Quand donc cessera ce Harcèlement ?

Coupez je vous en conjure.
Le téléphone sonne, nous sommes à l’heure de la pause méridienne ou du petit déjeuner, les malandrins qui viennent ainsi s'immiscer dans l’intimité des gens sans y avoir été conviés, ont calculé leur maudit coup de fil. Ils savent avoir beaucoup plus de chance d’y trouver oreille captive pour déverser leurs sornettes. Ils ont de plus renoncé à dissimuler leur provenance, sachant parfaitement que le signal « numéro caché » leur était le plus souvent fatal.
Ils viennent bruyamment interrompre le repas ou pire encore une sieste. Ils se permettent une effraction morale, un viol de l’intimité pour vendre des aspirateurs ou proposer une enquête bidon, prétexte à des propositions toujours malhonnêtes. Le pire c’est qu’ils provoquent à chaque fois un déplacement, un joli coup d’angoisse et un dérangement qui hélas, ne touche pas la ligne ! Saura-t-on un jour le nombre de cols du fémur brisés pour un appel inutile et vain ?
Si, quand on est jeune, on peut sourire de cette gêne sans importance, de ces quelques secondes de désagrément, vite oubliées, il n’en va pas de même pour les aînées, dont le téléphone est bien souvent le dernier lien avec le monde extérieur. D’ailleurs, la disparition des postes fixes chez les actifs leur épargne ce harcèlement du quotidien qui au final ne concerne désormais que ceux qui sont le plus en difficulté.
Quand donc, un législateur courageux osera prendre les mesures radicales pour clouer le bec à cette indignité absolue ? Sait-il le calvaire qu’endurent les personnes isolées quand le cœur battant, ils se dirigent vers la sonnerie qui les force à se précipiter dans leur maison, au risque de se blesser, pour entendre de tristes balivernes, de pitoyables propos commerciaux dont elles n’ont que faire, d’autant plus désormais, que notre Freluquet a réduit un peu plus encore ce qu’on nomme maladroitement « Pouvoir d’achat » alors que ce n’est plus qu’un « Pécule de survie ».
On nous a bercés d’illusion en nous promettant que nous ne serions plus jamais importunés. Il suffisait pour ça de signaler notre refus à un organisme qui répercuterait alors notre volonté aux annonceurs de tous poils. Vaste illusion que voilà, tous les moyens sont bons à ceux-là pour obtenir une adresse à moins qu’ils ne confient à un robot le soin de jouer de l’aléatoire pour semer leur venin mortel.
Nous devrions avoir la possibilité de signaler immédiatement l’origine de ce viol de l’intimité afin que soit, dans les jours qui suivent, mis un terme à l’activité de cet office de prostitution téléphonique qui vient vendre du vent dans notre propre maison. Mais pour cela, il faudrait du courage et la volonté de préserver la tranquillité du citoyen, exigence en contradiction avec la doctrine libérale qui veut que nous soyons d’abord des consommateurs en puissance qu’il convient de presser comme des citrons.
Essayez d’interroger les vieillards qui subissent ce martellement insidieux. Chaque appel est pour eux un calvaire tout autant qu’une mise en danger. Ils ne peuvent prendre cette distance méprisante que nous parvenons à tenir malgré notre exaspération. Ils se sentent véritablement agressés, ils ne comprennent pas comment leur numéro a été donné à ces malotrus. Ils vivent dans l’intranquillité permanente quand retentit la redoutable sonnerie.
Bien sûr, ceci n’est pas une cause essentielle, la vie de la nation n’en sera pas changée. Quelques sociétés devront renoncer à leurs bénéfices ou mettre un terme à leurs activités ce qui n’est pas du meilleur effet même si dans la plupart des cas, les plate-formes sont lointaines. Ce serait une mesure élémentaire de respect de l’individu, ce curieux personnage qui pense encore avoir des droits alors qu’il doit laisser la priorité à l’état, aux entreprises, aux administrations et à tout ce qui, pour des raisons économiques, passe avant la préservation de sa sérénité au nom d’une doctrine inhumaine.
Coupez à jamais le bec de cette activité honteuse. Pensez à tous ceux qui n’en peuvent plus d’être ainsi perturbés par des aigrefins si peu courtois que c’en est même ridicule. Téléphonie et liberté, voilà bien une loi qui s’imposerait à vous, messieurs et mesdames les législateurs si vous étiez un tant soit peu connectés avec le réel. Je viens ici vous tirer les oreilles avant que de vous botter le train si rien n’est fait en ce sens. Pardon, j’ai un appel qui me provient d’un numéro inconnu, je dois interrompre cette maudite sonnerie, elle va réveiller mon petit fils. Trop tard !
Plateformement leur.
Documents joints à cet article

50 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON