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Accueil du site > Actualités > Société > Nécessité de dépasser une vision trop utilitariste des études

Nécessité de dépasser une vision trop utilitariste des études

Je souhaiterais en écrivant cet article susciter un débat quant aux finalités des études.
 
En effet, je constate avec dépit que la finalité prépondérante assignée aux études constitue les perspectives salariales qu’elles procurent.
 
Ainsi, régulièrement des magazines destinés aux jeunes consacrent des dossiers aux débouchés des études et leur critère prédominant pour définir la "valeur" d’une filière est le salaire moyen net quelques années après la fin du cursus scolaire.
 
Plus globalement, la presse généraliste lorsqu’elle s’intéresse aux études supérieures met en exergue les choix de poursuite d ’études judicieux en se référant uniquement aux perspectives professionnelles et financières procurées par les différents diplômes.
 
Enfin, les acteurs politiques ou économiques ne cessent d ’exhorter les jeunes à se diriger vers les filières lucratives et pourvoyeuses d ’emploi et stigmatisent plus ou moins explicitement l’orientation vers des domaines universitaires jugés inadaptés aux besoins de l’économie.
 
Cette hiérarchie des filières et des diplômes en fonction des seuls critères professionnels et économiques est intériorisée par les familles mais également par une partie du corps enseignant, ce qui amène logiquement à un renforcement constant de l’utilitarisme scolaire.
 
Celui-ci se développe des le plus jeune âge et a pour conséquence un désintérêt plus ou moins prononcé pour le gout de l’apprentissage intellectuel "désintéressé".
 
Ainsi, les collégiens, lycéens et étudiants sont obnubilés par leurs notes, leur orientation, en ayant pour seul critère de réussite, le statut socioéconomique auquel ils pourront accéder selon la qualité de leur parcours scolaire.
 
Je ne dénie pas l’importance qu’il faut accorder aux débouchés professionnels et aux possibilités salariales dans les finalités assignées aux études, mais je m’insurge contre la primauté excessive qui leur est conférée au détriment du goût de l’apprentissage intellectuel, de l’enrichissement permanent de l’esprit critique, qui sont pourtant des conditions indispensables de la formation de citoyens libres, éclairés et équilibrés.
 
Je déplore par la même, la prégnance de plus en plus exacerbée des valeurs d’inspiration néolibérales dans le système éducatif.
 
Or, il est pour moi fondamental que l’école, tout en prenant en compte la necessité de favoriser l’insertion professonnelle des jeunes et de leur apporter une connaissance minimale du monde de l ’entreprise sans diaboliser a outrance celle-ci, conserve son indépendance par rapport à cette derniére.il est impératif que l’école contribue a la formation de citoyens éclairés, pourvus d’un véritable esprit critique. Ceci implique de résister aux injonctions émanant d ’acteurs politiques ou économiques visant au formatage d ’individus acquis aux valeurs ultralibérales et au mode de fonctionnement des entreprises qui en résulte.

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8 réactions à cet article    


  • sleeping-zombie 1er août 2009 09:46

    Je suis d’accord avec ce que tu dis là, j’ai fais 5 ans de maths après le bac, et comme je voulais pas faire prof j’ai fais chômeur (enfin, pas un vrai, n’étant pas indemnisé j’étais dans aucune statistique).
    Je regrette pas pour autant.

    Toutefois quand tu dis "Ainsi, les collégiens, lycéens et étudiants sont obnubilés par leurs notes...« tu généralises un peu trop, y en a encore pas mal qui se lancent dans des études par intérêt pour la discipline en question, ou pour l’apport social de la branche naturelle des débouchés. Y a encore des gens qui veulent faire AS (assistant social), pourtant c’est pas connu pour être bien payé...

    Mais si tu étais à la place »des magazines destinés aux jeunes consacrent des dossiers aux débouchés des études« , ou »acteurs politiques ou économiques« , quel critère choisirais-tu pour évaluer la pertinence d’une filière donnée ? Notre société est encore organisée en théocratie monétaire et, a moins de changer ça, le revenu est officiellement l’unique moyen d’évaluer le bien du mal. (j’énonce, je n’approuve pas).
    Par exemple, récemment »on" s’est dit : rejeter du CO2, c’est mal. Par quoi c’est en train de se traduire ? par une contrainte financière.


    • Julius Julius 1er août 2009 12:08

      Pour une école qui « favorise l’insertion professonnelle », il est facile d’évaluer si elle fonctionne bien. - Les étudiants trouveront un emploi.

      Pour l’école. qui crée des « citoyens éclairés », l’évaluation est beaucoup plus difficile. Comment évaluez-vous si ces étudiants sont suffisamment éclairés ? Je crains que ces écoles utilisent souvent cet objectif comme excuse pour faible qualité et l’endoctrinement.


      • barbouse, KECK Mickaël barbouse 1er août 2009 12:46

        Bonjour, merci pour cet article qui pose un vrai débat, malheureusement dans un contexte ou la peur du chomage, et quantité d’autres aspects font qu’on peut en parler, cela ne changera pas grand chose au mouvement de fond.

        Mais néanmoins il est important de constater que la vision excessivement utilitariste des études tend vers une forme de dénie du plaisir d’apprendre des élèves,

        de la capacité de penser plus loin que l’accomodement direct avec l’usage du savoir pour accomplir une tâche, n’en reste qu’un conditionnement : j’apprend pour être actif, non pour pensé par moi même, et je fini par me confondre avec mon métier comme seul repère.

        Massivement cela engendre un rejet de la recherche fondamentale et de la culture générale, tout en détournant des talents capables d’aimer suffisamment un domaine du savoir pour en explorer les plus profonds rouages, vers l’exclusive assimillation et usage du savoir acquis, et souvent découvert ailleurs, vers une utilité directe sur le marché de l’emploi.

        Autant dire que l’utilitarisme excessif dans les études ne permet pas d’engendrer des innovateurs, des chercheurs autres qu’étriqués dans une sur spécialisation, et tout ce qui demande d’aimer une matière au delà de son besoin matériel de trouver un travail.

        Néanmoins il ne faut pas se voiler la face, depuis l’aube des temps les savoirs acquis sont testés, avalisé ou rejeter par les générations, et se détourner des savoirs « inutiles » et des confiances déçues pour trouver un emploi ne faisant plus montre d’efficacité avec le présent moderne,

        n’est que le réflexe normal d’une population qui,

        au delà du besoin de chacun de trouver un revenu d’autant plus vite que l’on est issue d’une famille qui ne peut payer de longues études, 

         n’utilise déja plus son histoire commune et sa culture générale apprise a l’école pour ce situer mais l’histoire écrite dans telle film, clip et série que « tout le monde a vue » en tel année, sans avoir eut besoin de faire l’effort de l’apprendre...

        amicalement, barbouse.
















        • mcm 1er août 2009 12:51

          « Néanmoins il ne faut pas se voiler la face, »

          C’est de l’humour ?


        • adeline 2 août 2009 22:06

          mcm petite crotte qui dévalue son propre peuple


        • c.d.g. 1er août 2009 21:55

          « a ceux qui nourrit de grec et latin sont mort de faim »
          C etait il me semble la preface de « poil de carotte » il y a un sciecle

          Je suis d accord avec l auteur sur le fait que c est bien d avoir une ecole qui ouvre des portes mais il ne faut pas oublier que la plupart des eleves devront travailler pour subvenir a leurs besoins-> qu il leur faudra une formation qui leur permettra de trouver un travail (facilement ?) et (bien ?) paye

          De meme, un pays qui ne produit plus rien est condamne a terme. On le voit bien actuellement avec les USA vivant au crochet de la chine


          • Stalker 1er août 2009 23:01

            @ Barbouse

            Beau commentaire, auquel je n’aurai qu’une chose à ajouter, c’est que beaucoup de ceux qui font des études trop spécialisées par utilitarisme sont souvent peu capables de faire autre chose et sont en fait bien moins avantagés qu’on pourrait le croire.


            • PhilVite PhilVite 2 août 2009 14:48

              Peut-être est-il temps de ranger vos (nos) illusions.
              Notre société n’a que faire de citoyens libres, éclairés et équilibrés. Tout au contraire, il lui faut des consommateurs conformes et conciliants (désolé pour la répétition consternante de la syllabe « con »).

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