Rupture du contrat de confiance !
SEgpa ... Utile
À qui la faute ?
Il se passe toujours quelque chose dans notre section. Chaque jour, vient s'ajouter aux précédents, un petit fait qui rend la vie si difficile et le travail si compliqué ! Il n'est pas question d'en dresser une liste exhaustive. La banalisation des dérives, des insultes, des absences, des algarades, des chahuts, des insolences est telle, que je ne peux en rendre compte, la tâche serait trop grande !
Pourtant, deux petits faits sans grande importance à première vue, sont venus illustrer d'une autre manière ce climat si malsain, cette dérive effrayante. A ce propos, je tiens à vous l'assurer, les incidents que je vous narre ici, ne sont pas le seul fait d'un établissement en déliquescence. Des informations venant des autres structures ; analogues à la nôtre, attestent d'une dégradation manifeste des comportements des élèves et de leur relation au travail scolaire et à sa discipline.
Revenons donc à nos chérubins. Vous allez être surpris de l'insignifiance des faits relatés et de l'importance certes relative, des réactions qu'ils vont provoquer. Dans une classe de 5°, deux jeunes filles vraiment sans histoire, se sont engagées à réaliser un exposé. Il leur a été proposé des aides et des accompagnements afin qu'elles puissent travailler en dehors des heures de classe.
Elles les ont refusés, prétextant être en mesure d'effectuer leurs recherches et leur travail chez l'une d'elles. L'enseignante qui a accepté tout naturellement ce choix, attend la date fixée pour apprécier sur pièce. Et comme hélas, rien n'a été fait, un autre jour est proposé, les jeunes filles affirmant qu'elles seront prêtes, cette fois. Cela non plus ne se réalise pas, malheureusement !
C'est là que le drame se noue. L'enseignante punit les deux jeunes filles pour travail non fait, en leur donnant une heure de retenue. C'est l'arme de dissuasion massive qui sévit actuellement dans nos collèges sans avoir véritablement d'effets. Mais ceci est un autre débat. À titre personnel, il y a fort longtemps que j'ai renoncé à ce genre de pression. Seule me semble efficace, la conviction de travailler pour soi et la contrainte en la matière est d'une rare inefficacité.
Toujours dans la même classe mais avec une autre enseignante, deux autres jeunes filles sont en action. L'une offre un paquet cadeau à l'autre sous le prétexte bien compréhensible que c'est son anniversaire, choisissant l'instant même où le professeur est en plein cours. Alors que la discrétion serait recommandée dans le cas présent, le paquet est ouvert avec force commentaires et exclamations.
L'enseignante s'en étonne, on lui répond. Elle inscrit simplement un mot dans le carnet pour expliquer à la famille son mécontentement, estimant que cette bien modeste affaire en restera là.
Dans les deux cas, hélas, les parents sont d'un tout autre avis. Le père de l'une des deux filles qui n'ont pas fait l'exposé, refuse catégoriquement la punition, affirmant qu'il est hors de question que sa charmante fille fasse une heure de plus dans le collège.
Le ton monte entre le directeur et le responsable légal qui ne veut pas de la punition. Ce dernier en vient même à déclarer que, si la sanction est maintenue, il changera d'établissement. Dans l'autre cas évoqué, la mère de celle qui a offert le cadeau, répond par écrit sur le carnet, de manière véhémente. Comment se fait-il qu'on puisse interdire en cours, de donner un cadeau à une camarade. Quelle est donc cette école qui se mêle ainsi de ce qui ne la regarde pas ?
Là encore, un échange a lieu. Le ton monte. La liberté des enfants est inaliénable. La mère s'indigne, proteste, demande des excuses. L'enseignante qui voulait simplement préciser que le moment était mal choisi, doit renoncer à faire entendre raison à la mère en colère.
Quels sont les effets de tels comportements parentaux ? C'est un désastre qui ne va pas améliorer la situation. Nous avons, face à nous, des enfants dans la toute-puissance, soutenus par des parents qui ne jouent plus leur rôle, qui sont, vis à vis de l'institution scolaire, au mieux dans la défiance, au pire dans le soupçon et le mépris.
Sans le soutien des parents, sans un langage commun qui pousse l'enfant à accepter les contraintes de la discipline scolaire, sans ce contrat de confiance, la tâche est impossible. Nous sommes sous les feux croisés de famille en rupture de repères sociaux et de gamins qui ont pris le pouvoir. Il n'est plus possible de punir, méthode qui n'est certes pas la meilleure mais qui demeure encore une manière éprouvée de retrouver un peu de crédibilité.
Que faire quand ce n'est plus possible ? Comment vont s'en sortir ces deux gamines qui viennent d'avoir le pas sur leurs enseignantes ? Nous pouvons parier qu'un jour ou l'autre, parents et enfants s'apercevront de l'aberration de leur posture. Mais en attendant, ils sortent vainqueurs !
Ces deux petits faits anodins ne sont pas uniques, hélas ! Ces deux familles ne sont pas des cas isolés ! Chaque jour, de telles mésaventures surviennent, on dirait même qu'elles se multiplient . Sans un vrai contrat entre la famille et l'école, sans une adhésion aux principes, aux contenus, aux codes de la vie collective, l'enseignement ne peut plus remplir sa mission. Nous allons dans le mur. Nous courons à notre perte et ce sont bien souvent des parents qui jettent de l'huile sur le feu qui couve … Quel avenir pour ce système devenu fou ?
Irresponsablement leur.
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