La France en panne des sens
Les gilets jaunes n’ont pas fini de faire couler de l’encre, à défaut de faire couler de l’essence, et on peut légitimement s’interroger sur le choix de nos dirigeants à rester dépendant du pétrole, alors que nous avons les moyens de nous en passer.
Bien sûr, Macron et sa clique font des efforts désespérés pour pousser les citoyens à se tourner vers la voiture électrique, sauf qu’ils sont nombreux à avoir compris que cette voiture était avant tout une voiture nucléaire.
En effet, dans un pays où 75% de l’électricité est encore, et pour longtemps, d’origine nucléaire, le remplacement des véhicules du pays par des voitures nucléaires boosterait la production nucléaire, provoquant la mise en place d’une nouvelle génération de réacteurs, les tristement célèbres EPR.
Tristement célèbre, car avant même le lancement du premier réacteur EPR, on sait que le budget prévisionnel de ces réacteurs a explosé, passant de 3 milliards à plus de 10 milliards... le délai de lancement étant repoussé année après année... du 2012 initial, on en est à peut-être 2020. lien
Ajoutons pour la bonne bouche que celui de Flamanville souffre de nombreuses malfaçons, notamment concernant la cuve, laquelle ne peut plus être remplacée, à moins de repartir à zéro.
Un rapide calcul apporte la preuve que si tout le parc automobile français devenait électrique, il faudrait construire 20 réacteurs nucléaires supplémentaires.
Mais revenons au diésel, il ne faudrait pas jeter le bébé avec l’eau du bain, car il n’a peut-être pas dit son dernier mot, s’il faut en croire les ingénieurs de Bosch, qui annoncent un moteur qui n’aurait plus la moindre incidence sur la qualité de l’air. lien
D’ailleurs, selon certains scientifiques, le diésel est meilleur que l’essence contre le changement climatique. lien
Ajoutons, pour la bonne bouche que, selon l’équipementier américain Delphi, le diésel consomme 20 à 25% de moins qu’un moteur à essence. lien
A voir donc...
Bien évidemment, si notre pays décidait enfin de se tourner vers les énergies propres pour produire de l’électricité, la question se poserait différemment, mais ce n’est manifestement pas le cas actuellement puisque la France est lanterne rouge dans ce domaine. lien
De plus, il resterait la délicate question des batteries, lesquelles vont générer une pollution considérable, d’autant que leur recyclage coûte extrêmement cher, et n’est pratiqué actuellement qu’à 5%.
Face aux allégations discutables d’un gouvernement qui, pour défendre l’option nucléaire, assure à tort qu’il ne produit pas de C0² : en effet, de l’extraction de l’uranium nécessaire au fonctionnement du réacteur, jusqu’à la construction du dit réacteur, en passant par la transformation de l’uranium en combustible, et par le transport, il serait illusoire d’imaginer que le nucléaire ne produit pas de C0².
Mais alors que faire ?
Le moteur à hydrogène est loin d’avoir prouvé qu’il serait demain la solution... il y a le risque de fuites, le rendement peu performant, et la rareté de platine sur cette terre, autant d’éléments qui ne sont pas en faveur de cette solution.
Le moteur à air comprimé n’a hélas pas trouvé beaucoup d’amateurs...
La solution est pourtant tellement simple qu’on peut être légitimement surpris qu’elle n’ait pas convaincu nos dirigeants.
Le méthane fabriqué... telle pourrait être une bonne solution.
Facile à mettre en place, ne nécessitant pas de moteurs vraiment particuliers, produisant une pollution minime, puisque c’est un gaz qui est brûlé, le méthane fabriqué est la solution. lien
Les sources de production sont multiples...
Tout ce qui fermente produit du méthane.
Des déchets ménagers au petit lait des coopératives, en passant par les fosses septiques, les zones de lagunage, les stations d’épuration... la production de méthane pourrait être dans notre pays de l’ordre de 55 Mtep (millions de tonnes équivalent pétrole), de quoi couvrir donc la totalité des besoins du pays, tant pour les voitures que pour les poids-lourds.
Qui sait, par exemple, que l’Abbaye de Tamié, en Savoie, laquelle produit le fromage du même nom, (150 tonnes de fromage par an) utilise le petit lait produit pour produire de l’énergie, faisant une économie de près de 7000 euros par an, permettant de chauffer tout le bâtiment, et faisant aujourd’hui des émules dans d’autres fromageries ?
Le tournant a été pris lorsque les moines trappistes ont dû payer 2 cts par litre pour se débarrasser du petit lait très polluant. lien
Or notre pays possède 2143 exploitations laitières, de quoi produire des millions de tonnes de biogaz.
Depuis, d’autres laiteries ont emprunté ce chemin, et 650 agriculteurs et éleveurs, gérant un troupeau de 13 000 vaches, produisent 53 millions de litres de lait, beurre, fromage etc., mais aussi du biogaz, lequel réinjecté dans un moteur de cogénération, produit de l’eau chaude à 90°C et près de 3 millions de KWh d’électricité par an, de quoi alimenter une ville de 1500 habitants.
D’ailleurs, à ce jour, une vingtaine d’autres centrales de ce type ont été construites dans notre pays. lien
Tournons-nous maintenant vers les déchets ménagers...
A Lille, les 108 000 tonnes de déchets annuels produisent du biogaz, lequel fait tourner une centaine de bus, ce qui leur permet de parcourir en moyenne 60 000 km par an.
Si l’on considère que les français produisent en moyenne près de 900 millions de tonnes de déchets par an, dont la moitié pourrait produire du méthane, on découvre que notre potentiel s’élève à 20 Mtep par an.
Quittons les déchets ménagers, et tournons-nous vers les étables, les porcheries, les haras, les élevages de volailles...
Les 500 000 chevaux qui galopent dans notre pays permettraient la production annuelle de 400 millions de m3 de méthane, car une tonne de fumier produit 100 m3 de biogaz... avec 12 m3 de lisier de porc introduits dans un digesteur, on peut produire 90 m3 de méthane par jour... or chaque porc produit 1,2 m3 de lisier par an, et 38 millions de porcs gambadent (parfois) dans notre pays... quant à la vache laitière, elle produit 90 kg de méthane par an. lien
Des experts se sont penché sur la question, et ont imaginé la production de méthane possible dégagée par tous les bovins du pays, concluant que près de 3000 millions de m3 de méthane pourraient être récupérés pour produire de l’énergie, chaleur, électricité, voire du carburant. lien
Et ce serait oublier le potentiel méthane qui est dégagé par les broussailles broyées, laissées sur place par beaucoup de bucherons.
Un certain Jean Pain avait récupéré, dans les années 60, le méthane qui s’en dégageait pour faire tourner le moteur de sa 2 cv. lien
Finalement, le potentiel « méthane fabriqué » atteint facilement les 55 Mtep/an, de quoi fournir du carburant pour tous les véhicules du pays, et améliorant considérablement la balance commerciale de celui-ci, puisqu’il ne serait plus obligé d’acheter tant de pétrole.
Encore mieux, l’opération « méthane-carburant » serait gagnant/gagnant, car le méthane est un gaz très perturbateur pour le climat, agissant 23 fois plus que le CO².
Au moment ou De Rugy, qui est à l’environnement ce que Don Juan est à la fidélité conjugale, comme l’écrit dans son blog Jérôme Leroy, (lien) frappe de ses petits poings sa table de travail, en affirmant que tout va dans le bon sens, que ça y est, la transition écologique est en marche... et qu’on allait voir ce qu’on allait voir, le président de la république n’a-t-il pas compris que les français ne sont plus prêts à avaler ses bobards, et ne se contentent plus de mots ?
Tout cela ne s’apparente-t-il pas à un grossier bricolage, destiné seulement à relancer l’énergie nucléaire ?
La question est posée.
Pour en revenir à l’actualité, celle des gilets jaunes, alors que le gouvernement parie sur un pourrissement de la situation, les blocages continuent, l’essence manque par endroits, (lien) et on commence à assister à des scènes originales, comme celle de policiers déposant leurs casques, et fraternisant avec les manifestants. lien
A l’aube du grand rassemblement parisien, prévu pour ce week-end, nul doutes que finalement une certaine inquiétude s’invite en haut lieu... d’autant que certains manifestants ont de la suite dans les idées. lien
Comme dit mon vieil ami africain : « le fardeau soutenu par la foule est une plume ».
L’image illustrant l’article vient de « corse-machin »
Merci aux internautes pour leur aide précieuse
Olivier Cabanel
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