Une mobilisation massive des chercheurs
Les enseignants chercheurs se sont mobilisés en masse le 29 janvier après midi à Paris pour défendre leurs statuts, menacés par la réforme de la ministre Valérie Pécresse. Un projet très controversé qui bouleverse la répartition entre enseignement et recherche au sein des universités.
Accroché à un piquet, une peau de sanglier émerge au dessus du flot des manifestants. A coté sa banderole - légende : « Sarkozy n’aura pas la peau de l’Université ! » Le message est clair. Les enseignants chercheurs refusent d’accepter la réforme de « modulation des services » imposée par Valérie Pécresse, ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche. Ce projet vise à répartir les heures de cours dévolues à chaque enseignant chercheur selon la qualité de ses travaux. Les « bons » bénéficieraient d’une réduction de leurs quotas, tandis que les « mauvais » auraient plus de cours à donner aux étudiants.
Pour distinguer le bon grain de l’ivraie, le texte propose de se baser sur le nombre de publications rédigées par chaque chercheur. « Mais la quantité n’est pas forcément synonyme de qualité » note Frédéric Caupin, maître de conférence à l’Ecole Normale Supérieure. De plus, ce sont les présidents d’Universités qui distribueront les bons points. « Avec ce système, on risque le développement du clientélisme » se désole Aurélien Max, enseignant chercheur à l’université Paris Sud 11. Les promotions dépendront du bon vouloir des président avec un risque accru de favoritisme.
C’est un véritable cercle vicieux. Les chercheurs qu’on estime moins performants auront plus d’heures de cours, donc moins de temps à consacrer à leur projet et au final ne pourront pas progresser dans leurs travaux. « L’enseignement risque alors d’être perçu comme une sanction et à terme d’être dévalorisé » explique Blandine Durand en thèse de chimie à Jussieu. « Alors que les enseignants chercheurs pourraient très bien s’organiser et se répartir entre eux les heures de cours, selon les affinités de chacun ».
« Sarkozy n’a rien compris »
« La réforme que le gouvernement tente aujourd’hui de faire passer en force prouve qu’il ne connaît pas le fonctionnement du monde la recherche » explique Aurélien Max. Pourtant ce n’est pas faute de lui avoir expliqué. En 2004, les états généraux de la recherche ont abouti à toute une série de propositions qui sont restées lettres mortes. Sébastien Abramson en thèse de chimie à Jussieu va encore plus loin. « Cette réforme s’inscrit dans une logique de destruction du service public » s’insurge-t-il. « Il faut son retrait complet ». Un mécontentement qui s’apaiserait bien vite si le gouvernement consentait à réunir tous les acteurs pour discuter d’une évolution du système universitaire. Sans imposer une réforme par le haut. « Ce que nous demandons, explique Frédéric Caupin, c’est plus de temps et de liberté pour s’aventurer sur des pistes de recherches ambitieuses, mais pas forcément porteuses à court terme. Il faut faire confiance à notre vocation ».
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