La reproduction sexuée réduirait la diversité génétique

Depuis 125 ans, les biologistes racontent que la reproduction asexuée engendre une descendance composée de clones (identiques) alors que la sexualité est responsable d’une progéniture diversifiée, de surcroît pouvant rendre compte des mécanismes de l’évolution. En fait, c’est exactement l’inverse qui se passe, affirme Henry Heng, professeur de biologie, dans un retentissant article publié dans le journal Evolution, avec son confrère Root Gorelick. Ces deux scientifiques osent une hypothèse audacieuse remettant en cause tout ce qu’on croyait savoir sur la reproduction des espèces. Si Heng et Gorelick reconnaissent que la diversité est due à des recombinaisons génétiques, ils pensent que reproduction sexuée n’a aucun rôle moteur dans la diversité génétique. Bien au contraire, elle aurait comme finalité de maintenir le patrimoine chromosomique intact, de le stabiliser, de le préserver contre les altérations génétiques et même épigénétiques. Cette hypothèse a été publiée en ligne il y a plus de six mois et figure dans le numéro d’Evolution daté d’avril 2011. Titre de l’article : « SEX REDUCES GENETIC VARIATION : A MULTIDISCIPLINARY REVIEW » Les médias en ont peu parlé et on peut le comprendre. Elle vient d’être présentée sur le web journal Science daily.
Si ce que racontent les auteurs est vrai, alors c’est l’un des piliers de la théorie de l’évolution qui vacille, avec son cortège d’idées reçues. Cette nouvelle est incroyable. C’est comme si une équipe d’astrophysiciens annonçaient que la lune est plate. Enfin, pas tout à fait, car la théorie de ces deux biologistes n’est pas motivée par une observation précise mais par une réflexion amenant à revoir la théorie sur les processus du vivant et notamment, la question de la reproduction sexuée. L’article est riche en argumentations, avec plus d’une centaine de références citées. La reproduction sexuée est la plus répandue, surtout chez les organismes pluricellulaires où elle est la règle alors que la parthénogenèse, bien que très connue, est l’exception et d’ailleurs, les biologistes ne s’expliquent pas vraiment pourquoi ce mode de reproduction n’est pas courant, car il est plus efficace que la reproduction sexuée comme le soulignent les auteurs. L’évolution a donc sélectionné un mode de reproduction moins efficace que la reproduction asexuée qui dominait il y a deux milliards d’années. Selon Heng, la sexualité animale exerce une contrainte sur l’évolution en minimisant la macroévolution, tout en maintenant l’identité génétique des espèces, autrement dit, évitant que l’espèce B ne se mélange avec l’espèce A. Ce qui n’empêcherait pas, bien au contraire, le génome de se transformer et de jouer une partie de microévolution participant à l’adaptation d’une espèce à son environnement.
Cette idée d’une reproduction sexuée assurant la stabilité du génome va donc à l’encontre des thèses admises et ne manque pas de susciter un cortège de questions et notamment, celle qui hante les évolutionnistes. Quel est le mécanisme exact produisant la spéciation et plus généralement, la transformation des espèces ? Le rôle « stabilisant » de la reproduction sexuée ne fait que renforcer l’énigme du vivant. Comment expliquer la présence de 10 000 espèces d’oiseaux, de 20 000 espèces de poissons, du million d’espèces d’insectes répertoriées sur les 10 à 30 millions supposées ? Les recombinaisons génétiques lors de la méiose et de la fécondation sont invoquées dans la diversification génétique or, la nouvelle hypothèse impose de revoir cette idée théorique. Par ailleurs, des interrogations philosophiques ne manquent pas de surgir sur la logique du vivant avec peut-être, une finalité sous-jacente qui serait dévoilée par la sexualité animale. Voilà donc des nouvelles fort excitantes du côté du front évolutionniste. Les auteurs iraient dans le sens d’une réévaluation des approches théoriques. Une des pistes fructueuses serait de ne plus focaliser la relation entre chromosomes et évolution en mettant comme élément central le gène, mais de considérer la question en considérant le génome plus globalement, comme une sorte de pack à visée évolutive doublé d’une mémoire génétique, ce qui par ailleurs irait dans le sens de mes hypothèses concevant une évolution basée sur des modules géniques et des fonctionnalités sélectionnées au cours de l’expérience vivante dans le milieu.
Comme le soulignent les auteurs dans le résumé de leur réflexion, la sexualité n’est pas évidente et s’avère assez contraignante. Car elle suppose la recherche d’un partenaire pour assurer le mélange chromosomique par le biais des gamètes. Cette reproduction a bien un rôle mais il ne serait pas celui couramment admis, ce qui va à l’encontre des idées sur la diversification génétique produite par la sexualité animale. (Une dernière précision. Cette hypothèse ne manquera pas de rameuter les racistes avec leurs gros sabots et leur petit QI, à qui il faudra expliquer que cette thèse inédite ne change rien aux affaires humaines puisque tout homme sur cette terre est le représentant d’une seule et unique espèce nommée homo sapien.)
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