Un regard différent sur le cancer et les maladies dégénératives
(I) Généralités. L’homme souhaite rester en bonne santé mais d’innombrables pathologies le rendent plus où moins malade. La médecine est la science qui étudie les pathologies tout en cherchant des méthodes pour guérir les maux ou à défaut, soigner les malades. Les guérisons ne sont pas causées par les traitements médicaux ; elles sont dues aux processus naturels de l’organisme. En ce cas, la médecine ne fait que dispenser des traitements qui favorisent la guérison naturelle. Lorsque la médecine soigne, le plus souvent elle ne guérit pas. Elle améliore l’état et soulages les maux.
Les maladies se classent en deux catégories, celles dont on connaît les mécanismes et les causes, celles dont les causes échappent partiellement ou complètement à une explication scientifique. Le cancer appartient à la seconde catégorie, comme Alzheimer ou même Parkinson. A l’opposé, les pathologies comme la grippe, le rhume ou l’angine ont une origine bien identifiée. Le patient est entré en relation à travers ses muqueuses avec un agent pathogène et son système de défense n’a pas pu gérer le développement des agents. Un patient en bonne condition guérit spontanément d’une grippe. En cas d’angine causée par une bactérie, il est préférable d’utiliser des antibiotiques. Si ces pathologies sont transitoires, d’autres sont durables et même irréversibles. D’ailleurs, il existe un processus général par essence irréversible, c’est le vieillissement. Les maladies cardio-vasculaires sont dues à une usure ou une altération des vaisseaux sanguins.
Les pathologies liées à l’usure sont chroniques. Par contre, les pathologies contingentes sont transitoires, même si certaines crises peuvent être aiguës. Par exemple une crise de goutte ou bien un épisode de diabète insipide. Tous deux plus ou moins liés à un dysfonctionnement rénal. Le retour à l’équilibre se produit en général après quelques jours ou quelques semaines. Les cellules récupèrent ainsi leur aptitude à fonctionner et se réguler de concert avec l’organisme. Certaines pathologies sont donc réversibles. L’état de santé est retrouvé. Dans la vieille conception héritée de Claude Bernard et Canguilhem, l’organisme malade a subi un déséquilibre puis il est revenu à son état dynamique stable et normal. Bien que critique face à la biologie mécaniste, Canguilhem s’inspire d’un paradigme fondé sur des notions classiques comme l’équilibre, le normal, l’homéostasie. Cette approximation marche pour des situations ordinaires de déséquilibre, par exemple lié à l’effort, la fatigue ou aux agents externes. Mais lorsque l’on étudie les maladies dégénératives comme Parkinson ou Alzheimer, le schéma homéostatique ne fonctionne plus. Il n’y a pas de déséquilibre mais une usure qui elle, est pour l’instant condamnée à l’irréversibilité. Et pour le cancer, la situation est différente. Cette maladie échappe aux explications mécanistes et même génétiques.
(II) La médecine doit être une science. Les modèles du vivant hérités du 19ème siècle ont été remplacés par une sorte de néo-mécanisme cadré à partir des résultats en biologie moléculaire acquis dans les années 1960 ainsi que les découvertes génétiques qui n’ont cessé de s’accroître. Des gènes, des programmes, des altérations génétiques, des molécules qui ne fonctionnent plus. La médecine réparatrice dispose d’outils technologiques moléculaires inédits mais parfois inefficaces, surtout dans les pathologies irréversibles.
La médecine comme la biologie nécessite des outils nouveaux pour avancer dans la compréhension du vivant et des pathologies. Une des options repose sur la place des communications et de l’information naturelle dans les processus d’émergence. L’organisme vivant répond au concept d’émergence communicationnelle que j’ai esquissé dans un livre à paraître. Si l’émergence repose sur un ordre dans les actions et les communications, alors toute pathologie se conçoit comme un désordre dans les communications et plus précisément, un type donné de transfert d’information. Les cellules sont concernées car elles échangent des signaux mais aussi elle reçoivent ces signaux qui sont décodés, interprétés, véhiculés aux instances régulatrices de l’informations qui existent avec plusieurs strates. Protéines transductrices ou d’échafaudage (scaffold), réseaux d’ARN cytoplasmiques ou alors nucléaires, constituant le système épigénétique. Enfin, le noyau et son ADN compacté qui contient la mémoire pour toutes les informations pouvant servir à faire fonctionner l’organisme si elles sont extraites correctement. Ou à l’inverse créer des troubles si l’information est gérée n’importe comment et que le bruit s’installe.
Ces remarques permettent de catégoriser les pathologies selon le type de structure moléculaire dont les communications sont altérées. Avec trois catégories qui s’imposent, le protéome, l’épigénome ou le génome. Ensuite il est possible d’affiner la classification. Le cancer est dû à un désordre génomique, c’est certain. Il se déclenche dans tous les types de tissus. D’autres pathologies classées comme dégénératives n’affectent qu’un type de cellule, celles du pancréas dans le diabète ou alors certains neurones dans Parkinson ou bien Alzheimer. Néanmoins, ces deux pathologies sont distinctes car dans la première, ce sont des neurones du locus niger qui disparaissent tandis que dans le cas d’Alzheimer, les neurones sont situés dans d’autres zones cérébrales (cortex, hippocampe) et ne disparaissent pas. Deux molécules sont impliquées dans le dysfonctionnement des neurones, ce qui produit une altération progressive de la mémoire en produisant deux types de lésions.
La médecine est démunie pour soigner ces pathologies. Les laboratoires cherchent des molécules miracles capables de ralentir les maladies. Les stopper semble pour l’instant hors de portée. La méthode consistant à partir à la pêche moléculaire en espérant trouver le bon remède n’est pas la meilleure stratégie. Peut-être faudrait-il essayer de comprendre les processus conduisant aux pathologies dégénératives ainsi que le cancer.
(III) Dans le cas d’Alzheimer on observe une agrégation de deux molécules, le peptide amyloïde et la protéine tau. La première intervient dans les processus synaptiques, la seconde fonctionne de concert avec les microtubules que d’aucun suspectent d’être responsable des processus mentaux (Penrose). La médecine ne connaît pas les causes de cette agrégation. Et comme le fût du canon met un certain temps pour refroidir, l’agrégation des protéines serait due à des facteurs environnementaux ou génétiques peut-on lire sur une notice. Et le cancer ? Eh bien il serait dû à des facteurs environnementaux ou génétiques ! Le milieu et le gène sont deux lampadaires éclairant la médecine.
Pourquoi ces protéines s’agrègent-elles ? Ce phénomène ressemble à une émergence progressive dont on ne connaît pas la cause si ce n’est que dans le paradigme que je développe, ce phénomène serait causé par une communication non appropriée de ces protéines. Cette hypothèse cadre parfaitement avec l’identification d’une « anormalité » dans les protéines censées causer Alzheimer ou Parkinson. L’anormalité, c’est aussi ce qui se passe avec le prion, protéine adoptant une mauvaise configuration et pouvant devenir pathogène (par exemple dans la tremblante du mouton).
Tous ces processus doivent être cadrés en termes de communications. Les molécules dysfonctionnelles dans Alzheimer ou Parkinson ne communiquent plus pour faire émerger un système mésoscopique cérébral fonctionnel. Dans le cancer, ce sont les cellules qui communiquent de manière pathologique. Alzheimer et Parkinson sont des maladies liées à une déficience du Kronos, de l’affirmation. L’expression flanche, la dépression moléculaire s’étend. Dans le cancer, c’est le Telos qui flanche, et donc, le Kronos prolifératif s’exprime et s’étend faute de processus suppressifs indispensables au fonctionnement macroscopique de l’organisme. Ces quelques considérations offrent des pistes pour ceux qui reconnaissent le principe des émergences et des communications (bientôt exposé dans un livre).
Une nouvelle médecine est possible mais pas forcément réalisable. La physique des émergences est fondée sur les réalités quantiques et l’ordre dans l’information. La compréhension des maladies dégénératives doit en passer par une analyse des désordres dans l’information. Ensuite, la thérapie peut se concevoir en restaurant la capacité des cellules à extraire les informations contenues dans les noyaux immergés (génome) ou bien les expressions émergées (épigénome). Ce n’est pas parce que le principe est explicite que c’est réalisable. Il faut juste chercher.
(IV) Ma démarche est scientifique tout en essayant de dépasser la science mécaniste en explorant une biologie de l’information qui n’a rien à voir avec les conceptions d’un Atlan. Il est souhaitable de refuser les limitations de la médecine scientifique contemporaine tout sans pour autant se tourner vers des thérapies plus ou moins improvisées, ésotériques ou new-age, qui pensent obtenir des résultats en méconnaissant les acquis de la science moderne. Ou en les transposant de manière non rigoureuse comme c’est le cas dans la médecine quantique dont les abus théoriques de son inventeur sont aussi préjudiciables à la vérité que les réactions obtuses des détracteurs pour lesquels la physique quantique ne présente aucun intérêt pour les sciences humaines ni la médecine car elle étudie les particules. Etrange argument. Ne sommes-nous pas constitués de la même matière que celle étudiée par la mécanique quantique ?
La physique quantique permet de comprendre les émergences dans les systèmes complexes. Les pathologies peuvent être interprétés comme des phénomènes émergents et par nature systémique. Une crise de goutte par exemple est une émergence transitoire, la santé revient et le mal est réversible ; alors que les pathologies dégénératives sont des émergences progressives et pour l’instant vouées à être irréversibles. Une pathologie réversible est à l’image d’une vague de tsunami recouvrant l’organisme puis se retirant pour laisser la mer comme elle était auparavant. Une pathologie dégénérative est à l’image d’une mer montante qui ne redescend jamais et finit par recouvrir l’organisme complètement jusqu’à l’issue finale. Nul n’échappe à la règle de Kronos. Mais chacun emprunte un chemin différent conduisant à la fin.
Je n’ai aucune idée du nombre de scientifiques qui se situent dans la dissidence et sont prêts à explorer des voies nouvelles. S’ils lisent ce billet ils peuvent éventuellement me contacter. Ou alors prendre connaissance de mon premier livre sur l’information. La traduction anglaise devrait sortir fin 2017. Je suis plus optimiste envers l’accueil de scientifiques d’autres pays. L’essentiel étant de faire progresser la connaissance de la vie et des maladies. Après, il n’est pas certain que les pathologies irréversibles puissent être résorbées, ou à défaut stoppées. Ainsi va la vie… laconiquement votre !
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