Pis-aller
Le classement Pisa vient de sortir. Le résultat qui place la France dans la moyenne internationale doit être interprété de façon dynamique : il sanctionne en fait un système irrémédiablement sur le déclin. Discutons quelques points à ce sujet.
Les conditions d’apprentissage des fondamentaux à l’école primaire sont catastrophiques. Toutes les personnes raisonnables savent cela. Qui, dans sa famille, n’a pas connu des ancêtres qui n’ont été que quatre ans à l’école et qui écrivaient dans un excellent français et sans fautes d’orthographe ? Qui n’a pas eu dans ses ancêtres, toujours avec seulement quatre ans au compteur quelqu’un qui savait faire des règles de 3 et des calculs de pourcentages ? Aujourd’hui, rien de cela et beaucoup d’élèves à qui l’on donne le BAC en sont bien incapables.
Bien entendu, avec « l’université pour tous », la perte de niveau à l’entrée se retrouve nécessairement à la sortie. Pis, le temps universitaire est très loin d’être suffisant pour rattraper le retard pris par rapport aux années « fastes » et cela s’accentue si l’on ajoute la mode délétère actuelle qui consiste à enseigner, en sus des matières fondamentales les sciences dites « molles » qui peuvent représenter, par exemple, jusqu’à une année sur trois que compte le cycle ingénieur. On peut considérer qu’un élève actuel a un retard de connaissances de trois ans environ par rapport aux années 70, et ce, en faisant abstraction à la fois de ses compétences en grammaire, en orthographe et ses capacités à faire un raisonnement mathématique.
Le constat étant catastrophique, venons-en aux raisons de cette Bérézina. Elles sont hélas très connues. Méthodes pédagogiques douteuses, comme la méthode de lecture globale par exemple, abandon de pans entiers du programme, comme la règle de trois, vocabulaire abscons en grammaire avec des notions douteuses et pas suffisamment analytiques, diminution drastique des horaires de matières majeures comme le français et les mathématiques avec, bien entendu, adaptation des contenus aux nouveaux horaires, complaisance dans les notations des élèves, niveau des contrôles au plus bas par rapport aux programmes, etc. On ajoutera à la « facture » une absence totale de discipline dans les classes, le collège unique qui entretient la présence d’élèves dans certaines classes qui n’ont rien à y faire, l’absence de travail à la maison requis (« clause » hélas demandée par les parents), etc. Bref ! Un manque de courage à tous les étages et une école laxiste de type « Jacques Martin » comme l’école des fans…
Mais revenons sur certains commentaires affligeants concernant le classement Pisa. Il reflèterait l’incapacité de l’école française à servir d’ascenseur social. Mais c’est faux ! Tout d’abord, il y a une grande hypocrisie en France. La Nomenklatura qui nous gouverne considère que seuls ceux qui font des études peuvent réussir. Cela est bien évidemment faux, archifaux ! Par ailleurs, on considère que l’égalité se joue à l’école, c’est-à-dire dès la naissance ou presque. Là encore, c’est faux ! L’école est là pour donner un minimum à ceux qui n’auront guère besoin d’autre chose dans leur vie de tous les jours, typiquement le programme de primaire de 1923 ! Pour le reste elle doit former une élite qui placera la France au plus haut niveau international ce qui se traduira par un PIB par tête bien supérieur à la moyenne et un positionnement favorable de notre pays dans « la division internationale du travail. Le problème de l’égalité devient alors celui de l’équité et le problème à résoudre est celui du partage équitable de la richesse créée contrairement à ce qui se passe actuellement. Et ce ne sont pas nécessairement les plus forts en thème qui gagnent le plus, même si bien souvent ils permettent à des profiteurs… D’en profiter !
Aujourd’hui, on a créé une classe d’âge médiocre au mieux, ce qui va conduire le pays à continuer dans la décroissance relative du PIB par tête et il n’y aura plus rien à distribuer.
Les choses sont donc simples, il faut, dans ce pays, devenir un peu sérieux : reconnaître que le système éducatif doit être performant par rapport à des buts fixés et raisonnables. Il doit former à la fois la population en général, mais sans sacrifier l’élite dont nous avons le plus grand besoin. Il s’agit d’amener chacun à son niveau de compétence maximal, dans un système efficace et sans concession et ensuite d’avoir une structure sociale qui sache exploiter collectivement le talent de chacun. Cette société doit être solidaire, à condition toutefois que chacun joue le jeu, l’élite comme les autres…
Quant à ceux qui depuis des décennies concoctent la pédagogie et les programmes scolaires, le mieux est de les virer, tout simplement, au vu de leurs résultats. Et pour les politiques, de droite comme de gauche, qui nous ont amenés à ces résultats tant économiques que scolaires, il est aussi grand temps de les virer ! Il fut un temps où, objectivement, les choses allaient quand même beaucoup mieux. En 1973 le PIB par tête en France était le deuxième mondial et s’il y avait eu un classement Pisa, il ne fait nul doute que notre résultat aurait été incomparable à celui d’aujourd’hui. Pour revenir en arrière, il suffit de supprimer les mesures démagogiques prises ces dernières décennies.
Mais courage rime-t-il encore avec Français ?
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