Quelle réforme du collège français ?
Assujetti à un intérêt moindre que celui que l’on porte au lycée, le collège nécessite pourtant une réforme profonde de son fonctionnement, au même titre que les autres cursus de l’enseignement. Une réflexion nécessite d’être menée afin de moderniser son fonctionnement, les disciplines qui y sont enseignées mais encore la philosophie et les valeurs de cette institution. Le collège français doit-il s’inspirer des succès de l’enseignement scandinave, où compétition, stress et travail sont des mots exclus ? Les matières enseignées sont-elles encore en phase avec le monde actuel ? Délaissé par les ministères de l’éducation successifs, le collège reste un organe phare de l’enseignement français et mérite un tout autre sort que celui que l’on lui a accordé jusqu’à aujourd’hui, ignorant les problématiques qui le minent.
Des résultats médiocres pour un travail conséquent
Les matières enseignées au collège sont au nombre de 11 (10 en 6ème et 5ème, 11 en 4ème et 3ème) , tandis que le temps moyen passé en classe varie de 25 à 28 heures par semaine en fonction des différents cycles et établissements. Ce chiffre est nettement plus élevé qu’en Finlande, où les adolescents de 12 à 16 ans travaillent 1heure 45 de moins par jour, alors que les résultats obtenus sont nettement supérieurs en Finlande qu’en France. En effet, selon des données publiées il y a un an par l’OCDE, les collégiens français plafonnent à la 19ème place en terme de résultats scolaires, tandis que la Finlande se classe traditionnellement sur la première marche du podium !
Le temps passé en cours ne conditionne donc pas les résultats scolaires mais c’est bel et bien l’épanouissement personnel et les activités extra scolaires qui apportent une dimension supplémentaire nécessaire à la réussite. Réduire les horaires scolaires, telle est une des solutions afin de résorber l’échec scolaire et dont l’efficacité n’est plus à démontrer. Cette tâche n’est en rien ambitieuse, les Arts Plastiques et l’Education Musicale représentent deux créneaux horaires dont la suppression ne constituerait en aucun cas une atteinte à la qualité de l’enseignement. Ces deux disciplines sont en effet bien souvent mal enseignées et gagneraient à devenir optionnelles. L’intérêt d’initier à l’instrument de la flute paraît lui aussi très superficiel, la passion de la musique ne se révélant point au collège mais dans l’enfance.
Des cours de soutien personnalisé
Le temps laissé libre pourrait être transféré, comme c’est le cas dans de nombreux pays nordiques, vers des cours de soutien personnalisé, dont le succès a lui aussi été démontré. Réclamés par Ségolène Royal lors des dernières échéances présidentielles, ils pourraient s’appliquer sous la forme d’heures de travail classiques pour les professeurs, comme c’est le cas notamment en Finlande, où les heures de cours communes sont allégées, afin que les enseignants puissent se consacrer aux élèves en difficulté. Les coûts salariaux des enseignants en Finlande sont par ailleurs moins élevés qu’en France, témoignant de l’efficacité du système finnois ; d’autant plus que l’ensemble de la scolarité est gratuite jusqu’à 16 ans, coûts de restauration et de fournitures compris. Cette gratuité permet une intégration pérenne dans le système scolaire, où les distinctions basées sur des critères financiers sont réduites.
Un accompagnement sur le long terme
Un des facteurs clés de la réussite scandinave concerne aussi l’environnement dans lequel baignent les élèves, où tout stress est banni. Les professeurs accompagnent bien souvent leurs élèves tout au long de la scolarité, dans des classes inchangées jusqu’à l’âge de 16 ans. La transition, souvent brutale, entre primaire et collège s’adoucit considérablement de ce fait. Quant à notre système de notes, il apparaît comme archaïque en Finlande, où interrogations surprises, travail quotidien et redoublement sont remplacées au profit d’évaluations globales, sans notes ni classements. Ce fonctionnement n’est par ailleurs que le reflet de la société scandinave, où la notion de compétition est inexistante. Les valeurs de solidarité et de coopération sont nettement plus appréciées et recherchées que l’individualisme croissant qui mine notre pays. L’ouverture sur le monde est inculquée tout au long de la scolarité, notamment au Danemark où sont organisés des voyages linguistiques financés par l’état dès 18 ans.
Quel collège en France ?
Il est difficile d’appliquer les méthodes finnoises en France tant les deux pays ne peuvent être comparés. Cependant, un certain nombre de principes peuvent être revus, comme la conception même du collège, dont l’image n’est que très négative. La sonnerie de la cloche indiquant aux élèves de se rendre en salle de cours incarne le côté antipathique du collège. Donner l’impression aux élèves que le collège est leur deuxième maison, tel devrait être l’objectif du ministère de l’éducation nationale, en s’inspirant des méthodes scandinaves. Revoir les principes de notation des élèves, de leur rapport avec les professeurs et de l’efficacité des enseignants permettrait à coup sur d’enrayer au moins partiellement l’échec scolaire. Reste que le ministre de l’éducation nationale Xavier Darcos reste très éloigné de cette vision, lui qui proposait récemment d’attribuer des médailles aux bacheliers, regrettant les récompenses d’antan...
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