à Bernard Dugué :
Je partage votre observation sur le déficit de grandeur et de vision qui caractérise notre époque - le point de vue optimiste serait de considérer que nous vivons une période de paix sous les douces lois du commerce, " aurea mediocrita", et que les grandes aventures se déroulent désormais sur les terrains de football où naissent de nouvelles figures emblématiques .
Le point de vue pessimiste nous pousserait à donner au terme "médiocrité" son acception la plus lamentable : Calculateurs et égoïstes, futiles consommateurs du prêt à cuire comme du prêt à penser, nous n’avons plus de temps à consacrer aux visions à long terme.
C’est un peu l’histoire du personnage de Balzac, " Z.Marcas ". Ce court récit est peu connu, c’est dommage.
à M. Dugué
"Le pouvoir personnel est une chance lorsqu’il propulse aux postes de responsabilité ou de créativité les meilleurs, les justes, les visionnaires."
Votre article, très intéressant, ne se résume certainement pas à cette seule phrase, mais je reste sceptique. Comment définir "les meilleurs" et "les justes" ? Platon imaginait déjà un roi philosophe, Voltaire avait cru que Frédéric de Prusse incarnait cet idéal - il a été déçu -
Quelque chose me dit que les dictateurs, célèbres ou moins célèbres, ont la conviction d’être ce qu’il y a de mieux pour le peuple. Ils sont sûrs de détenir la vérité et la justice. Et certains ont une telle conviction qu’ils entraînent les foules vers des aventures sanglantes.
Je sais bien que l’histoire nous offre aussi des exemples plus rassurants, celui de Périclès, pour n’en citer qu’un seul, pour autant, je reste un peu pessimiste...
le lapsus calami " politique étrangère" tombe très bien !
Et, sans vouloir nier les responsabilités individuelles de M. Kerviel et de M.Breteau, on pourrait dire que nous sommes presque tous les proies plus ou moins consentantes d’une énorme usine à rêves, où l’on se raconte "l’histoire dont vous êtes le héros"...
Tout comme vous, j’ai trouvé surprenant, mais très intéressant le rapprochement entre ces deux personnes ; cependant, j’aurais tendance à penser que M. Breteau est aussi, dans une certaine mesure, la "victime" d’une dérive de l’humanitaire : l’analyse de Rony Brauman dans "Causeur" montre bien comment on peut se sentir "moralement" autorisé à des actions du type "Arche de Zoé"