Théorie de l’Evolution : Darwin est-il toujours d’actualité ?
Dans le dernier chapitre de « l’Origine des Espèces » Darwin dit « Je vois, dans un futur proche, des domaines ouverts à de plus importantes recherches… De la lumière sera projetée sur l’origine de l’homme et de son histoire ». Il voyait déjà que sa théorie allait provoquer d’importantes modifications dans la manière de voir l’espèce humaine.
Au niveau des sociétés le darwinisme a produit des dérives malheureuses telles que l’eugénisme. Puisque la sélection naturelle élimine les plus forts, la société humaine doit-elle conserver les inaptes ? Ne faut-il pas empêcher que des gènes défavorables se maintiennent dans les races humaines ? Ainsi au début du siècle dernier la stérilisation des individus porteurs de tares génétiques a été systématisée dans certains pays. Heureusement cette pratique eugénique a par la suite été condamnée.
La théorie de l’évolution est aussi à la base de la querelle entre l’inné et l’acquis. Dans quelle mesure l’homme qui est de plus en plus un être culturel est-il influencé par son patrimoine génétique ? Certains disent que non, que le culturel et le social décident de son comportement. Ainsi ont été élaborées des doctrines qui ignorent tout de son origine darwinienne comme l’existentialisme de Sartre (philosophie de l’existence) ou la déconstruction de Derrida (philosophie de l’art). D’une manière générale les philosophes français ont jusqu’ici fait l’impasse de l’homme, être biologique. Ce n’est que récemment que J. M. Schaeffer dans son livre "La fin de l’exception humaine" (2007), montre les lacunes du « je pense donc je suis » de Descartes et revient aux sources darwiniennes.
Edward O. Wilson dans son livre "L’unicité du savoir" (2000) considère que l’inné et l’acquis sont d’un poids équivalent dans le comportement humain. La biologie est devenue une science dure à l’égal de la physique ou de la chimie, et les sciences humaines doivent se rapprocher de la biologie pour gagner en crédibilité. Fondateur de la sociobiologie, il considère qu’il y a un soubassement génétique darwinien dans le comportement humain. Les gènes prescrivent des règles épigénétiques « ce sont les régularités de la perception sensorielle et du développement mental animant et canalisant l’acquisition de la culture ». Il y a coévolution gènes/culture. Cette coévolution forte chez l’homme préhistorique s’est affaiblie avec la montée des civilisations. Quel degré de divergence les règles épigénétiques laissent-elles à la culture ? Les sciences humaines ne doivent-elles pas s’appuyer sur les progrès de la biologie pour établir leurs diagnostics ?
5 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON