La guerre des bytes est déclarée...
Quelques micro-événements ont ces derniers jours secoué la planète Elysée : la nomination d’une paire d’oreilles censée scruter le web pour rapporter ce qui s’échange à propos du « patron », la suppression des « points presse » et surtout la pseudo-solution apportée à l’affaire du SMS. Le message est clair : la nouvelle équipe chargée de la communication de « Don Nico » clôt les dossiers, règle les comptes et verrouille avec pour objectif faire remonter l’homme dans le cœur si ce n’est des Français, du moins des électeurs de son camp. Mais les gesticulations cocardières (l’hommage aux poilus ou encore aux maquisards des Glières et à Tom Morel...) ne permettent ni de masquer qu’il semble bien se produire là une sorte de détournement de moyens publics à des fins d’image personnelle ni d’effacer le mépris affiché pour la parole du peuple ni enfin que c’est bel et bien une reprise en main des médias et de l’information qui est en train de se produire... Pourtant, cette vaste offensive paraît vraiment d’un autre âge tant les moyens employés sont technologiquement vides de sens et, à ce titre, l’affaire du SMS est exemplaire... Aussi, il y a fort à parier que les résultats ne seront pas à la hauteur des espérances... car toute communication, si géniale soit-elle, résiste rarement aux lourds assauts des faits !
L’intronisation d’un certain Princen comme grand « Echelon »[1] du "Prince" peut faire sourire, mais elle dénote surtout d’une volonté de prise en main supplémentaire de la communication et des médias qui ne peut que faire réfléchir.
Elle intervient alors qu’un « buzz » orchestré par l’Elysée tend à faire dire que « l’affaire du SMS » - un bien grand mot - se dégonfle et que ledit président, probablement sur les conseils avisés des enquêteurs, va retirer, ou a retiré sa plainte pénale.
Mais ce double épiphénomène est significatif de la manière de penser des gouvernants actuels, état d’esprit qui pourrait être synthétisé de la façon suivante :
- vous êtes sous surveillance ;
- nous utiliserons tous les moyens à notre disposition pour faire porter sur vous le discrédit si vous faites passer un message ou une information qui nous déplaît, y compris la manière forte et en usant et abusant des services de l’Etat que nous avons à notre disposition...
On peut discuter sur l’absence d’esprit de démocratie qui préside à cette façon de faire - mais il y a fort à parier que les gouvernants actuels se soucient de démocratie comme de leur première paire de Berlutti © -, mais, surtout, il est peut-être utile de signaler que cette attitude peut se révéler non seulement onéreuse - des services d’écoutes, cela coûte ! -, mais tout simplement inutile.
Eh oui... malheureusement, nul n’est plus vraiment dupe... sauf peut-être ceux qui le souhaitent encore.
Mais pourquoi nous refusons-nous à être trompé ? Tout simplement, parce que nous disposons maintenant d’un minimum de culture technologique... De ce fait, nous n’ignorons pas que la technologie SMS n’est pas particulièrement sécurisée [2] : chaque message peut être rapidement retrouvé et identifié, y compris lorsqu’il a été effacé. Il s’agit-là d’une technologie souvent exploitée lors d’enquêtes de police et donc déjà entre les mains d’enquêteurs dont la mission est « la recherche de la vérité [3] [4] ». Voilà aussi pourquoi tous les espions en herbes savent qu’il faut changer de carte SIM le plus souvent possible.
Quoi qu’il en soit, la Police scientifique a les outils en mains et sait s’en servir, lorsqu’elle le souhaite [5] !
Ainsi, chaque message SMS - s’il a existé - peut être récupéré à l’aide de logiciels simples disponibles en téléchargement [6]. Il aurait ainsi été très simple, pour démontrer de façon irréfutable, la réalité - où l’absence de réalité - du SMS présidentiel, de présenter une analyse technologique présentant notamment :
-
l’analyse
de la carte SIM du portable de Dona Albenitz ;
-
l’analyse
de la carte SIM du portable de Don Nico ;
- l’analyse des journaux de transferts du Short messaging service center (SMSC) en charge de la conservation des messages en cas d’absence du destinataire et qui, de ce fait, en gardent la trace...
Cela fait, et si ce SMS n’avait pas existé, cette simple expertise qui prend à peine dix minutes aurait suffit à dégonfler l’affaire. Et Airy Routier aurait alors pu, à juste titre, être accusé de négligence.
Bref, une démonstration technique et scientifique aurait pu lever tous les doutes et restaurer la validité de la parole présidentielle.
Mais foin d’analyse technologique et de rapports d’expertise dans cette affaire. En lieu et place de faits, les thuriféraires du prince nous opposent une pseudo-leçon de morale (l’article de Carla Bruni [7]) en nous demandant de porter crédit à des « fuites » à la suite de témoignages orchestrés, en nous demandant de donner plus de poids aux dires de l’un plutôt que de l’autre... Bref, en employant très exactement les méthodes qu’ils souhaitent décrier...
Nous attendions mieux de l’Elysée que cette pantalonnade, ce « petit règlement entre amis » nauséabond... Non, la dignité de la fonction présidentielle exigeait, puisque, comme ils le crient, ni « il signore Nico » ni « la signora Albenitz » n’ont rien à se reprocher, qu’un audit technique soit publiquement et de façon indépendante effectué [8].
Mais, pauvres citoyens que nous sommes n’avons pas le droit à la vérité. Pourtant, et comme cela a pu être dit par d’autres, cette attitude de dénigrement laisse en creux, planer le doute et le soupçon... en creux cela porte au « message » actuel du « pauvre petit président victime de l’acharnement des médias » un coup fatal...
Toute cette affaire ne fait qu’accroître le fossé entre les « gens normaux » que nous sommes et une certaine élite [9] qui vit de - et grâce à - nos efforts. Il est probable que les quelques soutiens encore acquis à « Don Nico » lui resteront acquis, que les autres lui resteront opposés, bref que cet épiphénomène finalement sans grand intérêt confirmera l’éclairage peu glorieux que nous pouvions avoir de la personnalité profonde de notre dirigeant actuel... Mais avions-nous besoin d’un SMS pour en être assuré ? Certainement pas...
[1] Pour ma part, je préfère les échansons, mais chacun ses goûts et « Don Nico » n’aime pas les grands crus... http://vadeker.club.fr/humanite/geopolitique/rapport_echelon_fr.pdf
[2] http://www.iec.org/online/tutorials/wire_sms/ - et aussi, un SMS peut toujours être intercepté et lu par un tiers...
[5] Dans ce domaine, la police scientifique a par le passé prouvé son efficacité...
[6] http://www.download25.com/001micron-sim-card-data-recovery-download.html mais ce n’est qu’un exemple....
[7] Disons que la parole de Carla Bruni est très certainement de peu de conséquence si l’on se penche sur quelques-uns de ses dires à propos de notre pays... et qu’elle pense très certainement, tout comme son époux, que les Français sont tous des connards, d’ailleurs elle l’a dit.
[8] Et il est probablement trop tard pour demander quoi que ce soit, car les flagorneurs élyséens ont dû, depuis lors, faire le nécessaire pour qu’une approche technologique ne soit plus possible.
[9] Que serait Carla Bruni si nous n’achetions pas ses albums aujourd’hui après avoir acheté hier les magazines dont elle faisait la couverture ?
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