Et l’homme créa la vie... artificielle !
Tout le monde ne partage pas l’enthousiasme de Craig Venter, qui, s’il semble rapprocher l’homme de Dieu, pourrait aussi bien le rapprocher du démon. Ainsi, Pat Mooney, directeur de l’ETC Group, organisme international privé de surveillance des technologies basé au Canada, qualifie de "boîte de Pandore" ses travaux, estimant que "la biologie synthétique est un champ d’activité à haut risque mal compris motivé par la quête du profit". "Nous savons que les formes de vie créées en laboratoire peuvent devenir des armes biologiques et menacer aussi la biodiversité naturelle", ajoute-t-il dans un communiqué.
Il est d’ailleurs saisissant que les travaux de Craig Venter sortent au moment même où Joël de Rosnay publie un livre au titre troublant : Et l’homme créa la vie..., qui traite exactement de ce sujet, et qui anticipe certains des pires dangers de ce nouvel élan prométhéen de l’humanité. Il faut ici lire le chapitre 3, intitulé "l’Ere des apprentis sorciers". En voici un extrait, en libre accès, dans lequel l’auteur imagine à quoi pourrait ressembler les bio-cataclysmes des prochaines décennies :
Bioterrorisme et écocatastrophes : vrais/faux scénarios du futur
A la une de Vox Populi : un cataclysme se prépare
Le 22 avril 2037, le grand site d’information en ligne Vox Populi (disponible en dix-huit langues et générant le plus gros chiffre d’affaires du TurboNet depuis une dizaine d’années), jette un pavé dans la marre. Sur sa page d’accueil, figure une angoissante composition numérique en trois dimensions. Impossible de dire, au premier coup d’œil, s’il s’agit d’un insecte ou d’un robot. Ou des deux à la fois. Les yeux globuleux de cette « chose » concentrent des milliers de micro-caméras et ses mandibules de titane semblent capables de cisailler l’alliage le plus tenace. Autour de la créature, un ciel menaçant déchiré d’éclairs.
Au dessous, des kilomètres de feuilles vertes plastifiées qui recouvrent la terre d’une étrange peau artificielle. Cette « Une » accrocheuse porte un titre énigmatique : « La biologie de synthèse : vers le grand cataclysme ? ». Au fil de la lecture de ce dossier spécial, les internautes découvrent une série d’histoires présentant deux points communs. D’une part elles évoquent des technologies ou des recherches impliquant la biologie de synthèse. D’autre part elles illustrent, par des exemples, les dangers de cette science, sur notre espèce, et même sur l’ensemble de l’écosystème terrestre. L’éditorial du rédacteur en chef donne le ton : « En exclusivité, nos équipes ont découvert l’origine de plusieurs tragédies ou écocatastrophes récentes, qui ont frappé la France comme une dizaine d’autres pays ces dernières années. Concernant ces dossiers sensibles, les autorités ont fait preuve d’embarras et d’une certaine volonté d’occulter la vérité lorsque nous les interrogions sur l’origine de telles affaires. Ce qui n’a pas manqué d’attirer notre attention de journalistes d’investigation. La plus emblématique de ces affaires reste la mort inexpliquée d’une centaine de milliers de personnes sur le continent américain entre juin 2022 et octobre 2023.
Ces révélations ont été possibles grâce au travail de l’un des plus célèbres biohackers britanniques, Hugh « Eddie » Thomasson, lequel a pu prouver la présence d’agents pathogènes ou de molécules toxiques dans les environnements liés à ces drames humains. Grâce à son génie et ses méthodes, il a pu remonter les ‘filières’. La plupart des allégations qui suivent ont été confirmées par des sources officielles mais qui souhaitent conserver leur anonymat ». Après une telle introduction, il n’est pas étonnant que les Internautes se soient rués sur l’enquête, qui enregistra son record d’audience (plusieurs centaines de millions de pages lues en quelques jours, et dans toutes les langues).. Parmi ces révélations, certaines font réellement frémir.
Des micro-robots devenus fous
A la page 4 du dossier de Vox Populi, ce titre : « Des robots destructeurs de réserves alimentaires ». En résumé, l’article raconte que des micro-robots agricoles, de la taille d’une écrevisse, avaient été lâchés au Japon sur des exploitations. Destinés à travailler en essaims de 20.000, ils étaient programmés pour récolter des substances à usage pharmaceutique, produites par des plantes modifiées par biologie de synthèse. Ces dernières produisaient non seulement des médicaments utiles à l’industrie pharmaceutique mais aussi des phéromones, molécules odorifères permettant à ces biorobots de se guider jusqu’à elles. Le problème est que ces micro-robots se sont avérés capables de s’auto reproduire à grande vitesse grâce à un échange de gènes.
Tout en se multipliant dangereusement, ils se sont non seulement mis à détecter les odeurs pour lesquelles ils avaient été programmés, mais également celles que dégagent fruits et légumes récoltés ! Conséquences : ils ont fondu sur des dizaines de marchés en plein air, halles, étals d’hypermarchés qui vendaient les récoltes produites par les exploitations sur lesquelles ils travaillaient. Des milliers de tonnes d’aliments frais furent littéralement détruits et saccagés, menaçant l’autonomie alimentaire de millions de Japonais… Ils ont donc été détournés de leur fonction première. En cause : leur nature hybride robotique et biologique (de synthèse), leur permettant d’échanger des gènes et de se reproduire comme une espèce indépendante…
Des termites dévoreurs de charpentes ravagent Bordeaux
Leur méthode : utiliser des termites modifiés par biologie de synthèse pour surexprimer le gène de la « lignase », une enzyme capable de digérer la lignine du bois et présente dans l’estomac de ces insectes xylophages.. Or, cette opération est indispensable pour accéder aux polysaccharides contenus dans le bois, découpés ensuite en sucres simples par des enzymes hydrolytiques. Concrètement, l’opération consiste à « ouvrir » les structures de la paroi du bois pour en extraire les polysaccharides et obtenir les sucres fermentables en bioéthanol. Or, pour dégrader les parois du bois, les termites modifiées doivent dévorer des quantités considérables de ce matériau naturel. Le problème est que ces « super termites » issus de la biologie de synthèse, se sont reproduits de manière anarchique et se sont échappés du laboratoire de Lacq. Ils ont ensuite rapidement gagné le port de Bordeaux par transport routier ou fluvial, cachés dans divers caisses ou produits à base de bois, et ont dévoré charpentes et tonneaux pour aboutir au désastre… L’affaire avait alors été étouffée par les autorités.
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