Théorie du genre : la Norvège dit STOP, Saint-Ouen expérimente
Les manuels scolaires sont-ils sexistes ? C'est la question que pose Le magazine d'information de la Région Île-de-France de février 2013, dont le directeur de la publication est le socialiste Jean-Paul Huchon. Un magazine dont on lit, dans l'ours, qu'il est édité à 3.401.000 exemplaires.
Page 9, un article rend compte d'une anomalie, pointée par le centre francilien de ressources pour l’égalité femmes-hommes Hubertine-Auclert, selon laquelle les hommes et les femmes ne sont pas également représentés dans les manuels scolaires : "Une femme pour cinq hommes parmi les personnages cités dans les manuels de mathématiques de terminale. Onze biographies de femmes sur les 339 proposées dans les manuels d'histoire de seconde. Décidément, les chiffres sont éloquents !" Un esprit naïf se dirait spontanément que, pour de multiples raisons, ce sont davantage les hommes que les femmes qui ont fait l'Histoire, qui ont eu les commandes. Presque tous nos chefs d'Etat (rois, empereurs, présidents de la République) et leurs conseillers furent ainsi des hommes, de même que les chefs de guerre, les explorateurs... et même les artistes et penseurs sont majoritairement des hommes. On aurait peine à faire une liste paritaire parmi les philosophes, voire même les romanciers, les poètes, les dramaturges, les musiciens, les peintres, etc. Sans aller jusqu'à dire que la création est uniquement masculine...
... elle semble l'être majoritairement. Et même sur Internet, l'inégalité se retrouve : on a souvent noté la surreprésentation des hommes dans ce nouvel espace public, sur les blogs (mis à part les blogs culinaires ou de mode...), les médias citoyens, bref, partout où l'on parle politique, économie, international, géopolitique, etc. Les blogueuses politiques en viennent même à faire des listes de blogs politiques de femmes - et Jegoun y est aussi allé de sa liste (37 blogueuses amies) - pour contrer le machisme supposé d'un David Abiker...
... mais en faisant cela, ces blogueuses confirment son diagnostic. Si on a besoin de se compter, c'est qu'on est très minoritaire.
Propagande discrète pour la théorie du genre
Cependant, pour la sociologue Sylvie Cromer, citée par Le magazine d'information de la Région Île-de-France, l'absence de parité dans les manuels "démontre qu'un manuel n'est pas le reflet de la réalité, sinon on aurait la parité entre personnages masculins et féminins." Il y aurait donc, si les manuels n'étaient pas sexistes, parité parmi les scientifiques, les grands personnages historiques... alors que la prédominance masculine semble pourtant avérée. Et la rédactrice de l'article de commenter : "le discours sous-jacent véhiculé par ces ouvrages pédagogiques reste alarmant : femmes et hommes n'auraient pas les mêmes centres d'intérêt, et donc les mêmes compétences ou les mêmes places dans la société". Il serait donc alarmant de constater que les hommes et les femmes n'ont pas les mêmes intérêts ? Ou plutôt il serait sexiste de penser - à tort - qu'ils n'ont pas les mêmes intérêts ?
On voit là les ravages de cette idéologie de l'égalité abstraite, qui rend aveugle... car n'est-il pas évident - excusez les clichés - que les hommes sont davantage intéressés que les femmes par le sport, la technologie, le bricolage, la guerre, la politique même (si l'on en juge par l'activité sur le web) ? et que les femmes sont davantage intéressées que les hommes par les derniers potins sur nos amis les "people", les recettes de cuisine, la mode, les conseils de beauté (voyez la teneur des magazines féminins...) ou encore la psychologie ? Il y a certes des exceptions... qui confirment la règle. Que les métiers de pompier et de soldat soient ouverts aux femmes n'empêche pas que ce sont des métiers d'abord masculins. Et que les métiers de sage-femme et d'assistante maternelle soient ouverts aux hommes n'empêche pas que ce sont d'abord des métiers féminins. Et d'ailleurs où est le problème dans cette différenciation sexuelle plus ou moins marquée selon les activités ? Il n'y a, à la vérité, aucun problème... sauf pour les tenants de la théorie du genre, en lutte contre le "phallogocentrisme", et dont semble bien faire partie la sociologue Sylvie Cromer... ce que ne précise pas notre magazine d'information régional.
Quelques-unes de ses études :
Le sexisme au programme ? Représentations sexuées dans les lectures de référence à l’école
"Il y a des contradictions indéniables entre le choix des œuvres et les ambitions de lutte contre les inégalités entre les sexes qu’affiche le ministère de l’Éducation nationale. En dépit des objectifs annoncés, les responsables du choix des ouvrages recommandés semblent ne pas s’être intéressés à la valeur égalité des sexes. Ont-ils pensé que le masculin pouvait servir de modèle neutre ? Mais comment transmettre des valeurs d’égalité aux petits garçons en leur donnant à voir des mondes où les partenaires féminines en position égalitaire sont rares ? Les petites filles, quant à elles, manquent de modèles d’identification directs et elles sont renvoyées, « en creux », à une place secondaire par leur nombre et par leur rôle. Elles sont aussi invitées à se projeter dans une vie adulte tournée vers la famille."
"Ainsi, alors qu’on s’efforce consciemment de bâtir des apprentissages censés conduire à l’autonomie et à la citoyenneté, on diffuse de manière inconsciente, par le biais des représentations, des messages sur les positions des hommes et des femmes particulièrement inégalitaires, bien éloignés de l’idéal d’ « égalité entre les sexes » prôné dans les objectifs du Millénaire de l’ONU ou dans l’Éducation pour tous de l’Unesco. On ne peut alors éluder la question de savoir si la contradiction entre les faits et les principes ne met pas en cause la qualité de l’enseignement…"
L’enfance, laboratoire du genre
"S’intéresser aux processus en œuvre durant l’enfance ouvre des pistes de réflexion et d’action pour déconstruire le genre."
Et une conférence :
Sylvie Cromer : Le subreptice renouvellement du sexisme dans les outils pédagogiques - Colloque "Filles, garçons : une même école ?", organisé par la Direction de l'Egalité des Chances et l'Enseignement à Distance du Ministère de la Communauté française (Wallonie-Bruxelles), le 07.12.2009 à Bruxelles (Palais des Académies)
Expérimentations pour une néo-humanité à Saint-Ouen
S'il faut donc déconstruire le genre - rendre l'homme et la femme indifférenciés -, pour ringardiser les stéréotypes, et, in fine, abolir les inégalités, comment s'y prendre ? Najat Vallaud-Belkacem s'est creusée les méninges...
... et elle a trouvé la solution. Inverser les rôles, ou les indifférencier, dès le plus jeune âge. Et former, n'ayons pas peur des mots, un Homme nouveau - ou, pour être plus politiquement correct, un être humain (genre neutre) nouveau.
L'expérimentation a commencé depuis 2009 à la crèche Bourdarias, à Saint-Ouen : l’équipe pédagogique se mobilise pour déconstruire les stéréotypes de genre qui assignent les enfants à des rôles différents en fonction de leur sexe ; pour ce faire, elle propose aux enfants de changer leurs habitudes de jeu. « On encourage les filles à manier le marteau à l’atelier bricolage, et les garçons à s’exprimer à l’atelier émotions », explique David, un des éducateurs. Dans la bibliothèque, les histoires pour la sieste s’intitulent par exemple : Le Papa qui avait dix enfants. En visite le 7 septembre 2012 dans cette école d'avant-garde, la ministre des Droits des femmes a déclaré, réjouie : "On peut, même quand on est un garçon, laver les bébés, leur mettre les couches, on peut, même quand on est une fille, jouer au soldat, à la guerre". Najat Vallaud-Belkacem et Dominique Bertinotti, ministre déléguée à la Famille, ne cachent pas leur désir de voir se multiplier ce type de dispositif. La Ligue de l’enseignement va d'ailleurs compléter l’expérience avec une pièce de théâtre, Le Goal s’appelait Julie, dans les écoles parisiennes à partir de mai 2013.
En 2013, dans ces questionnements sur le sexisme et le genre, on en revient, l'air de rien, à des débats qu'on avait déjà en l'an 2000 dans la fameuse émission populaire d'Evelyne Thomas "C'est mon choix", avec un invité à l'époque décoiffant, un certain Alain Soral, aux prises avec de coriaces féministes : Roselyne Bachelot, femme politique, et Françoise Rey, auteur de romans érotiques. Attention, émission culte !
(sur le même thème, la première participation de Soral à "C'est mon choix", qui a créé la polémique, et a justifié sa réinvitation face à Bachelot et Rey : la revoir ICI)
L'exemple norvégien : quand la science ruine une pseudo-science
Alors que la France s'engouffre la tête la première dans un mouvement d'indifférenciation des genres, la Norvège nous montre peut-être notre avenir, ce pays ayant été désigné comme celui qui respectait le mieux l'égalité des genres. Et nous serions sans doute bien inspirés de regarder à la loupe son exemple et ce qu'il nous enseigne. Le documentaire d'Harald Eia (en fin d'article, à regarder absolument !), diffusé en 2010, est édifiant. Il montre qu'en dépit des mesures politiques qui ont été prises pour instaurer l'égalité et l'indifférenciation, les hommes et les femmes ont invariablement des centres d'intérêts très différents, et ne sont pas attirés du tout par les mêmes activités ; ainsi, en Norvège, les ingénieurs restent très majoritairement des hommes (90%) et les infirmières des femmes (90%). Harald Eia essaie alors de comprendre cette "anomalie", dans un pays où aucune discrimination n'empêche les femmes de devenir ingénieurs et les hommes infirmiers. Et il convoque pour cela une batterie d'experts mondialement reconnus.
D'après une étude monumentale menée dans 53 pays par le Professeur Richard Lippa, sur les envies professionnelles des hommes et des femmes, "il y a beaucoup de différences. Les hommes sont plus intéressés dans la réussite de domaines orientés vers la compréhension du monde, des objets comme l'ingéniérie, la mécanique. Les femmes sont relativement plus intéressées par une réussite auprès des personnes." Pour le Pr. Lippa, il y a probablement une explication biologique à ces différences universelles, qu'on retrouve aussi bien au Pakistan qu'aux Etats-Unis, et qui ne dépendent donc pas de la culture. Le Professeur Trond Haaken Diseth observe, quant à lui, que, dès l'âge de 9 mois, les enfants se dirigent spontanément vers des jouets associés à leur genre. Il y a bel et bien, selon lui, des dispositions innées selon les genres, qui seront certes modulées quelque peu par l'environnement et l'éducation. Ce que confirme le Professeur Simon Baron-Cohen, une pointure en psychopathologie du développement dans les départements de psychiatrie et de psychologie expérimentale à l'université de Cambridge. D'après lui, c'est le niveau de testostérone, quand l'enfant est encore dans le ventre de sa mère, qui produit des caractéristiques et des centres d'intérêts différents chez l'homme et la femme :
"Nous avons remarqué que plus le niveau de testostérone était élevé avant la naissance, plus le développement du langage était lent quand l'enfant était petit, moins il créait de contacts jusqu'à l'âge de 1 ou 2 ans. Un haut niveau de testostérone est associé avec un niveau de langage moins important et un développement social moins important. [...] Nous avons suivi ces enfants juqu'à l'âge de 18 ans pour voir comment ils évoluaient. Nous avons découvert que plus vieux, ces enfants qui avaient eu un haut niveau de testostérone avaient plus de difficulté avec l'empathie [...]. Mais ils avaient aussi plus d'intérêt pour les structures, pour essayer de comprendre le fonctionnement des objets."
Le haut niveau de testostérone caractérise évidemment les hommes. Le documentariste norvégien va également à la rencontre du Professeur Anne Campbell, psychologue évolutionniste, qui confirme l'origine innée (génétique) des différences de centres d'intérêts entre les hommes et les femmes. En bref, les scientifiques sérieux confirment que nous sommes un mixte de nature et de culture, mais qu'il ne faut surtout pas oublier la biologie, qui est déterminante, tandis que les théoriciens du genre présupposent que la biologie n'a aucun rôle, car ils sont avant tout - c'est patent à la fin du documentaire - des idéologues. Suite au débat national qui a eu lieu en Norvège après la diffusion de ce film, l’Institut gouvernemental norvégien pour les études de Genre, l'institut NIKK, a cessé de recevoir toute subvention et a dû de ce fait fermer. Alors que la théorie du genre a, semble-t-il, déjà fait son temps en Norvège, le bon sens ayant repris le dessus, la France va-t-elle se laisser encore bercer longtemps par de telles sornettes ?
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