PMA, GPA - Il n’y a pas de familles homoparentales
Il n'y a pas de familles homoparentales, mais seulement des familles monoparentales à deux.
Le 1er août 2019, Christophe Beaugrand a annoncé son recours à la Gestation Pour Autrui (GPA) pour fonder une famille avec son compagnon Ghislain Gerin. Un an plus tôt, Marc-Olivier Fogiel avait confié avoir eu recours à la même pratique dans son livre « Qu'est-ce qu'elle a ma famille ? »
Pour nommer ce type de situation, qui explose depuis la loi sur le Mariage Pour Tous voté en 2013, l'expression de « famille homoparentale » a fait florès.
Mais qu'est-ce qu'une famille homoparentale ? Est-ce une famille comme une autre ou un nouveau modèle de famille ? Cette forme de famille a-t-elle un avenir ? Se pourrait-il qu'elle soit l'avenir même de toutes nos familles ?
Dans cet article, je défendrai l'idée qu'il n'y a pas de familles homoparentales à proprement parler, mais seulement des familles monoparentales à deux.
Réflexions sur un néologisme.
* * *
Qu’est-ce qu’une famille ?
Un foyer où grandissent des enfants élevés par leurs parents - c’est pourquoi le lieu où l’on place les enfants orphelins est appelé lui-même « foyer ».
Jusqu’à récemment, la plupart des familles étaient hétérosexuelles.
Un homme et une femme, c’était la définition du mariage qui mettait fin au célibat ; un papa et une maman qui désiraient se perpétuer, ça donnait un enfant et c’était la définition de la filiation.
L’enfant était ainsi l’union magique mais réelle de deux personnes en une. La filiation était réellement l’union de deux lignées. L'enfant est l'enfant de ses deux parents à la fois.
Une famille englobe donc un mariage et une filiation.
Dans les situations de divorce, la famille se disloque parce que le mariage se disloque. C’est important à comprendre, car le divorce ne disloque pas la filiation mais seulement le mariage.
Après un divorce, il y a un temps où les anciens époux sont seuls. On parle alors de famille monoparentale.
Ils peuvent ensuite reconstruire un foyer en rencontrant un nouveau conjoint. On appelle ça une famille recomposée. À noter que c’est donc le mariage qui est reconstitué, et que par conséquent on reparle de famille. La filiation, elle, n’a pas changé. C’est pourquoi le nouveau conjoint n’est pas un parent de l’enfant de l’ancien mariage, mais un beau-parent.
Le beau-parent appartient à la famille, mais n’est pas membre de la filiation. L’enfant lui reste étranger - quel que soit l'état de leur relation, bon ou mauvais.
Dans le cadre des familles recomposées, il y a deux situations possibles :
- Les deux conjoints font un nouvel enfant. Alors ils forment véritablement une famille, car l’enfant représente l’unité des deux parents. Il y a une filiation.
- Les deux conjoints ne font pas de nouvel enfant, mais chacun vient avec les enfants de son ancien mariage. Alors, selon moi, il y a famille recomposée, c’est-à-dire composée de deux morceaux d’anciennes familles.
Voilà le décor posé - mariage, filiation, famille, divorce, famille monoparentale et recomposée.
* * *
Qu’est-ce qu’une « famille homoparentale » ?
En fait, ce sont des familles monoparentales à deux.
Pourquoi ?
Parce que l’enfant qui transforme un mariage homosexuel en famille homosexuelle n’est le fruit que d’un seul des deux partenaires. Par exemple, dans la famille de Marc-Olivier Fogiel qui passe par la GPA, il n’y a qu’un seul donneur.
L’homosexuel, autrefois par définition célibataire, ne peut se reproduire que seul, par lui-même et pour lui-même - tout en exploitant un autre, à savoir une femme, comme matrice de gestation de son auto-filiation.
(L'argent donné à la femme n'a qu'un seul but : lui donner une compensation pour qu'elle accepte de s'exclure de la filiation de l'enfant, qu'elle a pourtant porté.)
L’enfant n’est donc l’enfant que d’une seule personne à proprement parler - la femme ne jouant qu’un rôle secondaire.
Le conjoint, lui, est toujours un beau-parent dans la famille homoparentale.
La filiation homosexuelle est paradoxalement une filiation célibataire, monoparentale.
Dans la « famille homoparentale », l’enfant n’est donc enfant que d’un des deux. L’enfant n’est pas l’union des deux. Il n’y pas de filiation partagée, mais une filiation unique à laquelle se greffe un beau-parent.
Les familles dites homoparentales sont donc en réalité des familles recomposées. Il n’y a pas d’autres familles homosexuelles que recomposées, que composées de composants étrangers l’un à l’autre.
Autrement dit, toute famille homoparentale est : soit une famille monoparentale, parce qu’il n’y a pas de conjoint, soit une famille monoparentale à deux.
L’homosexuel ne sort jamais du monoparental, car c’est sa filiation qui est intrinsèquement moniste.
Chez les hétérosexuels, la famille monoparentale intervient parce que le mariage est brisé ; mais chez les homosexuels, la famille est monoparentale à cause de la filiation.
Je propose d’appeler famille célibataire, une famille monoparentale par sa filiation.
Les familles homoparentales sont sont donc des familles célibataire, monoparentales même à deux.
* * *
La nouvelle forme de filiation qu'ouvre la filiation homosexuelle a-t-elle un avenir ?
Je pense que la filiation homosexuelle va devenir la règle à l’avenir. Les homosexuels sont en avance sur les évolutions de la société. Nous pouvons même parler de l’émergence de la famille célibataire.
C’est-à-dire qui n’aura jamais été conçue et désirée que dans la perspective de se perpétuer, mais seul. Et c'est pourquoi cette filiation a un avenir : car elle correspond exactement à l'état du lien social.
Chacun fera son enfant pour se perpétuer de son côté. Les relations amoureuses seront totalement étrangères à la filiation. J’aurai d’abord mon enfant et ensuite je me marierai. En rencontrant quelqu’un, nous nous présenterons réciproquement nos familles célibataires - seulement ensuite nous formerons une famille, une famille qui sera toujours recomposée, composée de deux familles célibataires.
Cela concernera aussi les hétérosexuels.
Ça commencera d’abord par les plus riches, car cette filiation permet de conserver facilement l’héritage, et ensuite ça s’étendra.
Au fond, ce qui s’annonce, c’est le triomphe de l’individualisme.
L’individualisme, comme catégorie métaphysique et politique et non morale, s’accomplira par la filiation célibataire et moniste.
L’individu engendrera un individu.
Le lien entre l’enfant et le parent n’aura peut-être jamais été aussi fort. Il appartiendra à la carte d’identité de son parent. Il sera son parent. Les origines ne seront plus de sang-mêlé.
À l’avenir, il n’y aura plus de famille, sauf célibataire et recomposée.
50 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON