Sciences : des publications contradictoires tous azimuts !
Peut-on faire confiance à la science, comme une entité à la fois indépendante et détentrice d’une vérité unique et universelle ? On constate d’abord que, depuis longtemps, ce sont des scientifiques qui nous ont affirmé que l’amiante ne présentait pas de dangers et on sait maintenant ce qu’il en est. Ils nous affirment également les bienfaits des vaccinations et pourtant on trouve dans les lignes de ce journal, de nombreux articles documentés qui, non seulement, invalident ces effets bénéfiques, mais, encore, dénoncent des effets secondaires catastrophiques. Il en est de même pour tous les grands sujets : les OGM, les lignes à haute tension, la téléphonie mobile ou les nanotechnologies. Bien sûr, la liste n’est pas exhaustive. Néanmoins, doit-on être contre les progrès de la technologie ? Peut-être pas, mais je rappellerai ce mot d’Albert Einstein « Le progrès technique est comme une hache qu’on aurait mise dans les mains d’un psychopathe ». Alors que faire ? Il me semble qu’il est important de conserver un esprit critique et c’est pour remplir cette œuvre salutaire que j’écris cet article.
On a ainsi pu constater un certain nombre d’informations contradictoires dont certaines publiées sur un même site. Par exemple, on trouve sur un site canadien tourné vers les questions de santé, deux articles à la suite l’un de l’autre qui ne peuvent que désorienter le public. le premier relate une récente étude, prochainement publiée dans The Lancet, qui conclut que les femmes qui prennent des contraceptifs oraux diminuent leur risque de développer un cancer des ovaires et que cet effet protecteur durerait des dizaines d’années après qu’elles ont arrêté de les prendre. La principale auteure de cette étude, le Dr Valerie Béral, de l’unité d’épidémiologie du Centre de recherches sur le cancer du Royaume-Uni, a qualifié de « boni » la protection contre le cancer des ovaires que procurent les contraceptifs oraux. De plus, The Lancet exige quant à lui une plus grande disponibilité des contraceptifs oraux sans prescription, puisque, selon lui, « peu de médicaments offrent une protection si puissante et à si long terme contre une malignité qui représente un si haut taux de mortalité après une si courte exposition ». On voit là une prise de position sans équivoque pour les contraceptifs oraux, qui constituent, rappelons-le, une hormonothérapie.
A la ligne suivante, on trouve, sous la plume de Pierre Lefrançois, un article titré : « Cancer du sein et hormonothérapie : des risques à court terme ». Il indique, « selon une récente étude américaine, que trois ans de traitement aux hormones de remplacement suffiraient à faire augmenter le risque de contracter un cancer du sein de type lobulaire. L’hormonothérapie pourrait d’ailleurs être responsable de la récente montée de ce type de cancer qui était relativement rare jusqu’à présent, soulignent les chercheurs ». Quoi qu’il en soit, auparavant, il avait été démontré qu’une prise d’hormones substitutives pendant au moins cinq ans permettait de voir augmenter ses risques d’être atteinte d’un cancer du sein. L’article poursuit en minimisant certaines conclusion, si bien qu’à la fin on ne sait plus clairement ce qu’il convient de faire. L’objectif n’est pas ici de s’en prendre à ces publications qui ne font que reprendre les termes d’un rapport d’enquête, mais bien de montrer que des scientifiques, qui ne savent finalement pas grand-chose sur un sujet, publient tout de même des conclusions qui seront reprises souvent telles quelles par la presse.
Par ailleurs, comme les Français font toujours mieux que tout le monde, on trouve cette information reprise par Le Monde, La Croix et Libération : « Ménopause : le traitement "à la française" serait sans risque ». Malgré cette nouvelle information, le Pr Joyeux dénonce depuis plusieurs années les traitements hormonaux substitutifs. De la même façon, on apprend que le soleil protégerait contre le cancer du poumon, même si, auparavant, on n’a cessé de nous mettre en garde contre les dangers de l’exposition au soleil. On remarque toujours les précautions oratoires des auteurs qui emploient régulièrement le conditionnel pour annoncer leurs résultats. Quel peut bien être l’intérêt d’une information annoncée au conditionnel ? Cela permet d’occuper le terrain, de dire éventuellement n’importe quoi sans risque et sans le moindre souci déontologique.
Alors que cet article était encore en cours de rédaction, j’ai constaté la présence de deux articles curieusement juxtaposés dans la lettre d’information quotidienne du Journal de l’environnement. Le premier titre disait : « Il n’y a pas de preuve que tel pesticide est un agent causal de cancer » et le deuxième : « Pesticides : 30 substances retirées avant le 1er février ». Pourquoi retire-t-on les autorisations de mise sur le marché (AMM) de plus de 1 500 préparations commerciales de produits phytosanitaires contenant ces 30 substances ? Quant au premier article, il s’agit d’un entretien avec un chercheur, dont les propos, qui se veulent objectifs, sont un modèle de confusion. Il y indique qu’il y a danger à épandre des pesticides et, dans le même temps, qu’il n’y a pas de preuves de causalité directe.
Le problème est qu’au bout de la chaîne se trouvent des malades ou des personnes inquiètes pour leur santé, à qui on fait avaler n’importe quoi, par exemple des médicaments sans ordonnance, comme le suggère The Lancet. Mais dans quel intérêt ? Le commerce ne doit pas être très éloigné des préoccupations de ceux qui manipulent ces données. De nombreux journalistes relaient ces informations, peut-être parce qu’ils les estiment sincères. On peut considérer qu’ils ne font pas leur métier en ne vérifiant pas les informations et en se soumettant à l’autorité scientifique. Au pire, c’est le rôle de l’agence de presse, encore qu’elle soit, elle aussi, tenue de vérifier la validité d’une information. En matière de science, le problème est un peu différent, car le scientifique jouit, dans notre société, d’un prestige qui lui permet d’user d’arguments d’autorité : « Je sais, et vous n’êtes pas en mesure de comprendre... ». Malheureusement, non seulement, il est très difficile de trouver un scientifique qui n’ait pas de conflits d’intérêt, mais, en plus, il existe un conformisme scientifique qui exclut certains outils intellectuels. Par exemple, dans un monde dominé par la chimie en particulier et par la technologie en général, il est difficile de construire une démarche scientifique sur une défiance à l’égard de principes finalement dogmatiques. Ces principes sont les suivants : « le progrès technique est inéluctable, rien ne doit l’entraver et, s’il génère néanmoins des problèmes, ils seront naturellement résolus par les prochains progrès ». Nous ne sommes pas loin d’une déclaration de foi. Ce qui fait dire à certains que la science est la nouvelle religion.
Face à cela, le lecteur, le citoyen, doit rester attentif. Il ne doit pas céder à la peur et rester modéré dans les mesures qu’il prendra pour sa santé. Tant qu’il ne fait pas d’excès, il a intérêt à attendre que le temps se charge de faire le tri entre la propagande, les fausses nouvelles et les informations vraiment sérieuses. Cela aurait peut-être permis d’éviter les dizaines de milliers de morts aux États-Unis, avant que le Vioxx ne soit retiré du marché. Il me paraît également utile de garder à l’esprit la notion d’intérêts mutuels. En effet, il est difficile de ne pas mettre en cause les intérêts économiques défendus par des entreprises ou des corps de métiers face aux demandes de transparence ou de liberté des usagers. S’il est clair que des entreprises profitent du résultat des études qui mettent hors de cause les OGM, la téléphonie mobile, les vaccins ou toute autre forme de technologie, on comprend moins quel pourrait être l’intérêt des consommateurs, usagers ou patients. Dans ces conditions, j’ai, par mauvais esprit ou par légitime défiance, tendance à me méfier des études lénifiantes. En outre, quand on connaît les coûts de la recherche, on se doute que seuls ceux qui disposent de moyens importants peuvent en assumer la charge et bénéficier des résultats. Cela doit nous engager aux plus extrêmes réserves quant au culte de la vérité scientifique.
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