Rentrée 2010 et les racines du pire
Avec cette rentrée 2010, nous allons voir venir un nouveau phénomène qui malheureusement est dans l’air du temps : le fait d’envoyer au front des personnes sans qualification ni expérience, juste pour voir ce que ça donne.
L’expérimentation est intéressante : cette année, des professeurs de collèges et de primaires débutants vont pouvoir nous montrer, que dis-je, cristalliser, le mode recrutement de l’éducation nationale.
En gros, de jeunes enseignants, avec un cursus universitaire de niveau ingénieur, vont pouvoir se confronter à la réalité du terrain du métier qu’ils ont choisi.
Parfois sans jamais avoir vu une classe d’élève autrement qu’en photo, ils vont devoir à la fois encadrer, enseigner, et parfois même éduquer une trentaine de jeunes. Auparavant, ces jeunes enseignants étaient formés de façon, souvent trop théorique à l’IUFM. Là ils vont être jetés en pâture à des jeunes dont l’amusement principal est de « casser » du stagiaire. Pour ceux qui n’en sont pas convaincu, demandez donc à un élève de collège comment il compose avec un prof peu sûr de lui, peu sûr du savoir qu’il a à transmettre, et encore moins sûr de la façon dont il doit le transmettre. Cette absence d’assurance à tout point de vue et comme une incitation à déstabiliser un peu plus. La sécurité sociale à prévu un budget de combien pour les futures dépressions de professeurs ?
Cela va sans nul doute faire naitre des vocations chez ces jeunes enseignants. Ils ont obtenu un diplôme de faculté après avoir beaucoup appris. Ils ont ensuite passé un concours après avoir beaucoup, beaucoup bachoté. Ils ont réussi à se formater comme sortant fraichement du moule. Et maintenant, on va exiger d’eux qu’ils s’adaptent vitesse grand V à des adolescents survoltés qui ont trouvé une identité dans le qualificatif qu’on leur donne de « génération sacrifie » ? Ce coup ci, ce ne sera pas eu l’Agneau du sacrifice…
Au passage, je pense qu’il est important de se pencher sur le recrutement de ces professeurs. Ils ont quand même le mérite, et pas le moindre, d’avoir réussi un concours. Dans le programme de ce concours, il n’y a pas de trace de pédagogie. Les personnes qui ont réussi ce concours n’ont donc pas forcement de connaissances et encore moins facilement de compétences dans ce domaine de la pédagogie. C’est vrai que la masse de connaissances théoriques maîtrisée par les professeurs était le problème principal de l’école d’aujourd’hui !
Par ailleurs, combien de ces enseignants, à la suite de ce parcours en faculté aurait eu la moindre chance de trouver un emploi dans le secteur privé. C’est vrai que les profils de BAC + 5 en histoire ou en Lettres modernes sont extrêmement demandés en entreprise… au vu de cette facilité qu’ils auraient eu à obtenir un emploi, c’est donc forcement par vocation qu’ils ont choisi cette voie. Et non pas, pour les « temps plein » de 18 heures par semaine… les 4 mois de vacances, le fait qu’une fois en poste, ils peuvent se montrer aussi incompétents qu’ils le souhaitent : il n’y a ni licenciement, ni plan social dans l’éducation nationale.
Soyons donc rassuré pour nos enfants ! Armé de cette vocation et avec plusieurs « Kilo » de connaissances académiques ingurgités , ils lutteront corps et âme contre :
· Les 9 % de jeunes scolarisé sortant de l’école illettré
· L’inégalité proche de la discrimination rencontrée dans ce système : fils d’ouvrier, tu seras ouvrier !
· Le décrochage scolaire
· L’absence de perspective professionnelle
· Etc.
Ceci nous rappelle avec un soupçon d’ironie, que chaque année, les organismes prestataire de cours à domicile fond de plus en plus de chiffre d’affaire.
Il va sans dire que cette réforme murement réfléchit, bousculera le paysage de l’enseignement.
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