Safari à l’aventure ?
La véritable surprise du chef de la conférence mondiale des développeurs Apple, c’est bien sûr la sortie de Safari pour Windows. En version bêta (et en anglais uniquement), le navigateur maison d’Apple se retrouve donc au beau milieu de la guerre des navigateurs, bien plus violente sur Windows que sur Mac...
article publié sur macgeneration le 19 juin 2007
Qu’allaient-ils faire dans cette galère ?
À première vue, la décision de sortir Safari pour Windows est peu compréhensible. On se souvient d’ailleurs avoir eu le même sentiment quand Apple a annoncé son butineur maison : guerre ouverte avec Microsoft, créneau assez encombré : quel était alors l’intérêt d’Apple ?
La situation est encore plus difficile aujourd’hui sur Windows, et dire que l’accueil de Safari est assez froid est une litote. Entre failles de sécurité, stabilité assez relative, et rendu des sites (même les plus courants) laissant à désirer, cette mouture mérite plus que jamais le statut de bêta.
Le très respecté Ars Technica n’y va pas par quatre chemins dans sa première revue du logiciel : "si les gens d’Apple pensent donner le goût du Mac aux utilisateurs de Windows en leur proposant Safari, il va falloir autre chose que Safari 3 Beta". Ambiance....
Une réussite objective
Néanmoins, depuis sa sortie il y a quatre ans, Safari représente une réussite objective pour Apple. À l’époque, il fallait un navigateur web à la mesure de Mac OS X, léger, rapide, efficace, et tirant profit des technologies du système d’exploitation.
La firme de Cupertino jette alors son dévolu sur KHTML. Aujourd’hui, Safari et son projet open source Webkit est le troisième navigateur web, tourne sur Nokia, et reçoit (à nouveau) les louanges de la communauté open source.
Pourquoi alors prendre le risque de ternir cette belle histoire ?
Le nouvel OS
Apple prend le pari de réussir avec Safari ce qu’elle a réussi avec iTunes. Le juke-box d’Apple a initié la révolution de la musique numérique en passant sur Windows. La firme de Steve Jobs, qui a pris du retard sur le terrain des révolutions du web, veut frapper un grand coup en accompagnant ces nouveaux usages. Porter Safari sur Windows, c’est une manière pour Apple de reconnaître que le navigateur internet est devenu le nouveau système d’exploitation. Il donne accès à l’ensemble des possibilités du web, et devient donc un élément central de stratégie des acteurs du monde logiciel.
L’effort de portage sur Windows réalisé par Apple peut porter ses fruits sur de nombreux aspects. Alors que tous les grands noms jouent une guerre de positions sur le web, qui avec son moteur de recherche et des applications liées, qui avec un lecteur universel (Adobe Apollo), qui avec du "web riche" Microsoft Silverlight, Apple essaie de prendre (modestement) position sur le secteur avec un navigateur qui intègre des fonctionnalités avancées (recherche intégrée, dimensionnement des champs texte, support des GoogleApps). Et quand on sait que la base d’utilisateurs d’iTunes est de 500 millions, on imagine vite la force de frappe qu’Apple peut obtenir si Safari rencontre un tel succès...
À court terme, s’il se confirme qu’Apple touche des revenus pour les recherches Google réalisées à partir de Safari, l’intérêt est non négligeable. Cela peut aussi faciliter l’adoption des solutions Apple dans l’entreprise.
La bonne nouvelle pour iPhone
Par ailleurs, et c’est sans doute ce qui a poussé Apple à prendre cette décision, cela est une avancée décisive pour l’adoption d’iPhone. Avec la décision d’ouvrir quelque peu la plate-forme iPhone aux développeurs, Safari pour Windows devrait permettre aux développeurs "web 2.0" de mettre à disposition leurs applications sans forcément les développer sur Mac (en les testant et validant grâce à Safari Windows). L’existence de telles applications pour iPhone sera sans conteste un élément clé de l’adoption du produit par les consommateurs.
Avec Safari 3, d’aucuns promettent déjà les Google Apps pour iPhone, ce qui résoudrait avantageusement la question de la disponibilité de la suite Office.
Safari pour Windows est ainsi le SDK pour iPhone attendu par beaucoup. Plutôt que de permettre aux développeurs Cocoa de créer des applications pour OS X, Apple préfère s’adresser directement aux développeurs web (sur toutes les plates-formes) en leur fournissant Safari, la base sur laquelle leurs applications tourneront sur iPhone : le système d’exploitation factuel du téléphone made in Apple. L’ouverture ainsi entamée par Apple, si elle mécontente les développeurs Cocoa (qui y perdent une forme de monopole ) est donc pleine de promesses : les applications web 2.0 devraient trouver naturellement leur place sur iPhone.
En attendant de concrétiser toutes ces promesses, les développeurs d’Apple doivent donc se mettre au travail pour accoucher d’une version stable et fiable du navigateur...
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