Petite chronique ordinaire d’un précaire
Diplômé d’un master fondamental en géologie, je suis aujourd’hui professeur contractuel de SVT en collège, remplaçant le plus souvent des collègues en congé maternité. En parallèle, j’effectue activement une recherche d’emploi pour trouver dans mon secteur où j’ai un an d’expérience.
Lorsque je cherche un emploi de niveau bac+5, il faut avoir 5 à 10 ans d’expérience ou avoir un diplôme d’ingénieur et en descendant la barre à bac+3, les recruteurs me trouvent "trop" diplômé alors que je suis prêt à ne pas prétendre au delà d’un certain salaire, ne serait-ce que pour avoir de l’expérience dans mon domaine. Longtemps, je me suis demandé pourquoi, quels étaient les grains de sable dans l’engrenage.
Le premier correspond aux suppositions des chargés de recrutement, qui imaginent que les ingénieurs sont forcément les meilleurs alors qu’un étudiant de fac doit être nettement plus autonome et innove beaucoup plus en matière de méthodes de réponse à des projets. Le second est une dissimulation de la crise : ces offres qui demandent tant d’expérience sont là en réalité pour débaucher chez le concurrent. Dans ce marasme, les jeunes diplômés arrivent à grand peine à trouver des postes décalés avec ce qu’ils savent faire. Le grand danger à long terme est le suivant : lorsqu’il y aura des départs à la retraite, il faudra à un moment ou un autre aller chercher dans ce vivier de jeunes dont les compétences auront été stupidement gâchées pour des questions d’efficacité à court terme. Et là, il y aura une perte nette en cadres bien formés qui se traduira par un ralentissement des innovations de notre économie, sans vouloir jouer les prophètes de malheur.
Abordons à présent le cas de la formation dispensée en université. Elle n’est pas aussi mauvaise qu’on le prétend, peut être même la meilleure mondiale. Alors pourquoi considère-t-on ceux qui sortent de fac comme des fainéants ? Ce sont justement ces derniers qui ont été écrémés les premières années. Pourquoi laisse-t-on des jeunes s’engager dans des master fondamentaux quand on n’est pas sûr de leur donner un thèse après ? Mieux vaut filtrer à l’entrée du master et avoir des financements pour chacun après tandis qu’on complètera la licence par une année d’insertion professionnelle pour les autres.
Telles sont mes suggestions pour améliorer le système actuel.
Sources : Ingénieurs emplois, Emploi environnement, BRGM...