L’âge du partenaire ne serait plus le vrai problème dans ces conditions.
« L’argent ne fait pas le bonheur » est-il encore bien adapté quand il contribue grandement à son aboutissement en l’occurrence ?
Alors, pourquoi s’arrêter en si bon chemin et restreindre un potentiel de choix quand une extension sans limite apporte plus de résultats ?
« Un de perdu, dix de retrouvés » est une phrase de circonstance en rapport avec la grandeur de l’événement du mariage. Eddy Barclay, s’il était encore de ce monde, ne contredirait pas cet adage. Mais le coût des « opérations » n’a pas été perdu pour tout le monde, ni pour toutes dans ce monde. En fin de parcours, les avoirs avaient été dissipés dans des coffres dont les prête-noms étaient peut-être bien fictifs par la suite.
L’histoire de Jacques Yves Cousteau a été aussi un modèle du genre de l’incompréhensible et de l’incompressible légèreté de l’âme !
Mais, malgré ce que pense la plupart, tout n’est pas toujours qu’argent, heureusement. L’âme sœur n’est pas nécessairement là où on la cherche naturellement. Par un échange de « bons procédés », la rencontre inédite teintée de différences notoires peut mener à l’aube d’une idylle très tendre.
Une différence d’âge plus importante que celle attribuée à un retard physiologique bien connu de maturité par rapport à la femme, peut faire apparaître un handicap. Mais, pas toujours. D’ailleurs quelles limites restent dans le domaine de l’acceptable ? Rien n’est moins sûr. Une génération ? Deux générations d’entrechats ? Nous sommes vraiment dans le domaine des cas particuliers.
Une situation mieux assise par une carrière déjà remplie, apporte évidemment, à la compagne, confort et sécurité perdue dans les souvenirs du père.
Si celle-ci est très jeune et vient de quitter le giron du papa, l’image très tendre qui en résulte peut appeler l’élue à des sentiments qui préconisent un certain paternalisme de remplacement.
Lui, de son côté, est prêt à accorder ce qu’elle désire de bon cœur. Un peu macho, sa fierté de la conquête « interdite » fait toute la contrepartie. Son ego de dompteur reprend du galon. « Sa valeur marchande » est, tout à coup, redevenue intacte. Séduire aussi avant qu’il ne soit trop tard.
L’équilibre est encore moins difficile à réaliser si l’union se fait encore relativement jeune pour les deux.
Les
soucis auront tout le temps de poindre avec le temps et l’usure
irrémédiable de celui-ci. L’écart ne se creusera évidemment jamais
quantitativement mais, plus tard, qualitativement et physiquement.
« Tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes ». Il n’y aurait donc aucun « lézard » et la morale serait sauve.
Elle le serait beaucoup moins quand cette fraîche union est précédée par une rupture avec un passé toujours bien présent. Si, le « démon de midi » survient et que l’esprit s’échauffe à la vue de toute jupe un peu trop courte, il y a plus à se poser de questions. Le désir de conquête n’est plus vraiment seul dans le parcourt et des dégâts irréparables se pointent. « Changement de viande exciterait-il toujours l’appétit ? »
Le phénomène peut très bien être inversé, d’ailleurs. Des dames d’âge mûr peuvent avoir des envies de rajeunissement. Les charmes et la tendresse ne sont plus limités au seul sexe dit « faible ».
France2 dans Envoyés Spécial du 6 avril 2006 en parlait avec son reportage « Gambie : charters de l’amour ».
Le film « Vers le Sud » avait pour thème ce genre d’aventure d’aujourd’hui.
« Trop jeune pour moi », programmé à la télé en cette fin de juillet, c’était la dame qui avait un peu plus d’heures de vol que le médecin qu’elle convoitait sans oser le dire pour refaire une vie qui s’effilochait.
Dans le registre inversé, un autre film, « Tout peut arriver », faisait rire avec le personnage bien campé de Jack Nicholson en phallocrate sexagénaire friand de jeunes filles.
À ce sujet, les agences de voyages jouent également le jeu à fond. Les célibataires sont le nouvel enjeu et leur offrent des formules « adaptées » pour voyageurs en solo. Sous le couvert d’explorations « classiques » culturelles, de découvertes et en se défendant souvent de marcher sur les plates-bandes des « agences matrimoniales », ces agences jouent pratiquement la carte de la rencontre un peu moins « fortuite » entre des âmes en perdition. Formule à thèmes ? Formule qui resterait encore marginale en Belgique mais un peu moins en France. Sur 13 millions de célibataires français, 70 % estimeraient que le voyage est le cadre idéal pour trouver un partenaire.
Internet, c’était parfois la « mise en bouche » en restant très virtuelle. Il faudra toujours avoir des choses plus « physiques » à raconter au retour, non ?
Mais, comme chantait Serge Reggiani, s’ « Il suffirait de presque rien », cela se saurait.
Pour remédier les affres du temps, pour paraître, le besoin de rafraîchir une « façade », d’effacer une ride disgracieuse se fait sentir alors du côté de la « malchanceuse », la moins gâtée par l’âge. Un rajeunissement en surface peut huiler certains rouages internes endormis. Le miracle de l’esprit opère parfois mieux qu’un placebo.
La chirurgie esthétique est aussi venue bien à propos à la rescousse pour cet office de secours des âmes en peine. Le business est plus que fructueux. La cure de jouvence ne restaure pourtant pas tout et l’oublier serait ridicule. « Une belle carrosserie » ne fait jamais avancer le moteur qui toussote. Il faudra toujours que la « jeunesse intérieure » se passe et l’âge n’a pas vraiment d’importance.
Une cynique conclusion aurait voulu lancer l’idée qu’ « il vaut mieux vivre seul que mal accompagné » ou de cette rengaine bien connue : « il vaut mieux être riche, beau et bien portant que pauvre, laid et maladif ».
Trouvez bien tard « chaussure à son pied », c’est bien. Il faudra seulement se donner l’objectif que ce ne soit pas une savate ou une pince sans rire.
Le « Tu t’laisses aller » du grand Charles, a tout de suite été enchaîné par la version féminine d’Annie Cordy, sa complice de toujours.
Autre part, je lisais un article dont le titre du début « Nous ne vieillirons pas ensemble » revenait, mais cachant un autre aspect de la vie de couple. Cette fois, le chapeau révélait que le nombre de mariages rompus chez les plus de 60 ans était en constante augmentation. Quarante ans de vie commune ne serait plus une raison du sine qua non de la vie en « vieux couple ».
Aille... Vivre chacun de son côté semblerait, donc, aux yeux de ces seniors comme la panacée nouveau format. Se reprendre en main était invoqué comme sauvetage à la lassitude. Les enfants, traits d’union, ne seraient plus à la maison pour chauffer la colle. ARTE en parlait et relevait la barre en pourcentage de 28 % chez les femmes, 39 % chez les hommes. Les quinquas se payeraient cette « folie » à plus de 50 %.
Le dialogue et la passion auraient-ils quitté les sexas en période de remise en question ? La retraite est souvent un catalyseur du phénomène. Les 24 heures sur 24 de présence en commun, les possibilités de reconstruire la jeunesse de l’apparence pour séduire sont des incitants nouveaux portés par la publicité. La femme plus jeune ne serait dans ce cas plus nécessairement la cerise sur le gâteau.
Le « Papy boom », contrat rempli avec le travail de parents, permet des ouvertures qui ne sont pas nécessairement de tout repos dans cette vision d’une deuxième, troisième vie. Les femmes, par exemple, restent les parents pauvres de la reconstruction. Deux fois plus d’aventureuses que d’aventureux restent en rade. La dernière Saint-Valentin avait donné l’idée d’en faire des statistiques. Une personne sur sept vit dans la solitude sans réelle vie affective ou sexuelle. Chiffres qui sont aussi en continuelle augmentation. Les célibataires endurcis seraient 38 %, incluant les « faux » esseulés pour raisons fiscales.
Tout âge confondu, la Belgique a, paraît-il, une place de tête dans les changements de cap avec trois divorces prononcés contre quatre mariages. Bon business aussi pour les avocats.
Mais, l’herbe n’est pas plus verte ailleurs, dit-on. Les expériences restent une affaire de labos et pas à l’extérieur sans les fonds nécessaires. Si l’aventure, c’est l’aventure, la vie en rose ne durerait-elle qu’un jour à la Saint-Valentin. Non, mais autant savoir, alors.
Et puis, au diable le qu’en dira-t-on, il faudra toujours laisser des sujets passionnants et plein de sentiments à tous les écrivains, les cinéastes et chanteurs de la Terre. On ne va pas refaire le monde, non ?
L’été est souvent le théâtre de la naissance de nouvelles amourettes. Cet article intimiste, un peu « presse du coeur », avait donc sa place dans nos cancans habituels, cette fois, avec un peu plus de bouteille en plus dans le regard !
Un article récent sur Agoravox « Relations sexuelles : qu’est-ce qui nous motive ? » vient étayer mon billet de manière plus scientifique et plus intime.
Une vie de couple, c’est surtout « à bas la routine ! », autant s’en souvenir.
Le mot « couple » recherché sur Wikipedia m’a inspiré de manière humoristique en mélangeant les disciples.
Si je comprends bien, le « couple » serait : un ensemble de deux éléments qui dans un effort de rotation arrivent à une résultante nulle mais avec un rapport à un point non nul et dont les pièces de structure symétrique joignent la quille au plat-bords, mais en se rappelant qu’il faut disposer de deux avirons pour ramer mariés ou de manière équivalente en libre surtout en temps de ’pax’.
Tout un programme en somme !
« La maladie d’amour » restera toujours autre chose qu’une maladie.
« Non, rien de rien. Non, je ne regrette rien » chantait la Môme Piaf.
Je crois que je peux, cette fois, signer :
L’enfoiré,
-
"Je dois avouer que lors de mon divorce, les torts étaient partagés. 50 % des torts à ma femme et 50 % à sa mère.", François Olléry
-
"Voulez-vous savoir ce qui fait les bons mariages ? - les sens dans la jeunesse - l’habitude dans l’âge mûr - le besoin réciproque dans la vieillesse.", Duc de Lévis
-
"Les épouses sont les maîtresses des jeunes gens, les compagnes de l’âge moyen et les garde-malades des vieillards.", Francis Bacon
-
"Ne dites pas du mal de la masturbation. Après tout, c’est une façon de faire l’amour avec quelqu’un qu’on aime", Woody Allen
-
"La différence entre l’amour et l’argent, c’est que si on partage son argent, il diminue, tandis que si on partage son amour, il augmente. L’idéal étant d’arriver à partager son amour avec quelqu’un qui a du pognon", Philippe Geluck
-
"Je préfère glisser ma peau sous les draps pour le plaisir des sens que la risquer sous les drapeaux pour le prix de l’essence." Raymond Devos
49 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON