De la confusion à la « fusion »...
Devant la débâcle énergétique que connaît notre pays, la perte de son indépendance, les pannes à répétition qui frappent les réacteurs nucléaires, certains envisagent l’utopie comme solution.
Ainsi, l’hydrogène est promu par les uns, la fusion est plébiscité par les autres, alors que la réponse la plus réaliste est ailleurs.
Mais revenons à la fusion…
sans rentrer dans le détail, en se basant sur la publication du site « inneance.fr », il s’agirait de faire intervenir des isotopes de l’hydrogène, le deutérium et le tritium, afin d’aboutir à la formation d’un noyau intermédiaire instable qui se désintègre à son tour très rapidement, donnant naissance à un noyau d’hélium plus stable, libérant ainsi un neutron de grande énergie…
sur le papier cela semble simple sauf que le rédacteur du site mentionné évoque 3 difficultés majeures : la température, la densité et le confinement.
La température ?...il faut atteindre des millions de degrés Celsius dans un espace confiné...soit 10 fois la température moyenne du soleil, et en même temps obtenir une densité de fusion suffisante...le rédacteur de conclure que les expérimentations de fusion ont montré que ces contraintes pourraient être atteintes...mais seulement séparément.
De plus, continue-t-il, pour qu’elle puisse être énergétiquement rentable, il faut qu’elle soit supérieure à l’énergie consommée pour l’entretien des réactions.
Ajoutons qu’à l’heure actuelle, on ne sait pas fabriquer de matériaux pouvant résister assez longtemps au rayonnement et au flux de neutrons libérés au cours de ces réactions, ce qui entraîne le remplacement régulier des parois, ainsi que les différents circuits fatalement endommagés.
En résumé, cette technologie « révolutionnaire » provoquerait une probable instabilité des réacteurs.
Ces recherches entreprises depuis les années 50 ont donné naissance au fameux Iter (1986), lequel devait permettre de produire une énergie de fusion de 500 mégawatts pour seulement 50 mégawatts consommés, et être capable de chauffer le plasma à 150 millions de degrés Celsius,, tout ça devant permettre la production du premier plasma pour décembre 2025...le début de l’exploitation en deutérium-tritium en 2035…
sauf que devant l’éventualité que des expérimentations portent leur fruit, un autre réacteur de fusion nucléaire appelé Demo devrait fonctionner en continu d’ici à 2040, avec la promesse de produire une énergie de fusion de 2 Gigawatts laquelle serait envoyée dans le réseau électrique…
mais il s’agit de conditionnel…
la réalité est moins encourageante puisqu’à ce jour aucun démonstrateur n’est parvenu à maîtriser le procédé de fusion contrôlée pour produire de l’électricité…
comme le conclu l’article : « quant à savoir si on est encore proche ou loin du but, il est difficile de répondre à la question à l’heure actuelle, les difficultés techniques et technologiques à résoudre sont immenses et beaucoup trop nombreuses... »lien
pourtant, il ne faudrait pas passer sous silence l’expérimentation réalisée par les physiciens du LLNL (Lawrence Livermore National labotary) au cours de laquelle à l’aide de 192 faisceaux lasers a généré moins que les 1,9 mégajoules fournis par ces lasers. lien
il y a donc loin de la coupe aux lèvres...et le temps passe avec son lot de déceptions : le parc nucléaire français bat de l’aile, la moitié des réacteurs du pays ne sont plus opérationnels, touchés par divers problèmes techniques liés aux matériaux utilisés, tels la corrosion du circuit primaire malgré le fait que la tuyauterie soit en acier inoxydable.
Mais hélas, la France n’est pas au rendez vous de la transition énergétique, condamné une première fois pour inaction climatique, en butte à des injonctions contradictoires. lien
Entre ceux qui veulent des énergies propres, mais surtout pas des éoliennes…
et ceux qui sont convaincus que le nucléaire est une énergie propre… garantissant notre indépendance énergétique...(alors qu’il n’en est rien, puisque notre uranium vient d’ailleurs, (Niger, Canada, Kazakhstan) en passant par ceux qui ne croient pas à la possibilité de coupures de courant...les obstacles se multiplient.
Sans oublier ces pseudo « experts » qui s’expriment sur nos ondes, tel l’épidémiologiste Kevin Jean, (invité chez Matthieu Noël (zoom zoom zen/france inter))...qui n’a pas hésité à déclarer que le bio-gaz ne sera jamais la solution... lien
mais l’expert était-il dans son domaine de compétence ?
A-il pris connaissance de l’étude suédoise qui a prouvé que le biogaz généré à partir de déchets engendre 95 % de gaz à effet de serre de moins que le pétrole ?… lien
Dans certains cas, 80 % du biogaz est fourni par le monde agricole, mais ce serait oublier que les sources d’approvisionnement destinées à faire du bio-gaz sont autrement plus importantes, et surtout qu’il ne faudrait pas utiliser la production agricole (maïs, soja, etc.) pour fabriquer du biogaz. lien
On sait aujourd’hui que plus de 50 Mtep (millions tonnes équivalent pétrole) peuvent être produits annuellement dans notre pays, (lien) ce qui correspond à la consommation de tous les véhicules du pays, poids lourds y compris, bien loin de la production actuelle qui dépasse tout juste le million de tonnes. lien
...même si l’agronome Claude Roy soutient qu’il sera difficile d’aller au-delà des 40 Mtep lien
Sur la question du prix, le biogaz coûterait 60 cts à la pompe, bien loin des tarifs exorbitants que nous payons aujourd’hui pour l’essence ou le fuel. lién
En attendant des milliards sont dépensés sur la technique de la fusion, pour un projet quasi illusoire qui ne serait opérationnel que dans plusieurs dizaines d’années…
le curseur financier est déjà à 44 milliards d’euros ...et ce n’est apparemment qu’un début. lien
Ajoutons les 23 milliards destinés à boucler peut-être l’EPR de Flamanville...les 120 milliards nécessaires aux 6 EPR projettés...et les milliards nécessaires à tenter de résoudre les problèmes de tuyauterie du parc nucléaire français en souffrance, et on arrive probablement aux 200 milliards…
un pognon de dingue qu’il disait…
question : avec ces milliards dispersés au gré des vents, combien aurions nous pu construire de méthaniseurs ?
À 4 millions le méthaniseur, ça en fait pas mal...50 000 au bas mot...il y en a que 442 en France à ce jour. lien
à se demander comment fonctionnent le cerveau de nos dirigeants qui continuent à poursuivre des chimères, alors que les solutions sont sous leurs nez...
comme l’écrit un internaute : « faut changer de voitures, changer de chaudières, changer de vie, mais s’il suffisait simplement de changer de politique ? ».
...Et comme dit mon vieil ami africain : « mieux vaut une vérité qui fait mal qu’un mensonge qui réjouit ».
Le dessin illustrant l’article vient d’agoravox
Merci aux internautes pour leur aide précieuse
Olivier Cabanel
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