Parce que nous ne sommes pas que des gènes...
Le 5 août, et pour la première fois dans l’Histoire, une Américaine s’est vu remettre par une société sud-coréenne cinq clones de son chien mort contre la coquette somme de 50 000 USD. Mais était-ce une arnaque ?
La taille du génome fait-il la différence ?
Jean Weissenback, futur médaillé d’or du CNRS (en décembre) et membre de l’académie des Sciences, a été pionnier dans la découverte du nombre de gènes chez l’être humain. De 30 000 gènes, on s’achemine peu à peu vers les 20 000 et peut-être moins. Puisqu’un peu d’humilité ne fait pas de mal, le riz en compte 100 000.
Un gène = un caractère ?
Il n’y a pas si longtemps, les futurs biologistes apprenaient qu’un gène (génotype) était à l’origine d’une protéine qui donnerait un caractère (phénotype). Puis, grâce à une meilleure connaissance de la biologie moléculaire, les choses se sont complexifiées. Par un jeu de régulations précises, un gène peut être à l’origine d’un grand nombre de protéines. Depuis quelques dizaines d’années, à cette complexité, se sont ajouté des facteurs non codés par le génome, mais ayant une influence sur l’expression de ce génome et le devenir de chaque cellule, ce sont les facteurs épigénétiques. Cet épigénome est maintenant considéré comme au moins aussi important que le génome lui-même, une équipe de biologistes français a publié au début du mois d’août l’effet d’un prion sur le code épigénétique d’une cellule.
Epigénome et développement embryonnaire
Maintenant que l’on sait que tous les caractères ne sont pas liés aux gènes, quel peut être l’effet de l’épigénome ? Il a été reporté dans de nombreuses publications scientifiques que l’épigénome peut être modifié par de nombreux facteurs extérieurs tels que le régime alimentaire suivi par la mère lors du développement, ou la prise de drogues ou d’alcool. Tous ces effets ont leurs propres conséquences (bénefiques ou non) et pourront changer légèrement les caractères physiques de l’enfant.
Alors ce clonage, arnaque ou non ?
Si l’on en revient à notre brave chien. Cette Américaine a fourni pour ce clonage du tissu congelé. Il contenait de l’ADN de ce chien adulte. Premier point négatif car l’ADN garde en mémoire l’âge qu’il a, donc les chiots ont de l’ADN adulte (ils vieilliront précocement). Second point négatif, le code épigénétique des chiots a commencé dans la mère (pas la même que le chien décédé), donc ils ne seront pas copie conforme. Enfin, dernier point très négatif, un animal tel qu’un chien se dresse et tout être vivant se façonne en fonction de ses propres expériences, c’est de l’acquis, pas de l’inné.
Elle a fait cloner son chien car il lui avait sauvé la vie... Elle aura peut-être eu cinq chiots très peureux.
Avant que d’autres propriétaires d’animaux de compagnie ne se lancent dans le clonage de remplacement, ils devraient considérer un peu mieux ce qu’est un être vivant.
Nous ne sommes pas que des gènes !
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