Saint Amour et la Fête des Crus en Beaujolais
C’est les 25 et 26 avril à Saint Amour en Beaujolais. Un événement festif consacré aux vins, dédié à nos anciens Dieux païens, Bacchus, Dieu du Vin, le Dionysos de la Mythologie grecque, et plus loin encore Liber, Liber Pater et sa parèdre Libera, eux-aussi Dieux du Vin, de la Vigne et de la fécondité. Il faudrait ajouter, selon Wikipedia qui ne se trompe jamais, « .. dieu du vin, de l’ivresse et des débordements, notamment sexuels ». Les 25 et 26 avril à Saint Amour, nous n’en seront certes pas là, Ciel ! Mais le nom Saint Amour n’est pas sans évoquer bel et bien..
D’ailleurs, les organisateurs cette année n’ont pas hésité à placer ces traditionnelles journées de printemps sous les auspices inspirées de l’Amour, des Art et du Vin. J’ai scanné un fragment – un fragment seulement, je ne voudrais pas qu’on me prenne pour une jeune businette affriolée à la réclame – du matériel de publicité pour vous permettre de vous faire vos propres idées ..
.. des verres enlacés dans une nuée de petits cœurs enamourés ! Il fallait oser.
J’ai même rencontré un spécialiste en herméneutique qui n’y voyait qu’un verre unique, mais vu au travers du regard dédoublé du buveur légèrement éméché, sous l’effet bénéfique des divines barriques.
A l’appui de sa thèse je peux certifier qu’un jour, au sortir de Moulin-à-Vent, pas de Saint Amour, précisons, avec mon pote Le Guignon, comme moi demi-Bourguignon, nous nous sommes fait arrêter par un agent : nous lui avons dit bien poliment « Bonjour Messieurs ».
Il convient donc d’en déduire que le phénomène de double-vue est assez courant au sortir du Moulin-à-Vent, qu’on voit double assez souvent à Saint Amour et à Chiroubles. Quadruple parfois à Juliénas.
Qui s’en plaindra ?
En général cependant, on verra en ces jolies formes ce qu’il faut voir très-logiquement, et l’on ne reprochera à personne de le faire comme ça. Hommes et femmes y verront tous et toutes, chacun-chacune une bien belle paire de verres.
Lève tes verres. Et surtout, ne les renverse pas. Et portes- les au frontibus. Au Mentibus.Vous connaissez parfaitement la suite, vous lecteur non rebuté par le sujet.
L’imagination va bon train, un train d’enfer. Et surtout, ne vous avisez surtout pas de renverser l’image ! Vous risquez des turgescences dans la tête.
Bravo la Communicante si créative, si suggestive, si féconde. Je dis LA communicante car on ne peut imaginer un homme doué de si formidables talents. La Femme est l’avenir de l’âme.
Pour les plus lourds d’esprit, à peine sortis de leurs lectures de Justine et les bonheurs de la Gauloiserie, précisons que Saint Amour ne s’écrit jamais Seins Amour.
Mon Introït étant terminé passons à une exégèse plus académique
Une fête de renommée nationale
Nous pourrions même avancer : de renommée mondiale.
Bof ! Avec la méfiance, voire le rejet que suscite à juste titre les notions de mondialisation, Saint Amour n’y gagnerait rien, et la Fête des Crus non plus.
De plus, sans qu’ils aient été franchement persécutés, nos vieux Dieux païens de l’Amour et du Vin comptent actuellement bien moins de fidèles que les grandes religions monothéistes financées par les puissants du moment, pour lesquelles on recense pas moins de quatre, voire cinq divinités si l’on inclut Mammon, en passe de l’emporter définitivement contre les trois autres.
Tout cela pour dire qu’à Saint Amour les 25 et 26 avril, il y aura quand même moins d’affluence qu’à New-York, Rome ou la Mecque un jours de Pâques.
On attend cependant des dizaines de milliers d’initiés. Toujours plus d’année en année. Et 2015 devrait battre tous les records de convergence.
Il faut dire que Beaujolais attirent naturellement les célébrités, des plus populaires, Pivot, Miss France, qui sera de la Fête cette année, aux plus sélectives, Le Canard, Maurice Utrillo, Suzanne Valadon, Sadi Carnot .. sans oublier les plus hauts, les plus grands, Baudelaire, Rimbaud !
Il faut dire que Beaujolais est un splendide pays de charming rolling hills comme disent les Anglais, gambadant des hautes collines jusqu’à la plaine de la Saône en éblouissants pas de deux « qui symbolise l’amour ... », paré de feuilles de vigne et de bosquets touffus, parsemé de ménils très-vivants.
En hiver, c’est un peu austère, les brumes remontantes, et la froidure rabattante voyez-vous, des sommets. Les frimas en font un pays pour presbytériens ou Stoïciens pourrait-on dire, peu attachés aux exubérances de la Terre.
Le jouisseur s’y trouvera cependant très-bien en hiver, les pieds devant un bon feu de sarments, à la main quelques verres de vins, finement accompagnée. Et dans la tête quelques poèmes de Baudelaire.
Au printemps, avril, tout devient vert tendre sous un ciel bleu de lin. Le joli temps des jeunes vignes en fleur. L’été, le temps des émois. Aux terrasses ombragées, on boit, on devise, on parle dix langues à la fois. Beaujolais ! Beaujeu ! Montjoie ! Cynon ! Dagonet ! Gandelu ! Chevaliers ! Tous au Glass, tous au Godet ..
Et puis, l’automne en Beaujolais ! .. ça vous tourne la tête, Brueghel et Ucello, Cézanne et Picasso sont passés par là, vous serez ensorcelés, à plus faire attention, à toute prudence quitter , à vivre hors de soif et de raison à jamais... je regarde les hameaux, les vignes autour... C'est l'épanouissement partout, les trombes de couleurs, les roses, jaunes, rouges, pourpres, violacées... vraiment c'est la profusion... des beautés de couleurs voluptueuses comme ça n'existent qu'au cœur d'automne en Beaujolais, en plein moment où tout palpite, où la joie des vignes exubère et se libère, tourne folle, entête, que les papillons, les piafs et les filles virent voguent à portée, ivres, posent, butinent, babillent, titubent en l'air d'odeur... Ah ! Et les raisins, rebondis et ronds et pleins, des grappes gonflées et violacées à pas croire ses yeux de violence... En collines entières couvertes, primesautant tout ceci, de l'inclinaison du ciel à la plaine poudroyante, en croupes ondulantes... vous voyez ce que je veux dire...
Pour le programme complet, inutile de s’étendre tellement vous le trouverez facilement, partout. Google regorge de la Fête des Crus.
L’an passé déjà, j’avais chroniqué, mais à la fin des deux journées. Je m’étais largement égaré. Cette année, à jeun, aux prolégomènes.
« Passés pedibus l’une des douze barrières qui ceinturent l’espace de la fête et l’isole des voitures, nous y sommes, là, juste aux premiers accents à tous vents d’une belle musique country .. »
.. ça commencera comme ça. Ce sera aussi beau, mieux encore : Marine Lorphelin sera là, vous baladerez, boirez, chanterez, dégusterez, dévorerez, sauterez en l’air avec la jeune fille aux hélicoptères, confirmerez votre mariage – si ça n’est déjà fait – par Madame le Maire de Saint Amour. De la féérie.
Pour conclure, si vous y aller, demander Claudius le chroniqueux de la Fête des Crus. Je vous paierai un canon ou deux et inspiré par le fragment sus nommé, nous nous égayerons ensemble, sur la Fête des Crus, à quelques contrepets que la Comtesse ne manquera pas d’apprécier.
Citations graphiques
hotelbrouilly.com
Agoravox
dailypainters.com
fineartamerica.com
Sources
Le temple de Cérès, Liber et Libera (en Latin : Aedes Cereris, Liberi et Liberae) est un temple resté secret et construit en Beaujolais par César après son passage à Jullié et Juliénas.
Une chapelle fut édifiée sur la montagne vers l'an 600, remplaçant l’ancien temple romain. Cette chapelle obtint le titre de prieuré en 929 avec le moine de Ligny.
Le Mont Saint-Rigaud et sa source sacrée
Il faut être toujours ivre. Tout est là : c'est l'unique question. Pour ne pas sentir l'horrible fardeau du Temps qui brise vos épaules et vous penche vers la terre, il faut vous enivrer sans trêve.
Mais de quoi ? De vin, de poésie, de vertu, à votre guise. Mais enivrez-vous.
Et si quelquefois, sur les marches d'un palais, sur l'herbe verte d'un fossé, dans la solitude morne de votre chambre, vous vous réveillez, l'ivresse déjà diminuée ou disparue, demandez au vent, à la vague, à l'étoile, à l'oiseau, à l'horloge, à tout ce qui fuit, à tout ce qui gémit, à tout ce qui roule, à tout ce qui chante, à tout ce qui parle, demandez quelle heure il est ; et le vent, la vague, l'étoile, l'oiseau, l'horloge, vous répondront : "Il est l'heure de s'enivrer ! Pour n'être pas les esclaves martyrisés du Temps, enivrez-vous ; enivrez-vous sans cesse ! De vin, de poésie ou de vertu, à votre guise."
Baudelaire : Petits poèmes en prose, XXXIII (1869)
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