La trisomie est une tragédie grecque
Péguy disait que les aventuriers des temps modernes sont les pères de famille nombreuse. A fortiori quand ces familles comptent des enfants différents – quelle que soit, d’ailleurs, la nature de cette différence. Je connais un de ces aventuriers, un « guerrier de la lumière », pour reprendre la jolie expression de Paulo Coelho. Il s’agit de Jean-Marie Le Méné.
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Grand serviteur de la République – il est magistrat à la Cour des comptes –, grand serviteur de la science – il est président de la Fondation Jérôme Lejeune, le principal organisme français de recherche sur les déficiences intellectuelles d’origine génétique, reconnu d’utilité publique – mais surtout grand serviteur de l’homme pour son engagement en faveur des enfants trisomiques, ceux qu’on appelait autrefois les « mongoliens », il vient de publier un très bel ouvrage intitulé La trisomie est une tragédie grecque (Editions Salvator, 14,50 euros).
A l’occasion des 50 ans de la découverte des origines de cette maladie, racontée dans le livre avec une limpidité telle que même les esprits littéraires en viennent à se passionner pour la génétique (!), Jean-Marie Le Méné nous déroule, sur le ton de la méditation, le scénario poignant de cette "maladie-mystère", où le dérèglement provient, non d’une carence, mais d’un surplus : « Ce n’est pas la faute des parents ni de personne d’ailleurs. La trisomie est un accident, une sorte d’erreur d’aiguillage » écrit le président de la Fondation Jérôme Lejeune.
Dans ce livre, Jean-Marie Le Méné s’efforce de sensibiliser l’opinion publique à la possibilité de guérir la trisomie. Guérir ? Oui, guérir. Imaginez Pascal Duquenne (l’acteur trisomique du merveilleux film Le huitième jour) transformé en Brad Pitt grâce à quelques pilules…Fantasme ? Peut-être, mais cela ne doit pas empêcher de chercher des perspectives thérapeutiques. A l’heure actuelle en France, 96 % des foetus trisomiques dépistés font l’objet d’avortements. Or, de nouvelles voies sont actuellement explorées par des chercheurs pour pallier les effets nocifs du fâcheux chromosome surnuméraire et ainsi « rendre aux patients les possibilités qu’ils portent en eux mais qu’ils ne peuvent exprimer convenablement. » Lorsque ces médicaments seront mis au point, les professionnels de la médecine pourront répondre aux vœux du Professeur Lejeune, découvreur de la trisomie : « Quand la nature condamne, le rôle de la médecine n’est pas d’exécuter la sentence, mais de commuer la peine. » Pour cela, il faut multiplier les programmes de recherche.
En la matière, la Fondation Jérôme Lejeune est pionnière : elle subventionne chaque année une centaine de programmes de recherche dans le monde, pour près de deux millions d’euros. Alors, dans un siècle, dira-t-on que l’homme du XXI° siècle était capable de construire des tours d’un kilomètre de haut en plein désert ou de perdre cinq milliards de dollars sur un simple clic, mais manquait de courage et de moyens pour soumettre à sa volonté quelques gènes mortifères ?
Matthieu Grimpret
Pour tout renseignement : www.fondationlejeune.org
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