« Manufacturing Dissent » : Michael Moore, ange ou démon ?
No Moore liar
Réalisateurs : Rick Caine, Debbie Melnyk
Année : 2007
L’idée de faire un documentaire sur la personnalité de Michael Moore ainsi que sur ses méthodes quelque peu tordues (et le mot est faible..) est en soi questionnable. Mais passons. Pour une raison que l’on n’arrive pas facilement à décrypter, les réalisateurs veulent à tout prix démystifier le réalisateur américain de Bowling for Colombine et de Fahrenheit 911. Mais le risque lorsqu’on veut critiquer la subjectivité est d’user soi-même de subjectivité. Et c’est le véritable reproche qu’on peut faire à ce film.
C’est l’histoire de deux réalisateurs canadiens qui voudraient en savoir plus sur l’une des stars américaines les plus anti-Bush de Hollywood. À la fois fascinés et intrigués par le personnage, ils décident d’aller à sa rencontre afin de lui poser quelques questions sauf qu’ils arrivent toujours au mauvais moment... Ils sont donc obligés de le suivre partout à travers ses différentes obligations.
On a quelquefois l’impression d’être dans un remake de Rogers & me avec à la place du patron de GM (Rogers Smith) Michael Moore et les réalisateurs canadiens à la place du réalisateur américain. Pendant 1 h 32, on nous abreuve de scènes incompréhensibles. Sans s’en rendre compte, on utilise une sauce à la Michael Moore. Les images éprouvantes de la guerre d’Irak juxtaposées avec celles opulentes d’une cérémonie des oscars et celle d’une manifestation anti-guerre au début du film intriguent et dérangent.
Mais valait-il vraiment la peine de déployer tant d’énergie et de ressources afin de démontrer que Michael n’est pas un saint ? Probablement que non. C’est oublier qu’un documentaire ou un reportage c’est d’abord et avant tout un film. Et aussi réaliste qu’il se veut, tout film est avant tout une fiction. Il y a donc forcément une part de vérité fabriquée. Et c’est donc ensuite aux cinéphiles qu’incombe une part de responsabilité puisque les critiques qui en découlent ne sont pas forcément toujours bien réfléchies.
Mais, et c’est peut-être une des clés de l’histoire, la grande question est celle de savoir si la finalité est plus importante que les moyens qu’on prend. Et à cette interrogation précise, Michael Moore et les réalisateurs Rick Caine et Debbie Melnyk ont exactement le même point de vue. En veut pour preuve, l’une des scènes où, n’arrivant pas à passer au travers de la garde rapprochée du réalisateur, l’équipe de tournage finit par user d’astuces questionnables. Au final, tout comme Moore, ils ont pu arriver à leurs fins.
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