Une culture Rap fabriquée de toute pièce ?
L’origine du Rap est vieille comme les premières lois qui abolirent l’esclavage. Il ne faut pas s’imaginer qu’au XIXème siècle, pour exorciser leur négritude, ces pauvres opprimés se mirent à égrener des alexandrins sur des rythmes de percussions africaines...
Pas du tout.
L’ancêtre du rappeur est probablement le « Griot ». Ce traditionnel dépositaire de la culture locale africaine, ce personnage respecté qui enseignait les coutumes et l’histoire à une foule qu’il médusait en chantant ou en scandant, les grands yeux ouverts, des textes sur un mode quasi-théâtrale. La pratique traverse l’Atlantique et se transmet d’humiliations en soumissions, de soumissions en résignations, de résignations en colères et de colères en révoltes. Déracinée, elle subit de profondes mutations et apparaît méconnaissable au XXème siècle puisqu’elle n’a plus vocation à raconter le passé et à transmettre les mœurs mais à se faire la voix des diverses clans et gangs qui toujours enchaînés d’une certaine façon, à un destin social de seconde zone, trouvent réconfort dans cet art multiséculaire qu’est finalement le Rap.
Aujourd’hui, dans notre société française, la culture Rap n’a pas bonne réclame. On se moque évidemment du style vestimentaire affranchi de tous les codes, les dépouillant même jusqu’à l’impudicité puisque le sous-vêtement surplombe à présent le survêtement. Puis on se rie surtout de leur patois trituré qui se diffuse par mimétisme hors de son foyer d’émancipation : on parle dans la vie comme on parle dans le Rap…
La cité HLM est le foyer de cette nouvelle culture Rap qui n’a plus de couleur puisqu’elle fédère aussi bien les jeunes immigrés issus de l’Afrique subsaharienne et tropicale que des jeunes européens de souche.
Les meilleurs interprètes comme Mc Solar sauront ajouter au ton calvairique de la révolte, une poésie qui sortira le Rap de son sillon victimaire. Mais la plupart du temps, des représentants mal inspirés l’y ramèneront par la violence du langage. Et en assumant sans complexe, le complexe Oedipien (1), leur discours devient pour le commun des mortels complètement inaudible. Et c’est malheureusement, ces infidèles et provocateurs représentants qui seront exhibés et jetés à la pâture médiatique, nourrissant au passage un effet de mode qui attrapera plusieurs générations d’adolescents, tout milieu confondu, en recherche d’identité sociétale.
Voici pour le versant pseudo sociologique. Voyons à présent pourquoi les politiciens sont eux aussi en crise d'adolescence…
Cette communauté du Rap est finalement relativement pratique car elle englobe sans la nommer, une communauté bien plus large et qui surtout si on le lui demandait s’en défendrait avec vigueur. Il s’agit, vous l’avez deviné de la communauté musulmane.
Aux antipodes de la culture Rap, elle se retrouve par la force de la médiatisation dont on n’a du mal à croire qu’elle soit tout à fait innocente, dans une impasse où son désir d’intégration sociale est couvert par le discours enragé du rappeur. Les musulmans sont devenus des rappeurs qui veulent se farcir du flic…
Mais à qui donc profite cette manœuvre médiatique ?
L’opinion qui n’a ni le temps ni l’énergie de s’informer et d’objectiver tombera assurément dans le panneau. Et c’est la raison pour laquelle malgré l’existence souterraine d’un Rap d’une qualité qui ne nous parvient pas ou peu, nous n’entendons que le message séditieux des rappeurs qui incitent à la violence et à la subversion.
Aussi on comprendra que ce discours servira à posteriori et par extension à stigmatiser la communauté musulmane à qui l’opinion publique ne pardonnera pas d’avoir brûler ses voitures, troubler son ordre et gaspiller ses impôts en incendiant ses écoles.
Le terreau d’une politique d’exclusion est devenu alors très fertile. Le plus dur est fait. On agrémente le scénario de quelques sorties dans les cités, on provoque habilement dans l’angle mort d’une caméra et on prend à témoin l’opinion qui flattée, s’enorgueillit d’avoir osé penser contre les valeurs et d’avoir eu raison…Enfin presque !
Pour faire court, voilà comment un « Griot », exulté des profondeurs sages de l’Afrique est devenu l’instrument puéril de la manipulation du peuple par la haute sphère. Le corps de la démocratie au suffrage universel est une fois de plus vidé de son sang et n’a plus que les mots pour vernis. Et un vernis tellement bien tamponné que l’opinion s’y voit dedans.
Socrate en aurait bu la ciguë sans attendre son procès…
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