Mais pourquoi diable la réforme de la vie politique devrait-elle commencer par un recensement ? Bien que Tunisien vivant au Qatar, l’auteur semble enfermé dans la logique « à la française » qui veut que les plus nombreux aient raisons, à moins qu’il ne voue une haine intrinsèque au système politique libanais (celà fait deux articles consécutifs où il nous fait part de son espoir de le voir changer). Ce n’a pourtant rien d’universel, regardez rien que les US où celui qui a raison est celui qui a le plus d’Etats pondérés par un coefficient démographique, pas celui qui a le plus d’électeurs en tout.
Il n’y a absolument rien à recenser au Liban, car il n’y a pas de majorité chrétienne ni de majorité musulmane ; ce n’est pas une question de compter qui est le plus nombreux, c’est une égalité politique indépendante des évolutions démographiques et qui est le sens de la nation libanaise.
La naturalisation de 320000 syriens en 1994 n’avait pas pour but de modifier l’équilibre confessionel d’ailleurs, elle est le fait du ministre de l’intérieur d’alors (chrétien), qui comme par hasard a inscrit tous les naturalisés dans sa région, où qu’ils vivent, et met gracieusement à leur disposition des autobus les jours d’élection... bref, un simple calcul mesquin de prise de pouvoir d’un homme... qui comme il était ami des syriens a pu agir à sa guise.
De toute façon, recensement ou pas, il y a des listes électorales sur lesquelles vous pouvez bien voir combien de libanais majeurs sont de chaque communautés, les chiffres ne sont un secret pour personne (et tournent grosso modo autour de 40% chrétiens - 60 % musulmans, avec (surprise...) toujours un peu plus de sunnites que de chiites). Le fait de ne pas faire un recensement signifie juste que le partage du pouvoir au Liban ne sera jamais une question de qui est plus nombreux que l’autre mais un partenariat d’égal à égal entre chrétiens et musulmans, et je ne comprend pas clairement ce que l’auteur de cet article a contre ce système libanais pour vouloir le changer en comptant les gens.
Je me permet de conseiller à l’auteur la lecture du testament politique de l’iman Shamseddine - défunt président du Conseil Supérieur Chiite, qui lui expliquera le sens et le bien-fondé du système libanais acutel.
Si d’aventure on remettait en question la stricte égalité politique entre musulmans et chrétiens, et la stricte égalité politique entre sunnites et chiites, le Liban ne serait plus le Liban.
La « laïcité » que vous semblez tant apprécier est en réalité un système qui favorise la victoire du plus nombreux, car les gens agissent toujours en fonction de leur appartenance communautaire. Je vous met au défi de trouver un système véritablement laïque. La France où l’opinion publique rejette l’adhésion de la Turquie à l’UE pour cause de non-christianité ?
Le système libanais porte au monde le message qu’un pays véritablement ouvert est un pays ou chacun à le droit de vivre selon ses principes et où toutes les composantes participent à la direction du pays sur un mode consensuel.
D’autre part votre qualification des maronites de « groupe minoritaire » est une preuve de votre déni du sens même de l’existance de l’entité libanaise. Les maronites ne seront jamais une minorité, ni une majorité.
Ce que vous mentionnez est le problème du conflit israélo-palestinien. Ce n’est pas celui du Liban. Le Liban demande juste qu’on arrête de le forcer à se battre dans des conflits qui ne sont pas le sien.
Il existe, je pense, dans certaines parties du monde arabe un dangereux lavage de cerveau qui consiste à faire passer les palestiniens pour le bien absolu... connaissant bien le Maroc, je sais d’expérience que l’opinion publique y est très réceptive, c’est facile quand on n’a jamais eu affaire de près à cette guerre.
Je tiens à affirmer clairement que :
1. Leur problème avec Israel ne leur donne pas le droit d’entraîner par la force d’autres pays dans leur guerre, a fortiori encore moins d’assassiner les hommes politiques de ces dits pays pour faciliter les choses (le roi Abdallah Ier et le Président Beshir El Gemayel sont parmi leurs victimes)
2. La théorie du pays de substituion, développée par Yasser Arafat, est un crime monstrueux. Ce n’est pas parce que leur pays a été envahi qu’ils ont le droit d’envahir un pays innocent à la place.
3. L’OLP a des crimes de guerre sur les mains. Les familles des victimes libanaises du conflit de Damour vous le diraient mieux que moi.
La source du problème, c’est que depuis 30 ans le Liban est le terrain de jeu de toutes les guerres du Moyen-Orient ! Si sa souveraineté avait été respectée (ce que n’ont fait ni l’OLP, ni Israel, ni la Syrie), le conflit israélo-palestinien n’aurait pas eu à se jouer sur ses terres !
je tiens à te remercier pour ce message qui me fait chaud au coeur. Après toutes les insultes dont j’ai été l’objet sur ce forum, ca fait vraiment du bien. Ca fait plaisir de savoir qu’au moins, parmi tous ceux qui ont lu mon article, quelques personnes ont accepté de le prendre sans préjugés et ont pu se forger leur propre opinion de manière indépendante.