Le socialisme s’est constitué en réaction à l’exploitation de l’homme par l’homme par des oligarques capitalistes. La motivation de la réaction socialiste est un sentiment d’inéquité, d’injustice et de non respect de la fraternité, de la solidarité et de l’indulgence nécessaires à une communauté pour exister harmonieusement.
La mouvance socialiste a été celle d’une opposition et même d’une révolution communiste. Le mouvement s’est organisé de manière hiérarchique typiquement masculine, avec ses luttes de pouvoir, sa logique de guerre et ses coups bas. Au bout du compte, des rivalités internes qui n’ont rien à envier à la concurrence la plus acharnée, la plus sauvage et la plus brutale du libre-marché capitaliste. Une fois au pouvoir, la même logique de contrainte machiste avait été utilisée pour tenter d’imposer les idéaux d’équité, de fraternité et d’indulgence (!), à coup de lois fondées sur la crainte de sanctions. En fait, des moyens incompatibles avec la nature des valeurs défendues par le socialisme et qui avaient fini par gravement discréditer le communisme.
L’arrivée de femmes au plus haut niveau ouvre enfin la perspective qui aurait pu faire réussir le socialisme : la voie participative, intégrative. Il faut parvenir à améliorer de manière participative le lien entre individu et communauté, à tous les niveaux de la société, afin que les individus, les acteurs économiques acquièrent une dignité communautaire, une dignité universelle à dépasser ainsi leurs intérêts égoïstes. La dignité à ce que chacun guide tous les siens par l’apport exceptionnel de son génie individuel. C’est l’originalité de l’approche de Ségolène Royal. Tant au niveau des militants, adhérants et sympathisants du PS qu’elle cherche inlassablement à intégrer à sa guidance, qu’au niveau de l’économie, où elle met en réseau acteurs économiques, pouvoir communautaire et travailleurs, pour regarder ensemble dans la même direction : comment réussir au mieux ensemble ?
Si ce que dit Sarkozy est sincère, à savoir qu’il veut favoriser le travail de retraités, cela n’implique pas forcément un relèvement de l’âge de la retraite. Si des gens sont motivés à poursuivre une activité, à côté de leur retraite et s’ils cotisent du même coup pour la retraite de tous les autres, c’est au contraire favorable au maintien de l’âge actuel de la retraite. Le problème avec les personnes âgées, c’est que les employeurs sont peu enclins à les engager en raison des cotisations sociales souvent plus élevées, de classes salariales élevées, du fait des années d’expérience et d’une santé plus fragile. Néanmoins, il y a là un formidable potentiel de savoir-faire. Il faudrait les rendre plus attractifs pour un entrepreneur et ne pas taxer les gains de personnes âgées qui ont déjà peu.
L’idée me paraît bonne pour autant que l’on continue à avoir une politique nataliste qui facilite l’éclosion de familles avec enfants. Telle était la volonté de De Gaulle, non ? Le problème du financement des retraites est beaucoup plus grave dans des pays qui n’ont rien fait pour enrayer la dénatalité, notamment en Allemagne, en Suisse et en Italie. Le risque d’un relèvement de l’âge de la retraite, faute de financement est le plus faible en France. Mais là où la politique de Sarkozy devient incohérente sous cet angle des retraites, c’est lorsqu’il s’attaque indirectement aux familles (franchises de 10% sur les frais de maladie, alors que les tout-petits sont souvent malades ; suppression de l’adaptation des allocations familales pour les ados entre 11 et 14 ans, dans un contexte de baisse du pouvoir d’achat) Cela ne peut conduire qu’à une baisse dela natalité française et à terme à des problèmes futurs de financement des retraites
Il y a de nombreux indices que cette histoire ait, à dessein, été envenimée afin de nuire à Ségolène Royal. On a voulu en faire un fromage, mais au grand dépit de la droite, ni les journalistes, ni les Français n’ont été dupes.