La bataille du climat
Le climat continue de rester mauvais. Tout le monde s’en est aperçu ces derniers temps, à l’orée d’un printemps maudit, particulièrement froid en cette fin de mars et ce début d’avril. Où est le réchauffement tant prédit et tellement annoncé alors que les radiateurs au nord de la Loire restent désespérément allumés, que gaz et fuel sont consommés comme jamais et que les gens grelottent dans leurs logis au lieu de se réchauffer sous les rayons d’un soleil qui n’apporte ni Lumières spirituelles ni nouvelles calories pour réconforter les cœurs, les corps endormis par l’hiver et l’esprit pas encore sorti de la longue torpeur de l’hibernation
Un combat fratricide
Le combat fait rage entre les scientifiques « officiels » du GIEC et les Francs tireurs et partisans de Claude Allègre et de ses troupes. Ce dernier n’hésite pas à jouer sur la mise en avant du principe démocratique selon lequel ce sont toujours les plus nombreux qui ont raison. Comme cet auteur doublé d’une personnalité scientifique et politique vient de vendre près de 120.000 exemplaires de son livre ce qui lui assure une vie confortable, il estime avoir raison contre les « scientifiques » du GIEC qui sont loin d’avoir atteint cette performance. Prise comme témoin et juge dans ce conflit, notre Ministre de l’Enseignement Supérieur – qui cherche à le devenir plus qu’à l’être déjà – a botté en touche sans défendre vigoureusement un ancien candidat à son poste tout en gardant un certain respect pour une personnalité qui avait agité en son temps le monde de l’Education Nationale par ses propositions de réforme. Le terrain de la discussion s’est déplacé des laboratoires de physique, de chimie ou d’électronique vers les plateaux de télévision où la quantité des décibels a sérieusement augmenté pour expliquer des positions que l’on peut défendre sans peine par le raisonnement, la déduction, les observations plus que par les passions.
Désarmés ?
Désormais sans défense, tous les protagonistes de ces batailles et âpres discussions se sont précipités dans les bras protecteurs d’aréopages adoubés par la société aussi bien d’un côté que de l’autre. Le clash n’a pas été évité, les débats continuèrent avec âpreté sans doute en raison des difficultés techniques, intellectuelles et mathématiques de prédire le climat avec précision et certitude. Est-ce pour cette raison qu’en France, la météorologie est commentée par des personnages issus plutôt du show bizz que de l’information pour rassurer des téléspectateurs angoissés par les vicissitudes d’un temps variable, insaisissable surtout dans certaines régions de notre planète qu’on dit fortement endommagée par le comportement incivique des hommes qui la peuplent. C’est dans ces conditions que plus de 400 chercheurs en sciences du climat ont adressé aux hautes instances de la science française, mardi 30 mars, un appel à sortir de leur mutisme face à ce que les signataires considèrent comme des "accusations mensongères" publiquement portées contre eux et à ce qu’ils interprètent comme des entorses répétées à l’éthique scientifique.
Une rumeur mondiale
Le piratage d’un millier de courriels échangés entre les climatologues de l’unité de recherche climatique de l’université d’East Anglia au Royaume-Uni a alimenté la rumeur mondiale d’une vaste manipulation de données accusation qui a finalement blanchi les scientifiques impliqués. C’est à ce stade qu’est entrée en scène la vedette féminine de cette tragi-comédie en la personne de Valérie Pécresse, ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche, et d’autres personnalités d’importance tels que les présidences du CNRS, de l’Académie des sciences et des principaux organismes publics de recherche à la suite d’un courrier qui fait explicitement référence aux deux personnalités climato-sceptiques les plus médiatisées en France : le géochimiste et ancien ministre de l’éducation nationale Claude Allègre, ainsi qu’un de ses proches, le paléomagnéticien Vincent Courtillot, directeur de l’Institut de physique du globe de Paris, tous deux membres de l’Académie des sciences. La réplique a été plutôt molle et conciliatrice en renvoyant la dispute à un projet "d’’organisation d’un débat scientifique serein, arbitré par les pairs" sur la question climatique. Le feu avait été allumé par « L’imposture climatique », livre à succès rédigé par le climato sceptique Allègre assisté de son collègue Vincent Courtillot auteur lui-même de Nouveau voyage au centre de la Terre (Odile Jacob, 2009). Quand on est à bout d’arguments scientifiques et rationnels, on fait appel à la théorie du complot comme au temps jadis où les pouvoirs des pays totalitaires étaient représentés par des personnalités « sulfureuses » et paranoïaques comme on dit maintenant, qui avaient pour nom Hitler et Staline.
Complot ?
Ils ne cessaient de parler de complot, de manigances souterraines, de sectes, de secrets pour accuser nettement les damnés de la terre d’être intervenus au nom du communisme, du judaïsme ou d’on ne sait quelles sectes obscures et obscurantistes. Contre l’accusation de conspiration, les troupes qui se battent au nom de l’honnêteté scientifique et de la clarté on réplique évoquent que les déclarations publiques des deux géologues, donc non climatologues, « ne passent pas par le filtre standard des publications scientifiques, écrivent-ils. Ces documents, publiés sous couvert d’expertise scientifique, ne sont pas relus par les pairs et échappent de ce fait aux vertus du débat contradictoire." "Leurs auteurs oublient les principes de base de l’éthique scientifique, rompant le pacte moral qui lie chaque scientifique avec la société", ajoutent les pétitionnaires, parmi lesquels Emmanuel Leroy-Ladurie, le glaciologue Claude Lorius, le géophysicien belge André Berger, président honoraire de l’Union européenne des géosciences et membre étranger de l’Académie des sciences française. D’ores et déjà des erreurs et non des moindres auraient été commises à profusion dans les ouvrages incriminés, ne serait-ce que dans « Le Monde ». Plusieurs chercheurs étrangers se sont ajouté à cette liste, dont Louise Sime (British Antarctic Survey) qui a également dénoncé une exploitation "incorrecte" de ses travaux. A ces accusations, les réponses des « accusés » ont consisté à avouer que "toutes les courbes ont été redessinées, "ce qui explique les inexactitudes ou même des exagérations par rapport aux originaux. C’est un choix éditorial." La pétition est "nulle et stupide". C’est "une réaction de gens qui voient que mes idées gagnent du terrain et qui s’affolent », a déclaré Claude Allègre. Est-ce que tout le monde est affolé devant l’ampleur d’une polémique inutile sinon risquée et dangereuse ?
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