La fin de la complexité
Internet est entré dans de très nombreux foyers au point de devenir un
média de masse. Les différences considérables entre l’aventurier du Web
de la fin du 20ème siècle et l’utilisateur-consommateur de 2010 ont un
impact considérable sur les usages et sur le matériel. C’est désormais
le grand public qui décide du succès ou de l’échec des services et des
outils proposés et non plus les « influenceurs » du Web. Si les
personnes âgées, comme on le pressent, sont plus nombreuses à utiliser
Internet, on peut aussi imaginer qu’il faudra aller vers davantage de
simplicité, dans l’avenir.
Prenons un exemple récent : l’Ipad, la tablette d’Apple. Lorsque le patron d’Apple présente l’objet, de nombreux experts du Web se moquent. Cet outil ressemble à un grand Iphone, il n’innove en rien. L’Ipad ne dispose pas du langage Flash, n’a pas de périphérique permettant de stocker des données. Ses usages sont prisonniers de la bibliothèque Itunes.
L’Ipad devrait être facturé plus de 450 euros pour la version 16 Go, un disque minuscule de stockage quand on le compare à ceux qui équipent n’importe quel ordinateur même de bas de gamme. Un flop ? Et bien non, un succès qui semble dépasser les attentes de la firme à la pomme. Ce qui est plébiscité : son incroyable simplicité.
Dans un autre registre, la recette réseaux sociaux n’en finit pas d’être déclinée. Le fameux Chatroulette, un réseau social où on n’a même pas besoin de s’inscrire, un chat vidéo où vos interlocuteurs apparaissent au hasard, intrigue par son succès.
Quant au fameux Facebook, il vient de passer ses 17 millions de membres. Un chiffre qui ne peut laisser indifférent !
La fin de la geekerie
Comme le dit Alexis Mons, c’est la fin de la domination de la geekerie, au sens d’une certaine complexité technologique.
La société de l’information est aujourd’hui peuplée de Monsieur et Madame Toulemonde. Facebook est sans doute un peu basique, mais ce basique convient parfaitement à la grande masse des utilisateurs.
D’après une étude récente de Yahoo, 74 % des internautes disent qu’ils ne pourraient pas bénéficier du meilleur d’Internet sans moteur de recherche. Mais ces moteurs devront être de plus en plus fiables : 61 % des internautes ne vont pas plus loin que la première page de résultat. Que sont devenus les opérateurs booléens ? En dehors de quelques professionnels de l’information, qui les utilise encore ? Sur Internet, on finit toujours par trouver… même si ce n’est pas ce que l’on cherchait au départ. Et pour la grande majorité des internautes, c’est l’essentiel.
Pour les pionniers de l’ordinateur, la découverte de l’informatique et d’Internet a été un véritable parcours du combattant, ce n’est plus le cas aujourd’hui. Un débat fait rage actuellement : Les jeunes sont-ils à l’aise avec les nouvelles technologies ou pas ? La réponse est oui mais ils le sont sur le mode « consommateur ».
La plupart des jeunes ne sont pas intéressé par l’outil mais par la satisfaction qu’il leur donne. La révolution est là. Dans un passé encore récent, l’accès au web impliquait des connaissances, ce sera de moins en moins le cas dans l’avenir. L’internaute devient un consommateur. Gardera-t-il un œil suffisamment critique sur ce qu’on lui propose ? L’Internet pourrait-il demain devenir un espace où on gère votre temps de cerveau disponible comme le fait si bien la télévision, selon l’expression de Patrick Lelay ?
Faciliter l’accès à l’information disponible, simplifier les usages devient absolument vital. N’en déplaisent à certains, je crains que des outils comme Buzz ou Wave de Google soient condamnés à court terme. Combien de personnes savent d’ailleurs ce dont il s’agit ? Et ne comptez pas sur eux pour s’y intéresser ! Quant aux spécialistes de la complexité, je leur laisse en consolation cette très bonne vidéo de Vinvin. Ils y trouveront là, peut-être, matière à réflexion pour leur avenir.
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