Procès en hérésie d’une archéologue turque
Aujourd’hui s’ouvre à Istanbul le procès de Muazzez Ilmiye Cig, quatre-vingt-douze ans, archéologue à la retraite. Dans son dernier livre, un essai politique intitulé Mes réactions de citoyenne, cette spécialiste de la civilisation sumérienne en Mésopotamie a écrit que le port du voile remontait à plus de 5000 ans, soit bien avant la naissance de l’islam. Elle a en outre précisé qu’il était alors porté par des prêtresses initiant de jeunes hommes à la sexualité. Un avocat, s’estimant "insulté", a porté plainte et l’auteure est jugée pour "incitation à la haine religieuse". Elle risque un an et demi de prison. Le sort fait à cette militante de la laïcité sera
observé avec une attention particulière, dans le contexte de l’adhésion annoncée de la Turquie à l’Union européenne. Le pire n’étant pas sûr, fort heureusement : récemment poursuivis pour "insulte" à la République turque, à ses institutions ou à l’identité turque, la romancière Elif Shafak a été acquittée et le nouveau prix Nobel de littérature, Orhan Pamuk, qui avait évoqué le génocide arménien, a vu les charges abandonnées contre lui. Une condamnation de Muazzez Ilmiye Cig viendrait ruiner ce crédit tout neuf de la Justice turque. Mise à jour : le procureur a estimé que "les éléments du délit n’étaient pas constitués", que les opinions défendues par l’archéologue ne mettaient pas en danger la sécurité publique, et les juges ont dès lors prononcé son acquittement, ainsi que celui de son éditeur, dès l’ouverture du procès.
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