Mariage et adoption pour tous : la France est-elle vraiment laïque ?
Depuis 1905, la France a une loi imposant la séparation des Églises et de l'État, interdisant à l'État de reconnaître ou de financer la moindre religion. La loi de 1905 définit clairement le principe de la non-intervention du gouvernement dans la sphère religieuse et la non-intervention de la religion dans le gouvernement.

Lorsqu’il était candidat à l’élection présidentielle, François Hollande avait promis de défendre et de promouvoir la laïcité. Dans son engagement 46, il proposait d’inscrire les principes fondamentaux de la loi de 1905 sur la laïcité dans la Constitution en insérant, à l’article 1er, un deuxième alinéa ainsi rédigé : La République assure la liberté de conscience, garantit le libre exercice des cultes et respecte la séparation des Eglises et de l’Etat, conformément au titre premier de la loi de 1905, sous réserve des règles particulières applicables en Alsace et Moselle.
En ce qui concerne l’ouverture du mariage et de l’adoption pour les couples de même sexe, on peut se poser des questions légitimes sur cette séparation des Eglises et de l’Etat. Pourquoi Christiane Taubira, ministre de la Justice, est-elle en concertation avec les représentants des religions ? Rappelons qu’il s’agit du mariage civil, le seul légalement reconnu en France, et de l’homoparentalité. Sujets qui, selon le bon sens, ne devraient pas concerner les religions.
Dans une interview accordée au quotidien Vosges Matin, samedi, Monseigneur André Lacrampe (Non, ce n’est pas une blague, c’est vraiment son nom…), Archevêque de Besançon, confirme que le gouvernement est bien en concertation avec les responsables des religions. Il va plus loin dans ses propos car il prétend que l’Eglise catholique intervient au nom de « l’homme et de la société » : Il y a, à ce jour, une concertation entre le ministère de la Justice, les associations concernées, les représentants des religions, dont la Conférence des Evêques. Dans l’opinion publique, ce débat existe déjà, largement entretenu par les médias. Mais je considère que l’enjeu d’une telle réforme demande un débat plus large et certainement plus long en nous inspirant, par exemple, du modèle de la réflexion menée à propos de la révision des lois bioéthiques. Evêques, nous n’intervenons pas seulement au nom de la foi chrétienne et pour les catholiques, mais au nom de l’homme et de société. Le couple homme-femme, la cellule familiale structure la société. Il me paraît donc nécessaire d’ouvrir un large débat de société pour que puissent s’exprimer les divers arguments qui éclaireront les consciences et prépareront les choix. J’attends, comme bien d’autres, de disposer de plus amples éléments constitutifs de ce projet de loi qui doit contribuer à améliorer la qualité du « vivre ensemble ».
Le reste de l’entretien reprend tous les « arguments » déjà maintes fois répétés, comme des litanies, par les nombreux religieux qui ont déjà pris la parole sur ce sujet. Il n’apporte rien de nouveau. L’Eglise continue de mener des combats d’arrière-garde. Le cardinal Carlo Maria Martini, décédé il y a peu, et qui était considéré comme un progressiste avait dit : « L’Eglise est en retard de 200 ans ». L’actualité récente lui donne raison.
Dans un pays laïc comme la France, la question se pose : le gouvernement doit-il prendre l’avis des responsables religieux avant de légiférer sur des questions sociétales ? Et surtout, doit-il en tenir compte ?
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