Une journée pour la femme et 364 contre
La France, patrie des « droits de l’homme » ne reconnaît ceux de la femme qu’une fois par an : le 8 mars. Pour les 364 autres jours il faudra patienter.
Il est vrai que la patrie des droits de l’homme a envoyé à la guillotine celle qui avait, pourtant, largement promu des droits authentiquement humains parce qu’ils n’ignoraient pas la situation faite aux femmes.
Notre « fête nationale » ne mentionne donc jamais la personnalité emblématique d’Olympe de Gouges, rédactrice de la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, qui a laissé de nombreux écrits en faveur des droits civils et politiques des femmes, mais aussi plaidé pour l’abolition de l’esclavage et contre la peine de mort tout en assumant brillamment et seule, puisqu’elle était veuve, l’éducation de son fils unique Pierre qui devint général de la République.
Ce n’est sans doute pas assez de mérite pour que son exemple soit promu et redonne espoir aux « chefs de familles monoparentales », euphémisme de bienséance utilisé pour désigner la plupart du temps des mères de famille élevant seules leurs enfants.
Olympe, dans ton pays, lorsqu’il y a barbarie, elle s’exerce encore facilement à l’encontre des femmes. L’esclavage, quand il perdure, est souvent sexuel : tournante des banlieues, déportation de jeunes femmes étrangères sur nos trottoirs.
Le journal Libération ainsi que l’hebdomadaire Marianne dénonçaient il y a peu des propriétaires sans scrupules qui proposent l’échange de libertinage contre un toit à celles dont les ressources personnelles sont insuffisantes pour en avoir un.
D’après une étude sur la parité, publiée le 21 février 2008 par l’Insee, les emplois à temps partiels subis sont en effet à 31 % féminins alors qu’ils ne représentent que 6 % des emplois masculins.
Près du tiers des femmes au travail sont ainsi, de fait, maintenues dans l’impossibilité d’accéder à un moyen de subsistance qui permette leur entière autonomie pour les besoins les plus élémentaires.
Voit-on nos élus, essentiellement masculins, supprimer les allègements de charges patronales accordées aux entreprises qui abusent de ces emplois parcellaires et sans qualité ? Non, pas du tout.
Même la fameuse loi TEPA, prise en application du principe « travailler plus pour gagner plus », se traduit par de nouveaux recrutements sous contrats à temps partiel car les employeurs font leur compte et une heure payée à tarif bonifié est plus coûteuse qu’une heure payée à tarif normal. Cela aura sans doute échappé à nos députés.
Ainsi, dans le seul domaine où l’on espérait que cette loi réduise la précarité, elle l’accentue au détriment des femmes, principales concernées
A croire que le maintien de ces emplois précaires est pour nos dirigeants, une autre façon de contraindre celles qui vivraient un amour déçu à demeurer néanmoins au foyer ?
Il est vrai que l’activité réelle des « femmes au foyer » demeure « un travail dissimulé » non valorisé dans le produit national brut et par là même particulièrement intéressant pour la collectivité en général et pour ses bénéficiaires directs en particulier.
Songeons aux femmes d’agriculteurs, d’artisans, de commerçants, etc., très partiellement déclarées qui ont, une vie durant, assumé une réelle activité professionnelle aux côtés de leurs époux pour se retrouver, à l’heure de la retraite, avec des subsides bien insuffisants si elles viennent à être seules.
Peut-il en être autrement alors qu’assurer la représentativité des femmes dans les instances décisionnelles de notre pays demeure, de fait, un horizon lointain ? Si l’on a des listes paritaires, les élues, elles, ne représentent pas 50 % des postes pourvus.
Non seulement notre pays fut l’un des plus rétifs à accorder aux femmes le droit de vote, mais, depuis lors, la parité, c’est le moins que l’on puisse en dire, ne s’est pas naturellement installée ni dans le paysage politique français ni dans le paysage syndical d’ailleurs.
Il ne faut donc pas s’étonner que la discrimination salariale demeure d’actualité bien que les jeunes femmes réussissent mieux leur cursus scolaire que les jeune gens.
Une possible maternité autorise, de fait, les employeurs à considérer que le travail de leurs salariées a une moindre valeur.
Est-ce donc qu’un ventre qui s’arrondit, c’est une tête qui se vide à raison de 23 % de ses capacités de travail puisque tel est l’écart moyen entre salaires masculins et féminins ?
La paternité, par contre, est valorisée.
Devenu chef de famille le jeune homme bénéficie d’une implication présumée dans son travail à hauteur de ses nouvelles responsabilités ce qui lui permet de revendiquer un poste de travail à temps plein et un coup de pouce à sa rémunération alors même que la « charge de famille » repose essentiellement sur sa compagne.
Les femmes consacrent en effet quotidiennement deux fois plus de temps que les hommes aux tâches domestiques. La garde des enfants est "une activité généralement prise en charge par les femmes", qui s’occupent en outre de leurs parents âgés dans 70 % des cas, constate l’Insee.
On aurait pu penser que la pénibilité au travail était par contre l’apanage des hommes, or ce n’est pas le cas, et l’une des particularités de la pénibilité du travail féminin est qu’elle est difficilement reconnue, souligne l’Insee dans cette même étude "Regards sur la parité".
Même si les femmes travaillent plus dans les services que dans l’industrie, nombre d’entre elles sont soumises à de fortes contraintes, qu’elles soient physiques : travail morcelé, gestes répétitifs, postures pénibles ou travail psychologiquement lourd, notamment sur les postes d’accueil.
Au sein d’une même catégorie professionnelle, la probabilité d’être exposée au risque TMS est de 22 % supérieure pour les femmes en raison de la répartition des tâches et, de fait, 58 % des salariés qui développent ce type de maladies professionnelles sont des femmes. C’est ainsi que les « techniciens de surface » sont plus souvent dotés de machines alors que leurs homologues féminines demeurent équipées de balais et chiffons, remarque l’Insee.
On se demande en effet pourquoi l’on outille une femme d’un aspirateur pour son domicile de quelques dizaines de mètres carrés et d’un simple balai pour l’entretien professionnel de surfaces importantes comme celles des parties communes d’un immeuble. Résultat à la quarantaine, la colonne vertébrale n’en peut plus de traîner seaux d’eau, serpillières et balais dans des centaines de marches d’escaliers et nombre de halls d’étages ou d’entrées.
Enfin, alors que l’activité féminine augmente, de 60 % en 1975 à 82 % en 2006, voici maintenant que l’on entend des voix s’élever pour dénier aux femmes via un « retour du religieux » le contrôle difficilement acquis de la procréation. L’on remet en cause imperceptiblement l’amélioration de l’équilibre entre vie familiale et vie professionnelle.
Olympe, ton message est toujours d’actualité.
« Article XIII.
Pour l’entretien de la force publique, et pour les dépenses de l’administration, les contributions de la femme et de l’homme sont égales ; elle a part à toutes les corvées, à toutes les tâches pénibles ; elle doit donc avoir de même part à la distribution des places, des emplois, des charges, des dignités et de l’industrie. »
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