Politique du logement : encore pire qu’avant !
En fait, on peut se demander si ce n’est pas une politique de non logement qu’applique la ministre Christine Boutin. Forcé de mettre en oeuvre la loi Dalo (droit au logement) votée sous Chirac, le gouvernement par son inaction risque de vider de sa substance ce nouveau droit et, pire, d’aggraver les inégalités de tous ordres. C’est ce que dénonce le rapport annuel de la Fondation Abbé Pierre.
A quoi bon avoir fait voter la loi Dalo si c’est pour ruiner les efforts du gouvernement Villepin qui l’a fait voter ? Si la Fondation Abbé-Pierre réclame un engagement financier fort de l’Etat, c’est bien parce que ce dernier se fait tirer l’oreille. Christine Boutin, en tête, pourtant ministre chargée du Logement, ne montre aucune volonté de rendre effectif le droit au logement opposable. Mieux, elle dénigre sa secrétaire d’Etat Fadela Amara en lui tirant constamment dans les pattes (voir notamment Le Monde 14.01.08 "Christine Boutin ne croit pas au plan banlieue de Fadela Amara"). "Moi je crois en la réponse beaucoup plus globale d’une nouvelle politique de la ville", déclare Mme Boutin dans un entretien au quotidien La Croix du 14 janvier, une manière de noyer le poisson, de repousser les échéances. Et d’afficher sa mauvaise foi car la politique de la ville est loin de faire des merveilles...
Le rapport annuel de la Fondation Abbé-Pierre dénonce "une politique sans ambition"
Depuis 2003, la Fondation déclare "la crise du logement la plus grave depuis cinquante ans". Cette alerte est à prendre au sérieux car le rapport de la Fondation est "devenu un ouvrage de référence", comme le rappelle dans sa préface le président de la Fondation, Raymond Etienne, grâce au travail "d’un groupe de chercheurs parmi les pointus du monde du logement". Et, chaque année, le rapport constate une aggravation de la situation du logement en France ! Il dénonce la "politique sans ambition" du gouvernement, qui n’apporte "toujours pas de réponse aux besoins sociaux", et risque de laisser au stade de principe la loi créant un droit au logement opposable (Dalo).
Mais la fondation n’est pas la seule à tirer la sonnette d’alarme
Les associations d’aide aux personnes démunies ont aussi fait part de leur déception, mardi 29 janvier, après la présentation par le Premier ministre de mesures qu’elles ont jugées largement insuffisantes, à savoir :
- l’attribution d’une enveloppe supplémentaire de 250 millions d’euros pour 2008 (les organisations associatives spécialisée avaient en outre évalué à 1,5 milliard d’euros l’effort financier à produire pour "initier une véritable rupture dans la politique de l’hébergement et du logement"). "Le compte n’y est pas", concluent-elles ;
- la création d’un poste de "super préfet" chargé de coordonner sur le terrain "toutes les actions de lutte contre les problèmes des sans-abri".
Ces propositions n’ont pas convaincu les associations, parmi lesquelles la Fondation Abbé Pierre, la Fédération nationale des associations d’accueil et de réinsertion sociale (FNARS), l’Uniopss ou les Enfants de Don Quichotte. Les 27 associations de solidarité font part de leur déception devant ces propositions qui "ne sont pas de nature à améliorer radicalement les conditions de vie des personnes sans abri et mal logées" et ne sont pas plus "en mesure de fluidifier l’ensemble de la chaîne qui va de l’hébergement au logement". "Au moment de passer aux actes, le gouvernement se dérobe", affirment-elles.
Face à un gouvernement dont les atermoiements ne semblent avoir d’autre but que de feindre des engagements pour mieux éluder l’application de la loi Dalo, et devant la non-prise en compte des constats alarmants qui vont s’aggravant, devant aussi cette sourde oreille aux propositions maintes fois réitérées, les associations ont prévu une mobilisation nationale pour le 21 février.
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