Souvenez-vous, Marseille 2012 Capitale du crime
Avant d'avoir été capitale de la culture, en 2012 Marseille était avant-tout capitale des règlements de comptes, pas moins de vingt-quatre en un an. Retour sur cette année forte pour Marseille, sa police et ses habitants.
24 février 2012, des coups de feu retentissent dans la cité du Mail. C'est le premier règlement de compte de l'année.
Vingt-trois autres s'en suivront dans la cité phocéenne et ses environs, soit à peu près deux par mois. C'est un bilan assez lourd qui n'a laissé indifférent ni les médias, ni les politiques qui ont participé toute l'année à montrer Marseille comme une ville de tous les dangers.
Même à l'étranger, le quotidien The Independent rapporte que "si vous êtes un adolescent ou un jeune homme du nord de Marseille, vous risquez de mourir bien avant l'âge de 65 ans".
Il faut dire que Marseille n'a pas été gâtée cette année. Entre les 24 règlements de comptes, le nombre de colliers en or arrachés qui a explosé, la mise en examen de 12 policiers de la BAC Nord, la dissolution de celle-ci, les déclarations « choc » de politiques comme Samia Ghali et la venue de 165 nouveaux policiers, la ville a très logiquement fait parler d'elle.
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Quid du ressenti des véritables marseillais ?
A la surprise générale (ou non), ils ont une vision très différente de leur ville qui a servi de Une à bon nombre d’hebdomadaires.
Marseille, on ne s’y sentait pas moins en sécurité en 2012 qu’en 2011, en vérité les règlements de comptes il y en a toujours eu. Certes avant ils impliquaient les anciens « grands noms » de la mafia, maintenant ce sont les petits caïds des cités à la tête de « réseaux » qui s’entretuent pour des histoires de stupéfiants, de territoire. Le trafic à Marseille n’est pas nouveau, il alimente une économie souterraine, paye des milliers de choufs et dealers, mais surtout permet à des chefs de réseaux d’engranger des centaines de milliers d’euros chaque mois. C’est pour protéger de telles entreprises, qui se en multipliant provoquent concurrence et convoitise, que ces trafiquants, souvent de simples petits délinquants, deviennent des meurtriers.
Justement, c’est dans ces cités que se passent le plus souvent les règlements de comptes. Et même si leurs habitants (qui eux sont dans une situation invivable qu’il ne faut surtout pas négliger) en sont témoins, ce n’est pas le cas du reste de Marseille. Les trafics et les règlements de compte se passent dans les cités qui, même si à l’image des cités d’Île-de-France ne sont pas à l’extérieur de la ville, ne sont pas à l’intérieur non plus.
Ce n’est donc pas le fait d’envoyer 165 nouveaux policiers qui va stopper la vague de règlements de compte, ni même les réduire. Les trafics continueront tant qu’une politique de tolérance zéro envers les trafiquants ne sera pas mise en place. Mais on part de loin car à Marseille les policiers ne vont plus dans les cités, même lorsqu’on les appelle.
Pour la petite histoire, il y a quelques mois un jeune qui s’était fait voler son scooter aux environs d’une cité et a suivi les voleurs jusqu’à l’endroit où ils ont entreposé l’engin : la police n’a pas voulu entreprendre la moindre opération pour aller récupérer le véhicule. C’est d’ailleurs après avoir vu la réalité des cités et constaté de telles histoires qu’on commence à comprendre le point de vue de Samia Ghali, maire-sénatrice du 8ème arrondissement qui voulait appeler l’armée pour assurer le maintien de l’ordre dans les cités.
Vous l’aurez compris, les règlements de comptes ne touchent pas la plus grande majorité de la population marseillaise, qui est loin d’être « habituée à entendre des tirs à l’arme de guerre » comme on a pu l’entendre dans un « reportage d’action ».
Ce qui gâche le quotidien de la plupart des marseillais, ceux qui ne trafiquent pas (oui une majorité je vous assure !), c’est la délinquance et les incivilités. Le braquage de petits commerces par des minots, l’arrachage de colliers ou de sacs, les agressions, les vols de téléphones portables, les insultes.
Mais cela ne vous rappelle-t-il rien ? Oui, je l’entends d’ici : c’est exactement la même chose que dans les autres grandes villes de France.
Il est évident qu’il existe à Marseille un problème lié au trafic de stupéfiants, qui entraîne malheureusement ces fameux règlements de comptes, mais cela ne fait pas de Marseille celle que vous imaginez.
Je ne vous parle pas de statistiques, reportages, articles, je vous parle de ce que l’on ressent vraiment ici. En plus, 2013 est une occasion pour tous de parler de Marseille non plus comme capitale du crime mais comme capitale européenne de la culture, ce qui donnera peut-être à la ville une nouvelle chance.
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