Sortir du libre-échange mondial, voilà l’écologie réelle !
Ce sujet nécessite une étude minutieuse pour qu’on puisse démêler l’utile de l’accessoire, le sérieux du marketing et des gadgets.
Un tel examen nous révèle rapidement qu’il n’est pas possible de séparer la question de l’écologie de celle de la mondialisation et de l’organisation des rapports économiques mondiaux. Ne pas le faire, se contenter d’une série de préconisations-gadget, n’a pas de sens, et relève le plus souvent d’une démarche électoraliste trompeuse plutôt que d’une volonté sincère de trouver des solutions profondes et durables.
En réalité, le libre-échange généralisé tel qu’il s’est mis en place depuis plusieurs décennies, connaissant une accélération ces 20 dernières années, est une cause majeure des déréglements liées aux pollutions, et même sûrement la plus importante de toutes.
En effet, un système qui repose sur une séparation systématique entre lieux de production (dans les pays à bas coûts de main d’oeuvre), lieux de consommation (pays à haut niveau de pouvoir d’achat) et lieux de recyclage et d’accumulation des déchets (pays pauvres faiblement soumis au contrôle médiatique des organisations environnementales) ne peut qu’induire pollution et dégâts environnementaux.
Produire un bien à 10 000 km de son lieu de consommation se traduit par des transports beaucoup plus nombreux, et donc une pollution démultipliée, mais aussi par un contournement massif des normes environnementales en vigueur dans les pays les plus avancés.
La mondialisation débridée, qui repose sur un socle, le libre-échange généralisé, est donc le premier facteur de pollution. A eux seuls, les transports représentent 55% de la consommation de pétrole dans le monde. Selon un rapport du Sénat, ils sont de loin la première cause d’émission de gaz à effet de serre (41% en France), et leur part ne cesse de croître. Les avions sont déjà responsables de 10% de l’effet de serre, et ce taux devrait doubler d’ici 2015.
Toute politique sérieuse en matière d’écologie doit donc commencer par établir ce diagnostic, et proposer des solutions qui passeront nécessairement par une remise en cause de ce système intenable.
Ainsi, comme sur nombre d’autres sujets, notamment sociaux, la mise en place d’un protectionnisme raisonné, qui incitera à produire et à consommer sur place, est une solution incontournable. Produire et consommer français, voilà qui ne devrait pas être un épouvantail à "élites", mais un message moderne, social et écologique. Etendu à tous les pays, il peut seul régler les difficultés que nous connaissons.
L’installation d’un nouveau protectionnisme nécessite d’aller de façon volontaire contre les intérêts immédiats de puissants lobbies. Elle permettra de réduire considérablement les pollutions engendrées par les transports, aussi bien sur terre, que sur mer et dans l’air. Elle permettra de mieux contrôler l’application effective des normes environnementales. Elle permettra en un mot une société du bien-être, aussi bien sur le plan social (lutte efficace contre les délocalisations, fin de la spirale à la baisse des salaires) qu’écologique.
Est-ce à dire que les propositions ponctuelles relatives à l’environnement sont inutiles ? Non. S’il ne se réduit pas à un simple argument de communication, le développement durable est une avancée. Il est toujours plus sain de vivre dans des sociétés où chaque acteur veille à polluer au minimum. De même, la marginalisation des énergies fossiles, en premier lieu le pétrole et le charbon, est une nécessité, qui passera essentiellement par le développement de l’énergie nucléaire et l’accélération des recherches pour permettre l’émergence de nouvelles générations de nucléaire plus sûres et plus efficaces.
Mais se limiter à ce catalogue de mesures sans s’interroger sur la question-clé du libre-échange et du rapprochement entre lieux de production et lieux de consommation, ne permettra pas d’aller bien loin.
C’est là la faille principale des listes écologiques et de partis tels que l’UMP, le PS, le Modem ou les Verts, qui ont tous intégré un volet environnemental dans leur programme, tout en continuant par ailleurs de s’inscrire dans le modèle libre-échangiste, libéral et mondialiste.
Le meilleur exemple de cette aberration est celui de la liste menée par Daniel Cohn Bendit, qui d’un côté prétend défendre l’environnement, et qui de l’autre soutient mordicus l’Europe libérale, qui s’inscrit dans la plus pure tradition de la mondialisation ultralibérale et du libre-échange généralisé, et le Traité de Lisbonne, qui renforce encore ses travers.
A l’heure actuelle, mettre ensemble les mots "Europe" et "Ecologie" est donc un contre-sens majeur, presque un oxymore.
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