Quelle est la différence entre emploi et travail ?
Voici deux notions que nous avons facilement tendance à confondre. Et à tort vous vous en doutez. Car de cette confusion qui semble au départ peu importante, a découlé une nouvelle manière de penser mais aussi de présenter les choses aux travailleurs et à la population en générale, même celle qui ne travaille pas encore. Un petit rattrapage pour faire la différence entre les deux
De nos jours le travail occupe le centre de nos vies, on y passe des heures et c’est même lui qui nous définit la plupart du temps en tant qu’être humain. Lorsque vous rencontrez quelqu’un la première question sera souvent « qu’est que tu fais dans la vie ? ». Non pas ce que tu fais de manière générale, cela sous entend qu’est ce que tu fais comme métier. Ce qui occulte dès le départ vos passions, vos réalisations personnelles et autres domaines qui n’ont pas attrait au travail. Ce qui est assez réducteur. Si cela convient parfaitement pour certaines personnes, pour d’autre la question est tellement réductrice que s’en est ridicule.
Mais pire encore une personne au chômage, intermittente du spectacle ou ayant un poste peu reconnu aura des sueurs froides à la vue de cette question, et évitera dès lors tout contact avec des personnes qu’elle ne connait pas. Et pire encore ces mêmes personnes pourront cependant être dans des associations, être bénévoles pour distribuer des repas ou tenir une bibliothèque ou faire du soutien scolaire, cela n’aura pas d’importance face à cette question. Cela importe peu si le métier qu’ils exercent n’est pas à la hauteur des attentes des autres.
Et je ne vais pas vous mentir moi-même je me sens mal à l’aise devant cette question. J’exerce plusieurs activités en même temps, j’ai donc pris l’habitude de les énumérer tous à mon interlocuteur qui se trouve souvent désemparé du coup. Le malaise est inversé. Et à ce moment là on se rend compte que les gens ont du mal à accepter cela, car ils ne sont pas habitués, et que si une personne représente plus d’un métier cela déstabilise. On doit entrer dans des cases, du moins le plus que l’on peut, et je ne vous parle pas du moment où il faut se déclarer aux services d’état, qui souvent tombent à côté de la plaque. C’est ainsi que je me suis retrouvé catalogué informaticien programmeur, alors que j’étais graphiste-maquettiste. Le constat sera réducteur, mais aussi véridique si l’on réduisait cela à une équation : humain adulte = métier.
Les définitions
Au début de cet article je vous avais proposé de découvrir la différence entre travail et emploi. J’aurais pu ajouter métier. Et pour cela nous allons devoir nous pencher sur leurs définitions. J’ai consulté wikipédia et voici ce que l’on nous dit :
« Au sens économique usuel, le travail est l’activité rémunérée qui permet la production de biens et services. Avec le capital, c’est un facteur de production de l’économie. Il est essentiellement fourni par des employés en échange d’un salaire. Le processus d’entrée et de sortie de l’emploi se fait par le marché du travail. »
Nous retrouvons ici plusieurs notions intéressantes : rémunération, production, bien, service, employé et marche du travail. Un travail c’est donc lorsqu’une personne occupe un poste pour produire un bien ou un service pour un tiers (commerçant ou particulier). En échange de son temps il perçoit un salaire. Car oui lorsque vous êtes embauché vous vendez en fait de votre temps, et en fonction de vos compétences vous serez plus ou moins rémunéré, enfin en principe car souvent c’est l’employeur qui définit à l’avance le salaire car la négociation est rompue par une trop grande abondance de candidats sur le marché. Le marché voici une autre notion importante. Si l’on parle de marché ce n’est pas pour rien. Les employeurs disposent d’un vrai marché où les candidats viennent proposer leurs services contre une rémunération. Les candidats sont des produits. D’ailleurs sur la valeur qu’il produit il n’en touche qu’un pourcentage, car dessus il faudra retirer les charges salariales, mais aussi la marge que va faire la société qui l’emploie.
Du coup en suivant ce principe un indépendant n’est pas un salarié, logique, il ne perçoit pas de salaire. Il paie ses cotisations, rembourse ses emprunts, met de côté de l’argent qu’il pourra investir et ensuite se paie. Nous avons ici une route parallèle. Mais en échange ils produisent des biens ou des services. Contrairement aux actionnaires. Dont leur principe est d’acheter des actions dans une ou plusieurs sociétés, qui avec ces fonds pourront faire tourner leur entreprise. En échange les actionnaires recevront une fois par an une part sur les bénéfices que l’on nomme dividendes et cela sans jamais avoir produit quoique ce soit pour la société dans laquelle ils ont des actions. Contrairement aux employés par exemple. Ils ont juste prêté de l’argent, en prenant le risque que l’action se dévalue.
Et l’emploi dans tout ça
Passons maintenant à la définition d’emploi. « Un métier est d’abord l’exercice par une personne d’une activité dans un domaine professionnel, en vue d’une rémunération. » je m’arrête ici, car à mes yeux un métier n’est pas que cela. Un métier c’est la maitrise professionnelle d’une activité et la mise en pratique de ces connaissances à laquelle peut s’ajouter les connaissances personnelles de la personne. Un écrivain aura appris à écrire, mais dans ces récits il mettra souvent une part de lui ou de ses expériences. Ne serai-ce que son style qui en découle. A moins que vous ne pensiez qu’écrivain n’est pas un métier ? Dans ce cas prenons un journaliste. De plus une personne pourra avoir un métier, donc comment exercer cette activité, sans pour autant bien le faire. Il n’y a aucune notion de valeur et de qualité. De même qu’une personne pourra voir appris un métier et l’exercer bénévolement. Un métier c’est une maitrise, un emploi c’est un poste que l’on occupe dans lequel on produit pour toucher une rémunération. Donc cette définition est fausse ou du moins biaisé. Ou alors c’est remettre en question la notion de métier, et refuser qu’une personne utilise ce qu’elle a appris dans un autre domaine que professionnelle. Pourtant vous pouvez très bien être menuisier dans une société, et faire pour des meubles dans vos moments de loisir. Vous utilisez alors bien vos connaissances et votre expérience pour réaliser le même type de production, mais cette fois-ci sans être payé.
Bon j’avoue j’ai un peu triché car la définition sur wikipédia ajoute ceci ensuite : « Par extension, le métier désigne le degré de maitrise acquis par une personne ou une organisation du fait de la pratique sur une durée suffisante de cette activité (expérience et savoir-faire acquis, voire amélioration des pratiques si ce métier le permet). » mais en remettant en cause la définition c’était un moyen pour moi de mettre le doigt dessus et de mieux la définir au-delà du cadre du travail. Il serait difficile de dire si le mot par extension, est ici plus ou moins péjoratif ou non, ce que l’on peut noter c’est que cette notion n’a pas été mise dans la définition principale mais à la suite avec une mise en garde. Et a aucun moment le côté rémunéré d’un métier n’est remise en cause. Métier et emploi sont dès lors très proches pour wikipédia, et pour la plupart des personnes.
Encore un peu d’emploi
Sur la page du mot emploi, voici la définition qui nous est donné « Un emploi, en économie, consiste à utiliser des personnes actives de la population à des activités économiques. En France, un emploi est assimilable à un contrat passé entre deux parties, l’employeur et le salarié, pour la réalisation d’un travail contre une rémunération, par l’exercice d’une profession, ou bien pour un travailleur indépendant, la réalisation de multiples contrats implicites ou explicites dans le cadre de l’exercice d’une profession. Une personne bénévole n’occupe pas un emploi au sens strict du terme. »
Nous avons juste avons qu’un emploi est une activité rémunéré par un employeur envers un employé. Un indépendant ne peut pas être défini ainsi, ici il y a donc abus de langage. Un indépendant n’occupe pas un emploi car il n’a pas d’employeur, mais des commanditaires. Il ne perçoit pas de salaire. Un indépendant exerce donc un métier. Par contre nous somme d’accord sur le fait qu’un bénévole n’occupe pas un emploi, par contre il peut exercer un métier. Un charpentier qui aide une association bénévolement en construisant des abris, fait bénéficier celle-ci d’une connaissance dans un domaine, au même titre qu’il exerce cette activité professionnellement.
Instrument de torture
Même si certains linguistes contestent l’étymologie de ce mot, il ne faut pas oublier que el mot travail, voulait dire en ancien français, tourment ou souffrance. Ça donne envie. Le mot serait même un dérivé d’un instrument de torture nommé tripalium. Si on peut contester ces origines, on ne peut décemment pas dire que la bourgeoisie gagnait sa vie en travaillant et même qu’elle l’apprécie. Le travail représentait pour eux un labeur, une chose à éviter et à laisser aux plus pauvres. Eux avaient des loisirs. C’était notamment le cas au moyen âge, dans les cours seigneuriales. Même les commerçants qui étaient parfois très riches, ne faisaient pas partie de la cour, alors qu’il exerçait un métier. Car ils le savaient bien, travailler était fatiguant et pouvait vous tuer à la tâche. Et puis de l’argent il n’en avait pas besoin.
L’école lieu de formation professionnel et non de connaissance, donc plutôt d’éducation
Cette idée que le travail est au centre de tout nous est inculquée depuis tout depuis. Et ceci dans le but d’être de bon travailleur plus tard. Très rapidement on troque la connaissance pour la formation quasi professionnelle. On demande aux enfants de suivre des règlements, d’être performant, de ne pas se tromper et d’écouter. D’ailleurs l’état ne s’en cache pas en ayant nommé le ministère, éducation nationale et non pas connaissance scolaire par exemple. Ici le ton est donné on va éduquer vos enfants. Pourtant il n’est pas rare d’entendre que l’éducation est du ressort des parents et non de l’école. Chose avec laquelle je suis parfaitement d’accord. Pourtant l’école est trop souvent une antichambre du monde professionnel.
Arrivé au lycée on va demander aux élèves de suivre des filières non pas pour acquérir en premier lieu des connaissances dans un domaine, mais avant tout pour se former et obtenir un diplôme permettant d’accéder à un certain emploi par la suite, ou entrer dans des écoles qui le feront. On se spécialise immédiatement pour le monde du travail. Et combien de jeunes sont amenés à choisir un filière qui embauche (soi disant), au détriment d’une filière qu’ils auraient aimé suivre, tout ceci pour se garantir d’obtenir un emploi en sortant de l’école. Pire encore certains élèves prennent des filières qu’ils n’aiment pas simplement parce que le salaire est plus important.
C’est aller à l’encontre de la bonne réalisation du travail qui lui sera demandé et son épanouissement. Qui aime faire un métier ou un travail qu’il n’aime pas ? Personne, et si vous le faites malgré tout par nécessité, vous le ferez sans passion, sans envie et surement moins bien qu’une personne qui aime ça. Dès lors c’est aller à l’inverse de la logique et donc créer des travailleurs malheureux simplement pour entretenir un besoin professionnel. Un secteur a besoin de travailleurs, l’école lui en fournit.
Un humain = un travail
Le travail est un sujet très vaste, qui touche aussi bien la population, que la politique, la finance et la philosophie. Le sujet est trop vaste pour en parler correctement en quelques lignes. Je n’ai fais qu’effleurer l’iceberg.
Le travail a subi plusieurs révolutions au cours des siècles, et aujourd’hui nous sommes peut être à la porte d’une nouvelle révolution, face à une offre qui s’amincit de plus en plus à mesure que les pré requis pour occuper un poste, parfois précaires, sont de plus en plus disproportionnés. Cela a un impact sur chaque personne, mais également sur notre économie et pire encore sur le monde dans lequel nous vivons. Et pas en bien malheureusement. Et à l’heure actuelle, la plus grande révolution que l’on pourrait faire serait de ne pas considérer les autres comme leur travail, mais comme la somme de leurs connaissances, passions et expériences avec ce qu’ils ont à nous apporter. Ça serait déjà faire un grand pas dans la bonne direction.
Le travail est donc un sujet très vaste sur lequel j’aurais l’occasion de revenir, cela ne fait aucun doute.
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